Cette semaine a été un révélateur de nos incohérences et de nos contradictions. Nous jouons avec le feu.
L’Etat ne prévoit plus rien.
Après les gilets jaunes, après l'épisode de la COVID 19
(les masques, les tests, le défaut de renforcement des services d’urgence…), les
attentats islamiques ont été la démonstration de ce que le pouvoir n’est que dans
la réaction. Gouverner n’est-ce pas prévoir ? Nous sommes en permanence
dans l’ajustement a posteriori... Un dernier exemple. La loi contre le
séparatisme islamiste va déjà être retouchée à la suite d’un drame dont il n’est
pas sérieux de prétendre qu’un État organisé comme le notre ne pouvait pas
craindre et donc envisager la survenance… Inquiétant car nous allons d'échecs en échecs.
La République plutôt que la France.
Le Président de la République a clôturé son récent discours à la Sorbonne par le traditionnel « Vive la République ! Vive la FRANCE ! ». C'est donc que la République n'est pas la FRANCE et que la FRANCE n'est pas que la République. Aux Mureaux et à la Sorbonne Emmanuel MACRON n'a parlé que de la République et de ses valeurs dont la devenue sacro-sainte liberté d’expression. Or les « valeurs de la République » ont une portée universelle qui ne leur donne pas vocation à être la centrifugeuse de l'intégration . Ce rôle revient à la FRANCE qui est la seule réalité concrète dans laquelle l’intégration peut se concevoir. Cherchez l’erreur…
La liberté d’expression dans tous ses états.
La liberté d’expression est limitée par le nécessaire respect des personnes et l'interdiction de l'injure comme de la diffamation ou de l'incitation à la haine raciale et à la discrimination. Tel est le droit français. Question : pourquoi ce qui est valable à l'égard des personnes ne l'est pas à l'égard des religions ? Pourquoi interdire l’incitation à la haine raciale et pas celle à la haine anti-religieuse ? La liberté d’expression est relative, mais pas à géométrie variable…
Laïcité en échec.
Si on autorise quelqu'un à pratiquer sa foi peut-on lui interdire en même temps de la mettre en pratique ? Pourquoi interdire à un musulman de mettre en œuvre le Coran si nous l’autorisons à pratiquer sa religion ? Quelle est notre légitimité à condamner tout ou partie du Coran tout inacceptables que soient certains versets du Coran. Nous développons une distinction sémantique entre Islam et islamisme dont nous sommes incapables de fixer clairement les critères. En quoi consiste-t-elle ? Quels sont les versets du Coran auxquels un bon musulman doit pouvoir adhérer ? Quels sont ceux qu'il doit récuser ? Nous oublions que l’Islam se confond avec le Coran, livre incréé -dicté par Dieu au prophète- et à la nécessaire mise en pratique de son contenu par chaque musulman ; il n’y a en réalité pas de place pour une théologie musulmane, comme il n’y a aucune unité dogmatique dans l’Islam pas plus qu’il n’y a d’église musulmane. Notre distinction nous place face une contradiction qui explique notre incapacité à avancer dans cette voie depuis des décennies. Quelle est la cohérence de notre pratique de la laïcité ?
Ainsi posé le problème est insoluble surtout qu'il est encore rendu plus complexe par la pratique de la taqqiya dont peuvent être normalement suspectés tous les imams ou les représentants du culte musulman vu qu’aucun d’entre eux n’a pas clairement renoncé à la pratiquer. Difficulté insoluble sauf à mettre en place un vrai dialogue religieux.
Dialogue inter-religieux en vérité.
Il faudrait organiser le dialogue inter-religieux, le rendre possible, dans la paix et le respect mutuel, celui des personnes comme de la liberté de conscience. Ce dialogue inter-religieux ne pourrait s’organiser que dans le cadre d’une laïcité rénovée, modernisée, actualisée. Son instauration serait un bien. C’est différent que de se reconnaitre le droit de transformer l'Islam afin de le rendre acceptable par rapport à nos règles et par exemple de contrôler la formation de leurs imams ! Il serait grand temps de sortir de notre schizophrénie collective et d’une fausse bonne conscience qui en réalité ne se nourrit que d’hypocrisie !
