dimanche 24 mars 2024

GOUVERNER C'EST CONTRAINDRE ET DECIDER

L'actualité témoigne de notre impuissance collective à régler des problèmes simples; le pouvoir confondant paroles et décision.


Le premier fait d'actualité est la détention par les détenus de téléphones portables leur permettant de communiquer avec leurs gangs et notre renoncement à les en déposséder.

Le second est notre incapacité à enrayer la diffusion sur les réseaux sociaux et plus généralement sur internet de contenus viraux de nature pornographique mettant en péril la santé de nos enfants.

Le troisième est l’inaction de nos gouvernants vieille d’un demi-siècle pour réaliser les économies budgétaires nécessaires à la réduction de notre dette.

Il doit être possible de trouver d'autres exemples mais je m'arrêterai là.

Il semble pourtant évident qu’un Etat doive contrôler l'entrée de téléphones dans ses prisons quelles qu’en soient les causes. Il l’est tout autant qu’il doit savoir brouiller les réseaux de telle sorte que ces téléphones ne permettent pas à leurs détenteurs de communiquer avec l'extérieur.

S'agissant de la pornographie sur internet nous savons qu’il est techniquement possible de mettre en place des pares-feux empêchant leur pénétration sur les réseaux virtuels. Référons-nous à ce qui se passe en Chine. Le réseau "TikTok", soi-disant réservé aux ados âgés d’au moins 15 ans, est utilisé chez nous par des enfants à partir de 8 ans sans que nous sachions les en empêcher face à la nonchalance de leurs parents. Or les Chinois, créateurs de ce réseau, savent limiter son temps d'utilisation et de fréquentation par les adolescents et en interdire l'accès au-delà d'une certaine heure. Illustration du totalitarisme du régime chinois objecteront certains. Il n'y a pourtant pas besoin d'être un régime totalitaire pour mettre en œuvre des solutions techniques de cette nature ! Nos régimes libéraux-libertaires craindraient manifestement d’être qualifiés de totalitaires s’ils le faisaient.

Il va enfin de soi qu’on ne peut vivre éternellement au-dessus de ses moyens et que cet effort est à la portée de tout un chacun ; pourquoi pas de l’Etat ? Tout simplement parce que la politique consiste dorénavant à dépenser pour aider, pour compenser. L’exercice du pouvoir est devenu le concours Lépine de la dépense publique. Comment refuser ses largesses à un électorat que l’on courtise ? Nul doute que les Français se lèveraient en masse face aux restrictions qu’imposerait la réduction de la dette publique que nos gouvernants laissent s’alourdir pour des motifs démagogiques.

Dans les trois cas le problème est celui de l’absence de volonté politique. Le pouvoir s’avère incapable d’imposer de nécessaires restrictions, apparemment par peur de prendre le risque d'être accusé d'attenter aux libertés individuelles jusque et y compris à l’endroit des détenus des maisons d’arrêt.

Ce défaut de volonté politique témoigne du doute qui habite nos gouvernants incapables d’imposer le respect des fondamentaux sans lesquels il n’y a plus de politique possible.

Mal français !

Renoncement du politique.

La volonté n’existe plus que dans les mots ; elle a disparu d’une action totalement inhibée. Comme si par exemple les paroles du Président pouvaient suffire à éliminer les trafiquants marseillais ! Le pouvoir ne fait plus que des lois, des règlements ou des directives. Il parle, produit de la norme mais n’agit pas, ne décide pas.

Plus grave, la pouvoir a cédé face à des acteurs privés qui ne reculent quant à eux devant rien. La drogue, les gestionnaires des réseaux, la criminalité ont installé leurs pouvoirs. Et lorsque des magistrats interrogés sous serment par une commission d’enquête le reconnaissent leur ministre de tutelle, le Garde des Sceaux, a comme seule réponse de leur reprocher d’avoir dit la vérité et d’avoir avoué leur impuissance qui est en réalité celle de l’Etat.

Cependant force est de reconnaître que le peuple français ne semble pas prêt à accepter les nécessaires restrictions à ses droits et à ses libertés, à son confort. Il refuse les réformes nécessaires dès lors qu’elles se traduisent par des contraintes ou des efforts, pour lui et pour les autres. Un résidu vivace du « il est interdit d’interdire » de mai 68.

Jusqu’où faudra-t-il descendre, jusqu’à quel collapsus pour qu’enfin les sacrifices et les restrictions soient politiquement acceptables et imposables, pour qu’un chef d’état puisse remettre au cœur de son action politique – et pas de ses discours - cette phrase de Georges Pompidou dont David Lisnard vient de nous rappeler qu’elle introduit le nœud gordien : « Gouverner c’est contraindre ».


On a les gouvernants que l’on mérite.

La France mérite-t-elle mieux que le pouvoir actuel ?

A nous de le prouver !

 

 

 

1 commentaire:

  1. Vaut-il mieux notre oligarchie libérale décadente ou une démocratie autoritaire à la russe ?
    CR

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