Un incident récent montre combien rien n’est jamais
définitif ni irréversible. Je pense à la dénonciation des abus sexuels de l’écrivain
Gabriel Matzneff. Qui aurait cru que nous détrônerions aussi facilement ces
idoles confortablement installées dans l’idéologie amorale de mai 68 ? Au même moment où le premier ministre britannique donnait une leçon de morale à son peuple pour célébrer Noël!...
L’histoire est ainsi faite… Il y a chez les humains des
ressorts collectifs étonnants et surprenants.
Dans un tout autre ordre d’idées l’effondrement de
l’empire totalitaire de l’Est, dont nous avons célébré le trentième
anniversaire avec « des pincettes » en cette année qui s’achève, déjoua tous
les pronostics à vue humaine. Qui l’avait annoncé, aussi vite et aussi
facilement ? Qui l’a compris ? Qui en a mesuré les conséquences à l’échelle de
l’histoire ?
Si l’événement pour moi le plus marquant de l’année,
l’incendie de Notre Dame de Paris, révèle que l’on peut reconstruire une
cathédrale à la condition toutefois de se soumettre à elle et à Celui auquel
elle est dédiée – suivez mon regard… - il n’en est pas de même des modes des
hommes voire même de leurs institutions…
La dénonciation du pourrissement moral de nos héros
modernes et de leurs mœurs laisse un vide sidéral.
L’effondrement de l’empire soviétique a lui aussi créé un
vide politique que les hommes peinent à remplir. L’opposition renaissante de
deux Europe dont les valeurs sont inconciliables et les troubles qui s'en suivront le montrera à sa manière.
Que dire encore de ce qui résultera des effets du Brexit
britannique sur la construction européenne que l’on pensait vouée à l’éternité
? Ce qui explique l’entêtement de nos élites à le refuser, le contester ou le
remettre en cause.
Tout peut aller si vite après une simple étincelle… Les
certitudes humaines sont si fragiles !
Mais ensuite… Comme je l’ai analysé dans un récent billet
sur Boulevard Voltaire [1] à propos de la question posée par la trainée de
poudre qui emporte dans son feu les icônes de l’immoralité, la question est
celle de l’après…
La difficulté est non pas de reconstruire – c’est là
encore un travers de notre prétention moderne comme pour Notre Dame...– mais de
savoir s’appuyer sur ce qui dure vraiment, sur ce qui permet aux humains de
fonder leurs vies et pourquoi pas d'en faire des bâtisseurs de cathédrales...
A cet égard j’ai beaucoup aimé le message de Noël de
Boris Johnson au peuple britannique[2]. Il a eu cette intuition digne d’un
grand politique qu’après les grosses turbulences politiques connues par sa
nation et à la veille d’un nécessaire et immense effort collectif il fallait
avoir des paroles simples mais fortes. Il a su parler à son peuple de manière
morale et rassurante.
L'espace laissé par l’effondrement de nos idoles comme de
nos éphémères institutions ne se comble pas avec des constructions
idéologiques…
J’attends avec impatience les vœux de Vladimir Poutine ou
de Victor Orban…
Pour revenir à Bernard Pivot, Gabriel Maznef, et donc à
Daniel Cohn Bendit, Fréderic Mitterrand et leurs semblables, il va bien falloir
qu’une fois que toutes les idoles déchues auront été brulées nous retrouvions
les voies de la moralité la plus élémentaire, telle que Boris Johnson a su en montrer la voie aux britanniques…
Mais je doute que pour ses vœux du 31 décembre notre
Président de la République, qui prétend reconstruire Notre Dame de Paris en 5
ans…, n’adopte les mêmes mots de ressourcement national que son collègue
d’outre-manche ; il est vrai que celui-ci est un affreux populiste….
[1] https://www.bvoltaire.fr/affaire-pivot-et-apres/
[2] https://twitter.com/10DowningStreet/status/1209377285230477312
"L'espace laissé par l’effondrement de nos idoles comme de nos éphémères institutions ne se comble pas avec des constructions idéologiques…" dis-tu Bernard, mais c'est bien cependant ce qui se passe en Europe de l'ouest, où l'islamisme est aspiré par la défaillance de nos élites... Alors qu'à l'est, la renaissance de l'Eglise orthodoxe russe accompagne celle de l'empire de Vladimir...
RépondreSupprimerPour ce qui concerne Boris, cet homme a décidément des accents de Winston...
Quant à la liste des pervers, on pourrait sans doute l'allonger, ne serait-ce qu'avec Pierre Berger ai-je lu quelque part, ou encore Picasso si j'en crois certains récits... l'Homme est mauvais par nature, voilà la vérité. Il a donc besoin de références ou de guides (d'un Guide ?).
CR