Victor Hugo superstar!
Nonobstant certaines intentions louables, raisonnables, modestes et constructives du nouveau ministre de la justice[1], la justice française demeure sous l’emprise d’une idéologie tyrannique. Et le Garde des Sceaux en avait apporté une éclatante confirmation en utilisant d’authentiques accents hugoliens lors de sa première visite dans un centre de détention[2].
Quel avocat, quel citoyen, ne souscrirait pas à sa déclaration ? Nous préférerions tous construire des écoles plutôt que des prisons… Mais Victor Hugo a confondu les genres en utilisant son talent littéraire pour nourrir un discours en faveur des assassins et des délinquants, leur donnant la première place devant leurs victimes. Ce fut l’objet du « dernier jour d’un condamné » dans lequel Eric Dupond-Moretti alors avocat a puisé une partie de son inspiration de pénaliste…. Comme le souligne Jean-Louis Harouel[3] le livre de Hugo est bon tant par le style et le souffle que par l’inspiration, cependant, au service d’une idéologie perverse il est subversif.
La tyrannie voit le jour lorsque ce discours emporte les esprits en devenant idéologique et donc totalitaire et que par exemple dans notre cas, comme le souligne toujours Jean-Louis Harouel la justice est pervertie par l’amour des criminels.
Non qu’il ne faille pas les aimer ni refuser de les défendre. Mais cette défense et cet amour ne doivent pas prendre le dessus sur la justice, s’en approprier le sens…Ce qui est devenu le cas. Dans son livre déjà cité Jean-Louis Harouel le démontre à propos de la peine de mort dans une démonstration intellectuelle saluée par Philippe Bilger bien que celui-ci refusât sa réhabilitation[4]; le discours abolitionniste a pris le pouvoir intellectuel, culturel, politique et judiciaire au mépris de tout autre et en particulier des droits des victimes.
Les criminels ont conquis toute « la sympathie de la religion séculière des droits de l’homme ».
Le criminel est devenu la première victime !
La religion des droits de l’homme à laquelle notre Garde des Sceaux ne cesse de réaffirmer son adhésion ne reconnait pas les notions de bien et de mal ; elles lui sont étrangères. Sa morale est autre ! Elle réside dans le combat contre les discriminations ; d’où la référence au racisme qui est le mal absolu parce qu’il discrimine ; d’où l’obsession de la lutte contre les violences conjugales qui bien qu’insupportables ne sont pas les seules.
Cette religion est portée par le syndicat de la magistrature depuis qu’il est né. Le « mur des cons » contenait un florilège de la haine des victimes, des vraies victimes…
Son fondement est le refus d’admettre que le mal puisse se trouver en l’homme. Elle affirme qu’il ne peut que lui être extérieur. Au-delà de Jean-Jacques Rousseau, Jean-Louis Harouel relève une filiation gnostique et millénariste dans cette « religion-idéologie ».
Notre nouveau ministre dont l’adhésion hugolienne vient d’être clairement réaffirmée est de la même famille que ceux qu’il dénonçait et critiquait par obligation professionnelle au nom de la défense de ses clients lorsqu’il portait la robe. Par-delà leurs oppositions procédurales les uns et les autres participent de la même conviction et adhèrent aux mêmes valeurs qui ne sont pas celles que revendiquent les victimes et que nécessite la restauration de la paix. Or c’est précisément l’une des raisons d’être de la justice, comme la reconnaissance du droit de la victime que justice soit rendue contre son bourreau… Ce qui fit affirmer par le R.P. Bruckberger non sans arguments théologiques et moraux que la société ne pouvait s’arroger le droit de pardonner à la place de la victime[5].
Voilà pourquoi me référant à Pascal je conclue que cette religion est tyrannique.
« La tyrannie consiste au désir de domination universel et hors de son ordre »[6].
En s’appropriant la justice la religion des droits de l’homme et sa morale sont sorties de leur ordre propre. Elles ont pris le pouvoir sur la justice qui ne peut et ne doit pas leur être soumise. La justice doit assurer la paix civile, dont la sécurité constitue l’un des éléments ; elle est d’un autre ordre. L’ordre de la justice n’est pas celui des droits de l’homme même si ces derniers ne doivent jamais être ignorés.
Les victimes n’ont pas leur place dans ce système exclusif et tyrannique. Elles ont eu le tort d’être allées sagement à l’école…
Les mouvements de victimes ne semblent malheureusement pas s’engager dans une voie susceptible de remettre en cause cette nouvelle doxa quelle que soit la violence et la détermination qui les animent… Elles sont en effet elles aussi prioritairement animées par la morale de « non-discrimination » que ce soit dans l’ordre de la race ou du genre pour citer celles dont on entend le plus parler actuellement !
Force est de constater que toutes les victimes n’ont pas droit au même soutien…Nombres d’entre elles avaient d’ailleurs une place de choix sur le « mur des cons » …
Tel est le contexte actuel dans lequel la justice doit être rendue…. Il est dommage qu’Eric Dupond-Moretti par ailleurs animé d’un état d’esprit pragmatique et constructif reste aveuglé par la passion de ses anciens combats !
[1] https://www.lejdd.fr/Societe/Justice/eric-dupond-moretti-au-jdd-ce-que-je-veux-pour-la-justice-3981719
[2] https://www.msn.com/fr-fr/news/france/dupond-moretti-jai-toujours-pens-c3-a9-quil-valait-mieux-construire-une-c3-a9cole-quune-prison/vi-BB16Fwwb
[3] https://www.amazon.fr/Libres-r%C3%A9flexions-sur-peine-mort/dp/2220096424
[4]https://www.bvoltaire.fr/un-intellectuel-pour-la-peine-de-mort/
[5] https://www.amazon.fr/Oui-peine-mort-Bruckberger/dp/2259014186
[6] Les Pensées 92-58
Bravo pour ce billet de haute tenue Bernard !
RépondreSupprimerOmnibus est...
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