dimanche 18 octobre 2020

DU BLASPHEME A LA DECAPITATION

Nous sommes sous le coup de l’émotion provoquée par l’assassinat du professeur de CONFLANS SAINTE HONORINE. Par delà l'indignation que nous partageons tous le moment n'est-il pas venu de s'interroger sur le droit au blasphème même si rien ne peut légitimer cette insupportable décapitation?

J’écoutais comme beaucoup le débat, au demeurant remarquable, du 16 octobre (!) sur CNEWS entre Jean-Pierre CHEVENEMENT et Eric ZEMMOUR lorsque cet attentat eut lieu. Débat sur la contradiction entre les idéaux républicains et l'échec actuel dans leur confrontation au réel.

De même que notre Garde des Sceaux affirmait le 1er septembre dernier sur Europe 1 " la FRANCE c'est pas un coupe-gorge" (!) notre ancien ministre de l'éducation nationale et de l'intérieur affirmait lors de cette émission que nous devons défendre la république contre vents et marées, ainsi que ses valeurs parmi lesquelles le droit à la libre expression. Le même qui affirmait aussi que la solution au problème de l'islam en FRANCE est dans l'enseignement au collège et au lycée des principes qui fondent la république. Tout ce dont nos dirigeants se sont immédiatement fait l'écho, de même que nombre d'enseignants, à la suite de la décapitation du professeur d'histoire-géographie de CONFLANS-SAINTE-HONORINE. Et j'entendais ce midi sur Europe1 Manuel Vals, Valérie Pécresse et Thibault de Montbrial appeler d'une seule voie à une journée de large diffusion des caricatures de Mahomet dans toutes les écoles de France, comme s'il fallait encore mettre de l'huile sur le feu!

Ce dramatique événement qui donne raison à Eric ZEMMOUR démontre concrètement qu'il y a loin de la réalité aux idéaux même les plus généreux et que la politique conduite depuis plus de 40 ans maintenant est un échec flagrant en raison du développement de l'immigration, des naturalisations qui s’en sont suivi, du regroupement familial, des naissances d’une population "française de papier" et du développement corrélatif d'un islam incontrôlé sous la férule de plus en plus active entre autres des « Frères musulmans ».

Mais au-delà de la nécessité de répondre aux attaques et aux menaces par des moyens policiers et judiciaires enfin adaptés, ne devons-nous pas interroger notre conception de la liberté d'expression était une erreur sans pour autant céder aux revendications islamistes en faveur de la reconnaissance d'un délit de blasphème qui serait stratégiquement une erreur ?

Nous pensons et nous mettons en pratique de manière institutionnelle le fait que la libre expression ouvre le droit au blasphème. Ce faisant nous légitimons une provocation à l'égard de ceux que nous prétendons par ailleurs accueillir et vouloir intégrer - je veux parler ici de la majorité dite silencieuse, ni terroriste ni adepte assumée de la charia. Sauf que nous n'acceptons de les intégrer qu’à la condition de pouvoir injurier leur prophète Mahomet de la même manière que nous avons pris la regrettable habitude d’injurier les catholiques et leur Dieu.

La référence à VOLTAIRE revient systématiquement pour justifier le droit au blasphème. Elle ne me satisfait pas. Je ne reconnais à VOLTAIRE aucune paternité intellectuelle sur la civilisation française. Je n’adhère pas à son appel à écraser l'infâme c'est-à-dire le christianisme et plus généralement toute religion ; et je ne doute pas qu’il en soit de même des pratiquants de cet islam que nous voulons muer en un idéaliste et irréaliste islam des lumières, c’est-à-dire fils du même VOLTAIRE...

Quelle que soit l'exigence de mon analyse de la question musulmane aujourd’hui en FRANCE, et il y aurait beaucoup à dire sur l'aveuglement récurrent de nos politiques qui se contenteraient d'une dénonciation des attentats de la part des imams alors qu'il s'agit d'exiger d'eux qu'ils renoncent à toute une partie du Coran..., je ne nous reconnais pas le droit de blasphémer l'islam et son prophète. 

Je pense même que nous commettons une très grave erreur dans la gestion de ce qu'il est maintenant convenu d'appeler le séparatisme islamique. Ce n'est pas par la provocation que nous parviendrons à un résultat politique positif à l'égard de la majorité des musulmans de France. Le respect mutuel que nous mettons en avant ne peut pas reposer sur une aussi évidente contradiction. Le respect même républicain passe par la renonciation à dire tout et n'importe quoi sur tout le monde et à mépriser même sur le ton de l'humour les croyances des autres. Il s'agit là fondamentalement d'une fausse conception de la liberté d'expression. Et si je ne peux pas justifier le crime dont a été victime l'enseignant de CONFLANS-SAINTE-HONORINE je ne peux pas m'empêcher de penser que celui-ci a aussi été victime de cette idéologie - car c’en est une - à laquelle il avait manifestement adhéré et qui lui avait fait croire opportun de diffuser devant des enfants de 13 ou 14 ans des images insupportables pour leurs familles de confession musulmane. Et cela m'a fait froid dans le dos de constater cet unanimisme en faveur d'une réitération en masse de la provocation!

Le blasphème n’a rien de français. Ce n’est pas un principe civilisationnel. Il s’agit d’une figure de dandysme gauchisant et athée qui procède du mépris de la conscience de chaque citoyen et de la liberté religieuse.

On ne provoque pas ceux que l’on veut assimiler.

Il reste que l'interdiction du blasphème est une revendication de tous les mouvements radicaux islamistes de façon à interdire toute critique de leur religion - ce qui ne saurait être confondu avec nos provocations que je conteste - ainsi que le rappelle de manière très argumentée Annie Laurent (https://associationclarifier.fr/pfv-n68-islam-et-blaspheme/) et (https://associationclarifier.fr/pfv-n69-islam-et-blaspheme-suite/).

Pour conclure s'il ne peut être question de "céder" formellement aux revendications islamistes nous n'en devons pas moins éviter d'adopter le registre de la provocation!

C'est au fond notre conception de la laïcité qui est en cause. Nous devons instaurer un dialogue religieux en vérité qui n'exclue pas la critique de chaque religion dont l'islam ce que ses imams n'acceptent pas, ainsi que l'illustre un intéressant article de LA CROIX (https://www.la-croix.com/Culture/Le-fanatisme-religieux-marque-labsence-Dieu-Adrien-Candiard-2020-10-03-1201117415)

A défaut c’est en vain que le Président de la République continuera d’affirmer « Ils ne passeront pas » !...

 

 

1 commentaire:

  1. Je partage les idées énoncées dans cette tribune.
    Je ne vois pas où réside l interet récurrent pour le blasphème contre Jesus Marie Joseph Mahomet etc...
    En quoi la " divinité " contrarie autant nos concitoyens ?
    qu' est ce que les laïcs reprochent aux croyants?
    Qu' ils attaquent par leurs caricatures les curés pédophiles ou les imams hystériques ou meurtriers...
    Mais l image de Dieu leur fait si peur ?
    Ne comprennent ils pas qu ils blessent ceux pour qui la Notion de Dieu est importante?
    Va ton faire sortir les nonnesde leurs couvents ou les imams des mosquées par l' armée comme en 1905?
    La liberté d expression est limitée par la loi sur l injure la diffamation etc
    Je dis qu en Republique laïque elle est aussi soumise aux principes de citoyenneté de la délicatesse et du vivre ensemble.
    Je suis partisan d une répression des plus fermes contre les monstres tueurs mais d un respect envers les humains pour sui Dieu existe

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