La France part en vrille. Elle s’étiole. Elle est se
défait sous nos yeux. C'est de plus en plus la "chienlit"!
Il est inutile de faire la liste des mécontentements qui risquent de se coaguler. Les
liens qui font l’unité organique d’un peuple se distendent. Chacun affirme son
mal être et ses revendications de manière égoïste, partisane comme si la solution n’était plus dans ce
qui procède du nous commun. On croit entendre une cacophonie de champs du
cygne. L’heure n’est plus à la symphonie…
Je l’écrivais la semaine dernière : tout a toujours été
très mal. L’art politique consiste à aider les membres d’un peuple à surmonter ensemble
les difficultés, au sein de leur communauté nationale, dans et grâce à elle. La
nation a cette vocation propre d’apporter les
solutions du bien commun par l’intermédiaire de l’État.
Tarte à la crème du discours politique, le bien commun est une
notion complexe et essentielle, dans laquelle chacun met désormais le sens qu’il
veut selon ses options personnelles. Il n’est pas que l’addition des biens particuliers,
il les dépasse. Il faut revenir à sa définition classique telle
qu’elle fut élaborée par son initiatrice, l’Eglise catholique, dans sa doctrine
sociale. Elle est rappelée dans l’encyclique Mater
et magistra (1961) : c’est « l’ensemble des conditions sociales
permettant à la personne d’atteindre mieux et plus facilement son plein
épanouissement ». Benoît XVI dans l’encyclique Caritas in veritate le définit comme le « nous-tous » : « C’est le bien du
‘nous-tous’, constitué d’individus, de familles et de groupes intermédiaires
qui forment une communauté sociale. Ce n’est pas un bien recherché pour lui-même,
mais pour les personnes qui font partie de la communauté sociale et qui, en
elle seule, peuvent arriver réellement et plus efficacement à leur bien ».
Ce principe ne peut se concevoir et être mis en œuvre qu’avec celui de
subsidiarité, également élaboré par l’Église Catholique. La subsidiarité consiste à laisser
à chacun la responsabilité de ce qui le concerne et qui relève de sa sphère
naturelle de compétence. Chantal Delsol en donne cette définition : « Une
société nourrie par l’idée de subsidiarité part d’en bas et laisse d’abord
chacun développer toute son action. On accomplit une action lorsque le niveau
d’en bas ne peut pas l’accomplir. » Le cardinal Ratzinger le définissait
ainsi pour sa part : « Donner la responsabilité de ce qui peut être
fait au plus petit niveau d’autorité compétent pour résoudre le problème. »
Les intérêts particuliers sont satisfaits et contenus avec une difficulté croissante. Le tissu social craque de tous les côtés, comme si on n’y croyait plus, comme si nous pouvions plus raisonnablement attendre du pouvoir une solution pour chacun en même temps que pour tous. Plus de "nous-tous" et le sentiment généralisé de se faire voler les attributs de nos responsabilités naturelles comme par exemple l’éducation de nos enfants.
Chacun ne pense plus qu’à tirer la couverture à soi,
comme les chiens de chasse à cour s’arrachent la viande du cerf qu’ils ont
traqué…
Un État remplit son rôle grâce à un régime politique dont
l’objet est de faire irradier la recherche du bien commun dans tout le pays.
La parole ne suffit pas. La communication non plus. Elles
sont utiles, certes. Mais à la condition de ne pas être le simulacre de l’action.
Si on parle, il faut agir.
Et agir ne se résume pas à l’adoption de lois. Tous nos
derniers gouvernants Chirac, Sarkozy, Macron n’ont eu de cesse d’affirmer en campagne
électorale qu’il y avait trop de lois, et une fois arrivés au pouvoir, ils n'ont
plus gouverné qu’à coups de lois et de décrets !
Qu’est-ce que gouverner ?
Staline et Bodin sont d’accord sur un point. Ce sont
les hommes qui constituent le capital sur lequel il faut miser et s’appuyer. Le
premier : « De tous les capitaux, le plus précieux, ce sont les
hommes ». Le second : « Il n’est de richesses que d’hommes ». Pareil recoupement mérite qu’on s’y arrête et qu’on en
tire des enseignements.
Or que fait-on aujourd’hui pour gouverner les hommes ?
Rien. Car les formations et autres exercices de RH n’ont pas d’autres objets
que d’apprendre des techniques ou de maîtriser les savoirs en termes de
connaissances législatives et réglementaires, ou encore de former les cadres à
être de bons artisans au service du Léviathan qui s’est installé à la tête de l’État.
L’État n’a plus le souci de mettre les meilleurs à leur
place, puis de les encourager et de les soutenir, afin qu’ils se dévouent à la
cause commune.
Paul-François SCHIRA dont le livre La demeure des hommes n’a pas eu le succès
qu’il mérite conclue très bien son analyse par ce qui pourrait être un excellent
programme politique :
- Assumer le commun.
- Habiter le commun.
- S’ouvrir au commun.
- Servir le commun.
Il y en a assez de ces programmes politiques en je ne
sais combien de points, ressemblant à des catalogues de La Redoute, tous plus
idéologisés les uns que les autres. Nous sortons du siècle des idéologies avec son cortège de
millions de morts. Ne l’oublions pas. Le pire siècle de l’histoire. On n’avait
jamais atteint un tel niveau de barbarie. Ça suffit ! On a eu notre dose….
Nous avons besoin de pragmatisme. Assez de systèmes. Assez de constructions
intellectuelles. Du pragmatisme et du gouvernement des hommes ! Rien de
plus !
Je rêve d’un candidat à la Présidence de la République
qui aurait un programme simple. Faire travailler les meilleurs à leurs places au
service du bien commun. Assumer le commun, l’habiter de manière active, s’y
ouvrir en permanence en tout et partout et le servir afin que les citoyens retrouvent
la confiance en l’État ! Restaurer l’Armée, la Police et la Justice. Limiter
les lois nouvelles de manière temporaire au domaine du régalien ; faire
une pause !!!! Un Président de la République se fixant pour seule
ambition de restaurer le lien entre l’État et les citoyens, d’assurer la paix
intérieure et extérieure et de faire régner la justice !
C’est la priorité !
C’est la seule possibilité d’éviter
que la chienlit ne se mue en une véritable explosion sociale !
CQFD!...
c'est très juste ce que vous dites mais ne voyez-vous pas que depuis des décenies, c'est un tout autre chemin que nous prenons, le lien social a été patiemment déconstruit et aujourd'hui, ce ciment disparu, c'est la "guerre du tous contre tous" qui est en marche ! alors, il s'agit plutôt de se demander à qui profite ce crime et qui en veut à la France au point de vouloir sa disparition ? une fois l'ennemi identifié, il nous reste à rassembler les forces encore en mesure de restaurer le lien social (elles sont minces)... l'homme providentiel sera de ceux-là !
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