dimanche 19 janvier 2020

CLIMAT DE VIOLENCE ET REFORME DES RETRAITES


Un climat de violence s’installe en France, lentement mais sûrement. Le pouvoir est visé jusque dans la personne de son chef. La police aussi. Qui est responsable ? Le gouvernement? Les syndicats? Les manifestants ?


La violence est-elle voulue? Est-elle devenue le seul mode d’expression possible pour les opposants à la politique du gouvernement ? 

Le pouvoir entretient la thèse du choix délibéré; thèse confortée par la montée en puissance des "black block". Les manifestants se défendent de toute violence délibérée, cependant le côté "desesperados" de leurs combats cache mal la tentation de la radicalisation. 

L'attitude arrogante du pouvoir n'est pas de nature à calmer le jeu, d'autant plus que sa gestion de ces épisodes laisse à penser qu'il entend tirer profit de cette radicalisation de l'opposition à son action.  
La personnalité anxiogène de notre Président contribue à l'entretien de ce cercle vicieux. A la supposer vraie ce n'est toutefois pas une explication suffisante. Il y a de mon point de vue au moins trois motifs de retenir la responsabilité du pouvoir: l ’intolérance majoritaire, la mainmise de l’État sur tous les espaces de responsabilité et de liberté et enfin l'entretien de la complexité.

L’intolérance majoritaire.

La majorité peut-elle tout imposer à la minorité sous le seul prétexte qu’elle a emporté les élections ? La minorité n’a-t-elle plus que le droit de subir comme on l'entend en boucle? Sommes-nous condamnés au célèbre « vous avez tort parce que vous êtes politiquement minoritaires » entendu en 1981? Car c'est de cela qu'il s'agit, même si le discours actuel est moins agressif ...

La politique est l’art de l’action commune. Elle n’est pas la science de la mise en œuvre de la volonté de la majorité envers et contre la minorité ! On élit celui ou ceux que l’on pense les mieux à même de gouverner, ceux en qui on a confiance pour conduire la destinée commune. Le bien commun devant être recherché puis poursuivi grâce à l’implication de tous.

Le gouvernement actuel s’est fixé comme règle de réformer à tout va et de ne pas céder à l’immobilisme qui avait caractérisé tant de ses prédécesseurs. L’ennemi de toute bonne politique serait l’immobilisme au risque de ne pas écouter le peuple, de ne pas prendre le pouls de la nation… Le Président Macron met en œuvre sa vision du bien et n’écoute pas ceux qui en ont une autre, sous prétexte qu’il a été élu pour cela, même s’il ne l’a été qu’avec une majorité très relative et de circonstance… 

Il en va ainsi de sa réforme des retraites qu’il veut imposer sans aménagements autres que les concessions stratégiques destinées à faire avaler sa pilule à certains opposants trop remuants. On a l’impression que même un tremblement de terre ne l’influencerait pas. Il est dans sa bulle et n'en sort que pour provoquer ses concitoyens par des formules à l’emporte pièces !

Le dialogue qu’il instaure n’a pas pour but de nous rendre acteurs de la poursuite du bien commun, chacun à notre niveau ; il n’a pour objet que de nous expliquer partant du principe que si nous ne sommes pas d'accord c'est parce que nous ne comprenons pas ! Quel meilleur exemple que le grand débat ou la préparation de la réforme des retraites ! Il n’y a plus de dialogue social ; on y a substitué la pédagogie ! Une caricature vient d’en être fournie aux avocats avec la lettre du ministre de la Justice leur répondant qu’ils n’avaient rien compris à la réforme des retraites !...

Et au-delà des explications, s’il n’y a pas d’écoute réelle, ni de dialogue, ni d’implication effective, à force le peuple finit par se rebeller. Comment peut-il en être autrement avec une politique qui s’impose unilatéralement et de haut avec suffisance sous couvert d’une pédagogie qui tourne à la fable du corbeau et du renard ?

La mainmise de l’état sur tous les espaces de responsabilité et de liberté.

La distance et l’éloignement s’installent. Un fossé se creuse toujours plus entre l’État et les français. L’État nous devient étranger. Nous ne nous y reconnaissons plus tant il est vrai qu’il nous déresponsabilise et nous prive de nos vraies libertés. 

Prenons l’exemple des retraites. Il y a un problème que personne ne conteste. Plutôt que de renvoyer les métiers à le gérer en leur sein l’État veut tout prendre en charge. D’où le régime universel… Sauf que les expériences passées montrent que l’État ne gère jamais bien. Il gère même toujours mal ! 

