LE SOIR DE SON ELECTION E. MACRON ALLA A LA LANTERNE PENDANT QUE SON PEUPLE EN EBULLITION S'INTERROGEAIT...

Emmanuel Macron a choisi de se ressourcer à la Lanterne… Le contexte singulier de sa réélection a réveillé dans ma mémoire les paroles de ce chant révolutionnaire bien connu qu’il n’aurait pas été incongru de voir clamer par certains anciens « gilets jaunes » qui pendant la campagne électorale ont osé mettre des portraits de notre Président au bout de piques :

« Ah, ça ira, ça ira, ça ira

Les aristocrates à la lanterne

Ah, ça ira, ça ira, ça ira

Les aristocrates, on les pendra… »

Rappel. La mise en scène des gravures de l’époque qui encensaient la lanterne comme symbole bénéfique de la justice populaire expéditive (les lanternes furent alors transformées en potences) va de pair avec le sinistre projet du Discours de Camille Desmoulins en juillet 1789: justifier dans un écrit le lynchage par la populace. L’expression par ma plume de ce souvenir sanguinaire dans l’esprit de cette révolution que nous encensons pour légitimer nos exclusions républicaines n’est celle ni d’un désir ni d’un souhait… ; cependant il y a parfois des gestes symboliques prémonitoires… J’ai conscience de l’outrance de mon parallèle qui choquera plus d'un lecteur. Puissé-je me tromper mais la violence des mots - et Dieu sait qu’il y en eut hier et pendant la campagne…- précède souvent la violence physique. A la lumière de toutes les analyses dont nous sommes abreuvés et du contexte historique contemporain qui peut affirmer que nous ne sommes pas à la veille d’une révolution ? L'envisager n'est pas le souhaiter... La période que nous traversons pourrait bien être a minima une étape supplémentaire dans la descente aux enfers de nos dirigeants et de nos politiciens qui stigmatisent et voient le diable de partout sauf peut-être là où il se trouve pour de bon….…

Après ces prolégomènes que penser du résultat des élections ? Quelles leçons en tirer ?

La première d’entre elles me semble être que notre pays est entraîné dans une spirale négative dont il s’avère incapable de sortir. Cette élection subie et célébrée sans enthousiasme le souligne. À titre d’exemple un ami parisien me signalait être arrivé dans notre capitale hier en fin de journée ; alors qu’il logeait non loin du Champ-de-Mars il n’a relevé aucune agitation particulière autour de lui… la même image que celle du meeting de Marseille. Pour qui se rappelle les soirées des élections présidentielles d’antan voilà qui est étonnant et révélateur. Que signifie cette résignation? Que prépare-t-elle?

La deuxième leçon est que les choses vont effectivement mal. Tout le monde s’est réveillé unanime ce matin pour le penser et le dire. Les médias soulagés de la défaite de Marine Le Pen ont trouvé là leur nouveau cheval de bataille. Or la violence des oppositions a de quoi faire frémir. Il n’y avait qu’à voir celle des propos des représentants de la France Insoumise comme d’ailleurs du Rassemblement National à peine le résultat du scrutin connu pour constater que la légitimité du Président était déjà contestée et effectivement atteinte.

La troisième leçon est une interrogation. Comment nos institutions pourront-elles faire éclore les changements qui s’imposent ? Force est de constater que les élections ne savent qu’entretenir le système qui les produit et les rend possibles. Quoi de plus normal ? Un exemple là encore. On parle de recomposition à l’occasion des élections législatives sauf que le système de financement des partis politiques va contraindre tous les prétendants à une participation à la prochaine législature à présenter des candidats quoiqu’il en coûte de manière à pouvoir bénéficier des financements publics. S’ils ne présentent pas de candidats, ils n’auront pas de financement… alors qu’il faudrait qu’ils s’entendent à gauche et à droite pour espérer pouvoir peser lors du scrutin du mois de juin ! Il faut se rendre à l’évidence: seules des circonstances exceptionnelles, de celles que l’histoire voit surgir par la conjonction d’événements aussi inattendus qu’imprévisibles, pourront jouer le rôle de déclencheur, de révélateur. Et d’ailleurs, il suffit de regarder dans le rétroviseur de l’histoire pour constater que tous les grands virages de notre vie politique et institutionnelle ne sont jamais passés par la voie d’un scrutin normal.

La quatrième leçon est que nous devons être vigilants par rapport à ces événements susceptibles de faire naître les circonstances exceptionnelles… Car les choses peuvent aller très vite et ne pas être maîtrisées. La vraie question est de savoir ce qui sera susceptible de déstabiliser le fonctionnement institutionnel qui encadre notre vie politique et plus généralement la vie de la nation. Nos points de faiblesse sont nombreux. Tous, pour autant, ne sont pas de nature à provoquer cet effondrement. Mais le système va s’effondrer tant il est fragilisé. Et quand il s’effondrera, cela fera très mal… il y aura alors besoin de ces cadres, de ces femmes et de ces hommes soucieux et conscients de la chose publique, des conditions de recherche du bien commun afin de recoller les morceaux, de recoudre comme disent certains.

La cinquième leçon est qu’à cet instant les choses ne vont pas encore suffisamment mal pour qu’elles puissent enfin aller mieux ! Reste à savoir quand elles iront tellement mal que le moment sera venu de se mobiliser et de participer humblement et modestement à la prise de conscience collective et à l’éventuelle renaissance… Ce sera l’heure des mille ou des dix mille capables de participer à la restauration… En attendant nous pouvons continuer de voter et de rester spectateurs de ce qui est véritablement devenu le théâtre des ombres….