dimanche 15 juin 2025

L'OXYMORE DE LA POLITQUE ET NOS CONTRADICTIONS.

Il n’aura pas fallu longtemps pour que l’actualité renvoie le Président de la République à la réalité oxymorique de sa politique. Mais, comme en écho à la sortie que j’ai dénoncée dans mon dernier billet, le récent drame de Nogent-sur-Marne n’a pas suffi à lui faire faire son « mea culpa ».


Il a bien sûr à nouveau promis que l’État serait intraitable. Mais il reste « hors sol ». Interdire de vendre des couteaux aux mineurs alors qu’il leur suffit d’en chaparder dans leur cuisine ! Interdire l’accès aux réseaux sociaux serait aussi irréaliste qu’irréalisable. Ces choix sont ceux de l’impuissance. Cette politique est un oxymore car elle lie des mots et un affichage contredits par l'action réellement engagée.

Si nous voulions véritablement protéger nos enfants, il suffirait de faire interdire par l’Education Nationale aux parents de donner des smartphones à leurs enfants scolarisés. Mais une telle mesure se heurterait à une résistance farouche de la part d’une société qui considère ces appareils comme une étape incontournable de l’entrée dans le monde moderne et refuse d’admettre leur dangerosité objective pour nos mineurs.

Les deux mesures annoncées ne sont en réalité que des gesticulations politiques. Elles n’engendrent aucune action réelle, aucune réforme structurante. Et après ? Rien ! Aucun projet de société, aucune vision pour l’avenir. Seulement des mots creux qui cherchent à masquer l’absence de toute véritable action politique. Il serait grand temps d’envisager des réformes qui aillent au-delà de l’annonce médiatique.

Et pourtant.

Il est crucial de restaurer l’autorité dans l’Éducation Nationale. Pour cela il faut réhabiliter le rôle des enseignants et des éducateurs en leur offrant les moyens de remplir leur mission, et ne pas les abandonner, démunis face à des élèves toujours plus défiants et déconnectés. C’est en réinvestissant et restaurant ce lieu fondamental de la transmission que nous pourrons faire renaître un climat propice à l’apprentissage de l’autorité.

Il y a également en corollaire la question de la gestion de la frustration que nos enfants ne savent plus apprivoiser face à l’exercice de l’autorité. Ils évoluent dans un monde où la gratification immédiate est devenue la norme, où la moindre contrariété est perçue comme un obstacle insurmontable et inacceptable. L’autorité, loin de jouer son rôle de guide et de régulation, devient un fardeau à rejeter. Or l’exercice de l’autorité, bien compris et bien appliqué, est précisément ce qui permet de former le caractère, et de maîtriser la frustration. Nous assistons à une déconnexion croissante de nos jeunes face à la notion même de frustration pourtant essentielle, les rendant incapables de gérer les limites imposées. Cette incapacité à accepter les règles et la frustration est l’une des racines profondes de la violence, qu’elle soit verbale, physique ou symbolique.

La famille dont le Président constate que la faillite est l’une des causes de nos drames est en crise depuis des décennies sous les coups répétés de notre égoïsme. La famille est l’âme de la société, le cœur de l’éducation et de la transmission des valeurs. Notre refus d’entreprendre les actions nécessaires pour la restructurer souligne le caractère oxymorique de notre politique. L’action ne suit pas les mots !

Il est d’autre part impératif que la Justice soit à la hauteur des attentes, avec une sévérité véritable et dissuasive. Une justice qui ne se contente pas de sanctions symboliques mais qui réponde à la réalité des besoins de sécurité et de cohésion sociale.

Une évidence s’impose par ailleurs. Nous avons banalisé la violence et la mort. Nous alimentons une culture de la brutalité et créons un obstacle majeur à toute tentative de rétablir l’ordre et la paix sociale. Comment prétendre éradiquer la violence si, dans le même temps, nous continuons à en accepter la banalisation légale et médiatique et à en faire la valeur centrale des jeux vidéo ? Comment apprendre le respect de la vie quand celle-ci n’est plus la valeur indépassable d’une société ? Quelle cohérence ?

