L’immigration demeure un enjeu crucial, mais miné, au cœur de la politique dont le pays a besoin. Dans un remarquable livre la grande migration et l’Europe[1] Raffaele Simone, auteur italien, linguiste de formation, venant de la gauche italienne, développe une analyse passionnante de nature à décoder tous les pièges, les blocages et les difficultés que nous éprouvons de manière collective à traiter ce sujet.
Je ne peux ici faire un recensement exhaustif de ce livre. Je ne peux que vous engager à sa lecture approfondie. J’en retiendrai ici que cette « grande migration » a les caractéristiques de ce que l’auteur analyse comme étant un « événement fatal » c’est à dire quelque chose qui change en profondeur la physionomie d’une civilisation. L’événement fatal fait l’histoire. On ne peut l’appréhender dans sa globalité pour des raisons tant culturelles qu’historiques, philosophiques, religieuses ou politiques. Tout nous empêche de le voir alors qu’il nous crève les yeux…. Paradoxe que notre linguiste transalpin décortique mot à mot, concept après concept, sans concessions.
Dans un article consacré à ce livre Charles Jaigu [2]écrit :
« Par téléphone depuis Rome, il nous confie son inquiétude d’une
récupération de son discours par la droite : « Ne me faites pas ce coup-là ! »
Cette récupération aura lieu, et d’ailleurs il le sait bien. Il assume le
risque en écrivant ce livre ». C’est dire combien cette analyse
exhaustive ne cède pas au politiquement correct… et d’ailleurs Raphaëlle Simone
n’hésite pas à évoquer l’existence d’un club
radical soutenant de manière inconditionnelle toutes les thèses
favorables à l’immigrationnisme que nous constatons sur nos terres… un club radical qui se nourrit d’une
idéologie européenne qui pour lui « a en somme produit un phénomène
extraordinaire dans l’histoire que nous pourrions qualifier d’inversion des
valeurs ».
Dans ce livre inclassable qui ne cède à aucun moment à l’esprit
polémique mais qui analyse au scalpel le phénomène de la grande migration comme
l’ensemble des notions qu’il véhicule, qu’il exacerbe, qu’il utilise ou qu’il
transmet, Raphaëlle Simone démontre comment l’Occident s’est désarmé en
devenant « doux » ; il y analyse les figures de cet événement fatal à
savoir celles de l’étranger, de la cohabitation comme toutes les rhétoriques
qui peuvent être mises en scène à cette occasion.
C’est ainsi par exemple qu’il s’y livre à une distinction
audacieuse, difficile mais combien importante, entre le racisme et la
xénophobie mettant en évidence que si le premier est une idéologie néfaste et
contraire à tous les principes de l’humanité, la xénophobie est par contre un
phénomène naturel, animé par la peur qu’il convient de prendre en considération
et qui ne pourra pas être raisonné : « une réaction psychique spontanée
de peur à l’égard de ce que l’on ne connaît pas, de ce qui n’est pas familier
». Ce qui fait ressortir une nouvelle fois que la politique ne peut pas être
éducative. Sa mission n’est pas de transformer l’individu en l’éduquant mais de
gérer la cité dans laquelle celui-ci vit de manière à ce que le bien commun
puisse être assuré nonobstant les défauts et les faiblesses humaines sans
jamais avoir la prétention utopique de transformer les individus (problématique
que l’on retrouve en matière pénale dans la lignée de Victor Hugo). Il faut
prendre en considération un ces notions naturelles dont les effets doivent être
limités mais qu’il ne peut être question de nier. C’est comme cela que les
idéologies mettent la réalité au pas et qu’elle échouent après avoir cédé à la
force….
On peut avoir des réserves au sujet de la critique
systématique de la politique de colonisation comme l’écrit Charles Jaigu.
Toutefois, force est de constater, qu’avec cette lucidité et cette objectivité
qui le caractérisent l’auteur n’hésite pas non plus à mettre en évidence
combien la manie occidentale de se culpabiliser par rapport à la colonisation
procède de l’idéologie de culpabilisation et de la mise en place du processus
qui rend impossible la gestion objective de la grande migration en raison des
nombreux ressentiments réciproques qui en résultent.
Voilà qui nous amène au récent discours de notre
président de la république à propos du Rwanda. Non content d’avoir prêté la
main à une manipulation des événements historiques[3]
il a cru devoir une fois encore entonner son refrain sur les crimes contre l’humanité
dont nous nous sommes rendu l’auteur sur les terres africaines. Ce n’est pas
ainsi que nous résoudrons les problèmes auxquels nous sommes confrontés. Le
livre de Raphaëlle Simone le démontre. Tout le monde n’est pas Richelieu qui
écrivait dans ses maximes « La réputation de l’État est préférable à toutes
choses ; sans elle, tous les hommes et tout l’or du monde ne nous serviraient
de rien, et nos vies et nos biens seraient exposés en proie à l’étranger » !...
Entièrement d'accord avec toi Bernard...
RépondreSupprimerIl n'est de pire aveugle que celui qui ne veut pas voir... ou lire les injonctions de l'Europe, de l'ONU, les GAFAM, des banquiers, de l'OMC et autres SORROS qui unanimement encouragent et financent ce que d'aucuns appellent "le Grand remplacement". Même certains politiques (je pense au grand planificateur ni de droite ni de gauche...) s'y mettent, encouragés par notre PR pour qui l'immigration est une chance et qui considère qu'il n'y a pas de culture française... Que peut-on opposer à cette mauvaise foi, alors que d'ici 25 ans l'Europe aura vu sa population diminuer de 50 millions d'habitants et que dans le même temps, l'Afrique aura crû de plusieurs centaines de millions d'individus !
Etre xénophobe n'est en effet pas un péché dans cette hypothèse...
Pour ce qui concerne la repentance perpétuelle, j'ajouterai quelques lignes concernent le Rwanda et le magnifique "exercice d'équilibrisme" auquel vient de se livrer le PR selon le colonel (er) Hogard, qui a participé à l'opération TURQUOISE.
Je cite : "Le régime de Paul KAGAME est arrivé au pouvoir en 1994. Lui est devenu officiellement président avec tous les pouvoirs un peu plus tard, en 2000. Dès 1994, il était déjà l’homme fort de ce régime. Ce régime est un régime totalitaire, dictatorial, qui a une responsabilité dans les drames qui ont suivi dans toute la région des Grands Lacs depuis 1994. L’excellent Vincent Hervouet, sur Europe 1, a cité, la semaine dernière, que cinq millions de personnes étaient mortes. Ces morts ont été exterminés par les armées de Paul Kagame et d’autres milices plus ou moins subordonnées poursuivant des Rwandais hutus, et des centaines de milliers de Congolais exterminés dans des conditions atroces. Le régime de Paul KAGAME a mis la main sur des provinces orientales de la République démocratique du Congo dont elle exploite sans vergogne les richesses. C’est ainsi que le Rwanda est exportateur de coltan, alors qu’il en n’a pas un gramme dans son sous-sol."
N'y aurait-ilpas anguille sous roche ?