Coup de grisou à la Place Vendôme ; Éric DUPOND MORETTI nommé Garde des sceaux !
Ma première réaction fut d’être abasourdi et incrédule. Erreur de casting ? Provocation ?
Après le théâtre… Étonnant et révélateur : les deux vedettes de ce remaniement auront été Éric DUPOND MORETTI et Roselyne BACHELOT qui avaient respectivement emboité le pas de Feydeau et de Ruquier ! Emmanuel MACRON est friand des méthodes de management à l’anglosaxonne qui bousculent une France classique et ancestrale qui n’est pas sa tasse de thé. En voici une preuve de plus.
Mais revenons à notre ministre de la Justice qui n’avait malgré tout pas quitté les prétoires au risque d’entretenir une image ambigüe et contestable en battant les planches.
Je vous laisse imaginer les insomnies de nombre de magistrats à la suite de cette déflagration … Et il y a de quoi lorsqu’on se remémore à quel point notre ancien confrère avait su stigmatiser aves indépendance et violence l’attitude voire les jugements des juges ….
Cependant lors de son entrée en fonction le Garde s’est voulu rassurant et consensuel ; bien sûr…. l’exercice est convenu, comment pouvait-il en être autrement , n’est-ce pas « ma chère Nicole » ? L’accolade qui l’a clôturée était digne du plus mauvais théâtre, « mon cher Éric »…. Excusez-moi mais, nonobstant l’adhésion du pourtant exigeant Philippe Bilger[1] , ce fut à mourir de rire d’hypocrisie et de langue de bois.
Tellement convenu le discours du nouveau ministre de la Justice que nous avons eu droit :
- Aux larmes de crocodile de l’ogre des assises qui n’ont pas leur place à la tête de l’Etat…. Décidément comme Delacroix je déteste ces gens qui « font leur cœur sous eux »…. L’émotion est incompatible avec l’exercice de l’autorité.
- Au « sang mêlé » comme s’il fallait à tout prix nous jouer systématiquement la musique de la France bigarrée au moment où elle se disloque dans le communautarisme !
- Au ministère de l’antiracisme et des droits de l’homme, mais est-ce vraiment la priorité que d’entretenir cette logorrhée qui déchire le tissu social français …
- Sans oublier « l’urgence » urgentissime de la PMA…
Donc rien que du Belloubet et du Macron socialo libéral avancé dans le texte, avec en plus la voix, la barbe, les mains de l’orateur, sans la robe de l’avocat ni le talent oratoire dont il fit si souvent vibrer les prétoires….
Il est ensuite immédiatement allé adouber la réduction de la population carcérale réalisée par son prédécesseur alors que la délinquance et la criminalité sont loin d’être en régression dans notre hexagone ; il le fit d’autant plus volontiers qu’il était dans sa rhétorique d’avocat pénaliste de gauche….
Dans ces conditions au-delà du « coup » médiatique réussi que constitue sa nomination que voulez-vous que change Éric DUPONT MORETTI ? entré dans un gouvernement dont la ligne politique, y compris sur le front de la justice n’a aucune raison d’être modifiée.
Mais, m’objecterez-vous, j’oublie la grande réforme de l’indépendance du parquet. Je continue de penser comme je l’ai écrit ailleurs qu’elle ne constitue ni une nécessité ni une garantie[2] ! Et c’est un comble que celui qui n’a de cesse de dénoncer le gouvernement des juges veuille leur abandonner l’appréciation de l’opportunité des poursuites !!!!
Il y a aussi et enfin l’idée d’une responsabilité des juges. Elle peut avoir des effets pervers. Les magistrats ne rendent pas la justice en leur nom ni pour leur compte mais au nom du peuple, dans un cadre régalien qui doit les transcender… Le juge ne peut pas être responsable des décisions qu’il rend ! Il ne peut rendre compte que de ses erreurs ; ce qui est théoriquement déjà possible. Une fois de plus ce n’est pas d’une énième réforme que nous avons besoin mais d’un Etat qui agit, qui pousse les meilleurs à leur place et écarte les « mauvais » ; exercice difficile quand on gouverne avec les nombres et quand les magistrats sont notés en fonction du nombre de leurs décisions….
Est-ce à dire que j’aurais préféré que notre ténor à l’immense talent continue de collectionner les acquittements au grand damne du Parquet… Car il faut encore souligner que la profession a perdu l’un de ses fleurons…
Peut-être pas…. Il nous faut espérer que ce talent, fruit du travail, de l’indépendance d’esprit, de la liberté et d’un enracinement dans une tradition vivante – ne fut-il pas l’élève de l’immense Furbury ? - feront de lui un ministre de la justice animé du souci premier, fondamental et vital de ce que la justice soit mieux rendue en France. Cela peut être le résultat d’une exigence partagée, d’un travail sur les hommes et les femmes, sur leurs consciences, sur leur motivation et leur souci de tenir leur place… S’il tient la sienne, peut-être y parviendra-t-il !
je ne voudrais pas être une nième fois sceptique, laissant une chance au nouveau venu, toutefois:
RépondreSupprimer- n'est ce pas encore un coup médiatique, dont Macron est friand,( on se souvient de Nicolas Hulot ) pour ''occuper'' le terrain,faire semblant, faire illusion, faire diversion et laisser croire que les choses vont changer / dans le bon sens / comme vous le soulignez, cela n'en prend pas le chemin ...
- n'est il pas , comme d'habitude, un instrument dont Macron va se servir, tirer le meilleur du personnage pour:
* obtenir ce qu'il vise: une réforme de la justice, mal perçue par les français , faire aboutir la PMA ET GPA, alléger encore les peines
etc ..
* plus pernicieux: ne prête-t-on pas à notre nouveau ministre une farouche aversion au Rassemblement National? Ne serait il pas mis là
pour affaiblir le RN en vue des élections présidentielles ??
Ainsi, le scepticisme se transforme en doute, en crainte , aux antipodes du bon chemin attendu, pour la réalisation des objectifs viscéraux de Macron et une nouvelle menace pour la démocratie
Cordialement BR
Et si le fait de nommer un avocat avait pour objectif d’éviter une reprise de grève?
RépondreSupprimermichel audiard disait la justice c 'est comme la sainte vierge si on ne la voit pas de temps en temps le doute s'installe (pile ou face)la politique de notre gouvernement s'inspire de cette maxime de communication travers ou ecume de forme quand il n'y a pas de fond on verra vite a quel stade de la hierarchie se situe notre nouveau garde des sceaux
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