Il est temps qu’un choc politique s’opère, mais cela ne sera possible que si nous décidons d’ouvrir les yeux et de libérer nos intelligences à la vérité de nos besoins pour sortir de l'impasse. En réalité, nous n’en avons ni la volonté ni l’envie. Nous ne sommes pas prêts à faire les sacrifices nécessaires, notamment au sein de nos familles, où des règles strictes sur des objets nuisibles comme les smartphones devraient être imposées. Nous ne sommes pas prêts à accepter l’autorité des maîtres dans les écoles, où les enseignants sont de plus en plus livrés à eux-mêmes face à la montée de la violence. Et, surtout, nous ne sommes pas prêts à remettre en question le modèle hédoniste et libéral qui est à la racine de cette violence.

Chers amis, je me permets de le répéter : dans l’immédiat, il n’y a aucune raison d’espérer des changements notables sur le plan politique. Il ne nous reste qu’à résister, à rayonner, à être des exemples. Nous devons incarner et transmettre des valeurs solides, qui seules peuvent inverser cette tendance dévastatrice. Envers et contre tout. Malgré la chienlit !

Permettez-moi de vous soumettre à nouveau ce texte admirable de Chesterton:

"Dans l'Angleterre victorienne, une loi obligeait à couper les cheveux des petites filles pauvres, à cause des poux…Je pars des cheveux d'une petite fille. Ça, je sais que c'est bon dans l'absolu. Si d'autres choses sont contraires à cela, qu'elles disparaissent. Si les propriétaires, les lois et les sciences sont contre cela, que les propriétaires, les lois et les sciences disparaissent. Avec la chevelure rousse d'une gamine des rues, mettons le feu à toute la civilisation moderne. Puisqu'une fille doit avoir les cheveux longs, il faut qu'elle les ait propres ; puisqu'elle doit avoir les cheveux propres, il ne faut pas qu'elle ait une maison sale ; il faut que sa mère soit libre et qu'elle ait des loisirs ; puisque sa mère doit être libre, il ne faut pas qu'elle ait un propriétaire usurier ; puisqu'elle ne doit pas avoir un propriétaire usurier, il faut redistribuer la propriété ; puisqu'il faut redistribuer la propriété, nous ferons une révolution…"

Il nous enseigne la hiérarchie des valeurs et nous rappelle l’importance de ne jamais céder à la tentation de sacrifier ce qui doit primer. Accepter de renoncer à une part de soi-même pour le bien de l’autre, pour le bien que l’on doit prioriser, pour le bien commun que l’on doit défendre à tout prix. Il ne s’agit pas de sacrifices absurdes, mais d’une véritable prise de conscience : la vraie liberté ne peut exister que dans un cadre collectif où la justice, la morale et l’autorité se trouvent en harmonie.

Pour finir puisqu’il est question de cet oxymore essentiel à débusquer entre les mots et l’action, entre l’acceptation de la contrainte et la l’affirmation de l’autorité, je voudrais évoquer une critique ancienne, récurrente et tant de fois répétée à l’encontre de l’Eglise Catholique. On lui reproche d’avoir posé des interdits et d’avoir exercé notamment par ses maîtres une autorité frustrante, faisant obstacle à l’épanouissement personnel. C’est le cœur de toute la critique moderniste. C’est l’explication fournie par toute une génération qui a lâché prise, celle qui s’est justifiée en disant avoir trop subi, n’avoir plus toléré le catéchisme traditionnel marqué par sa rigueur. Cette génération qui affirme les valeurs mais vit en les adaptant à son hédonisme. Tel est le dilemme ! L’Eglise a un rôle essentiel à jouer pour éduquer. Elle a la science de l’éducation. Oui elle enseigne l’exigence et c’est justement ce dont nous avons besoin. Quand comprendrons-nous que ce à cause de quoi nous l’avons récusée est justement ce qui nous entraine dans la logique de perdition dont nous nous plaignons ?

Il nous appartient de récuser l'oxymore qui caractérise notre politique étatique; et pour cela de renoncer à nos contradictions personnelles. Apparemment difficile… Et si nous avions la politique que nous méritons?

1 commentaire:

  1. Si on est donc obligé de se substituer à l'Etat défaillant dans ses missions régaliennes, alors ,qu'il nous rende une part du racket fiscal....

    RépondreSupprimer

Commentez cet article et choisissez "Nom/URL" ou Anonyme selon que vous souhaitez signer ou non votre commentaire.
Si vous choisissez de signer votre commentaire, choisissez Nom/URL. Seul le nom est un champ obligatoire.

Retrouvez mes anciens articles sur mon ancien blog