Pourquoi ne pas avoir au contraire imposé une "cure de liberté" dans la gestion des retraites ? Pourquoi ne pas laisser par exemple ceux qui le veulent mettre en place des régimes spéciaux s’ils ne demandent pas à la collectivité de les subventionner ? Ce qui nécessiterait de cesser de les subventionner… L’État ne gardant la main que pour veiller au respect de l’équité entre métiers afin d’imposer des péréquations entre les plus riches et ceux qui le sont moins en fonction des revenus médians de chacun d’entre eux et au nom de la solidarité ?

(La réforme des retraites est une occasion ratée de redonner aux français le goût d'une authentique liberté face au système collectiviste et socialiste. Emmanuel Macron soi-disant influencé sur sa droite a fait le choix délétère du socialisme contre la liberté!...)

Il faut rapprocher la politique des citoyens. Pour cela il n’y a que le moyen de leur redonner du pouvoir, et donc de la liberté et des responsabilités… A défaut on reste dans une spirale qui nourrit le mécontentement, l’incompréhension, la colère et donc de la violence…

Comment peut-il en être autrement alors que les réformes éloignent toujours plus les citoyens du pouvoir en leur enlevant systématiquement leurs prérogatives naturelles ?
L’entretien de la complexité 

Il se fait à coups de textes toujours plus confus et difficiles à appliquer ; très souvent incompréhensibles. 

L’actualité nous éclaire à nouveau. Au moment où les avocats subissent l’agression de la suppression de leur régime autonome de retraites, ils sont aux prises avec la dernière réforme de la Justice. Une « usine à gaz » comme seuls nos technocrates savent en inventer, uniquement destinée à imposer aux justiciables et aux avocats de se soumettre à un futur traitement de leurs causes par une intelligence artificielle programmée en dehors d'eux et en fonction des seuls impératifs de la chancellerie et de ses prestataires, sans parler des autres atteintes à leurs droits fondamentaux comme celui d'être jugé deux fois.

On nous avait déjà récemment fait le coup des lois de simplification dont chacune a apporté plus de complexité... Et il en est ainsi dans tous les domaines. 

Comment voulez-vous que les citoyens ne se sentent pas rejetés et écartés par un pouvoir qui n’a de cesse de les étouffer au moyen d'un édredon législatif et réglementaire dont l'hypocrisie n'a d'égal que la complexité ?

Concluons.

Certes la France est difficile à gouverner… Mais nous atteignons un point de non-retour. Notre pays est devenu un baril de poudre. 

On vient de le voir avec la réforme des retraites. Le pouvoir met en place un texte incompréhensible. Au mépris de réalités des métiers il accroit l'interventionnisme d’État plutôt que de revenir à des principes de solidarité et de responsabilité simples et naturels. Ce faisant, abandonnant le pragmatisme qui aurait présidé à la responsabilisation de chacun dans de vrais espaces de liberté, il impose une loi uniformisante qui fracture encore plus le tissu social et pousse à la colère et à la violence… Enfin, au lieu d'organiser un dialogue social constructif il s'engage dans un monologue prétentieux et explicatif qui ne trompe personne et notamment pas les membres actifs d'un peuple qui n'accepte pas d'être dépossédé de ses libertés et d'être traité avec mépris et condescendance.

Après cela faut-il s'étonner qu'on en arrive à la violence considérée comme le seul recours possible?

C’est à se demander s’ils ne le font pas exprès…



5 commentaires:

  1. Vous remarquerez que cette situation délétère, voire explosive, n'entraîne pas de réaction de M. Macron ; et si tout simplement, comme il l'a souvent fait comprendre, parce que l'intérêt de la France et des Français, n'était pas une préoccupation pour lui ? Et si, tout simplement, parce qu'il s'en fout ? Et s'il n'était là que pour faire le sale boulot qu'on lui a assigné ?

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  2. Pour une fois je suis entièrement d'accord avec vous, Maître, il ne manque rien, il n'y a pas un mot de trop.
    Et j'ai particulièrement apprécié le final : "" à se demander s'ils ne font pas exprès""
    Bien sûr qu'ils font exprès, la violence d'un bord pousse les votes vers l'autre bord... Mais mef... Il y a une limite...

    Bernard

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  3. Bonne analyse, évidemment que tout est volontairement fait exprès. Nous devons être inquiet car le pire est à venir...

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  4. Question à Jeanne Almar...
    C'est qui ""on"" (on lui a assigné)

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    1. Ceux qui l'ont soutenu. Vous voulez les noms ? Vous ne vous en souvenez plus ?

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