Liberté religieuse et liberté de conscience.
La liberté religieuse devrait être au cœur de la laïcité. Mais qu'est-ce
que la liberté religieuse ? Nous devons
repenser la liberté religieuse à la lumière de notre héritage chrétien. La
conception chrétienne de la liberté religieuse se fonde sur la dignité
ontologique de la personne humaine. Dignité qui requiert que l'homme ne puisse
être contraint et que sa conscience ne puisse l'être dans sa recherche de la
vraie religion. La liberté de conscience est une revendication fondamentale sur laquelle se fonde la liberté religieuse. L'histoire l'a illustrée déjà avant le christianisme comme depuis. Antigone, Socrate, Thomas More, le Cardinal Newman venu du protestantisme au catholicisme en furent les héros ou les théoriciens. Lieu sacré de la personne, sanctuaire inviolable, elle consiste dans le jugement de l'intelligence et de la raison sur des choix concrets qu'elle approuve comme bons. Qui dit jugement, dit débat en vérité.
Le respect de la liberté de
conscience et de la liberté religieuse nous interdisent donc de transformer nous-mêmes
l'Islam pour qu'il devienne acceptable par nos valeurs républicaines. Imaginer nous-mêmes un Islam acceptable,
c'est à dire à imposer notre conception de l'Islam, celui des lumières par
exemple, n'est pas la voie de ce libre choix religieux éclairé par l'intelligence dans la conscience de chacun. Comme l'a montré Chantal Delsol pareille volonté est de nature totalitaire car elle ne respecte pas la conviction et la conscience de l'autre.
L’urgence de la sécurité et du bien commun.
Reste que, en l'état actuel des choses, nous n'en sommes
malheureusement pas là, et que comme nous venons de le voir notre conception laïcisée ne peut déboucher que sur l'affrontement si tant est qu'il ne soit pas trop tard pour instaurer le seul dialogue inter-religieux possible. De plus le chemin pris même avec les représentants du
culte musulman que nous nous choisissons ne nous y conduit pas. Loin s’en faut…
L’heure est venue de la clarification avec l’élite musulmane. Chaque jour qui passe la rendra plus difficile et plus douloureuse. La maison brûle…Il y a urgence à sortir de nos élucubrations théoriques, idéologiques et totalitaires par manque de respect de la vraie liberté religieuse et de cesser de nous voiler la face avec nos fausses distinctions.
L’État doit prendre ses responsabilités au nom du bien commun. Assurer la sécurité d’une part et s’en donner enfin les moyens quitte s’il le faut à faire le ménage dans un fouillis juridique qui donne des droits de manière aveugle et sans soucis des besoins du nous commun ou de ce qui en reste. Il faut d’autre part aller beaucoup plus loin en termes de clarification avec les imams et les responsables du culte musulman, sans concession et en cessant de pratiquer une laïcité inadaptée et « hors sol ».
Nécessité fait loi… C'est l'heure de la grande clarification et du courage...
Dialogue inter-religieux Bernard ? Mais avec qui ? Comme tu le dis justement, pas d’Eglise, pas de hiérarchie... le CCF est-il représentatif de l’Islam en France ? Non... donc le dialogue avec les musulmans est un leurre... L’islam doit faire son aggiornamento, bien sûr, mais là encore, qui pourrait le conduire ? Quelle élite musulmane ? Et quel serait le résultat en France ? : un schisme, mis en œuvre sur le territoire national, mais qui n’enlèverait rien au dogmatisme et au barbarisme de l’Islam conquérant... et triomphant !
RépondreSupprimerBien à toi.
CR
L'un des problèmes avec l'islam est que chaque croyant est ""indépendant"" et pratique donc ses propres convictions, qu'il peut librement ""enseigner"" aux autres qui peuvent librement le suivre...
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