Ce vendredi 12 décembre 2025, dans la commune de Bordes-sur-Arize, au pied des Pyrénées, 207 bovins ont été abattus sous la surveillance de la gendarmerie mobile. Les camions bennes emportaient les carcasses vers l’incinérateur. Autour de l’exploitation, l’atmosphère était lourde de colère et de désespoir.
La veille au soir, des centaines de paysans avaient
formé un barrage avec leurs tracteurs et des troncs d’arbres pour tenter
d’empêcher cette « mise à mort collective ». Les gendarmes ont délogé les
manifestants au milieu des jets de pierres et des grenades lacrymogènes. « On
s’est pris pas loin de mille grenades sur la gueule. C’est la manière dont on
nous traite : comme de la merde », dénonce Lionel Candelon, président de la
Coordination Rurale du Gers.
Ce nouveau drame rural est un cri d’alarme; car c’est une manière de vivre, d’élever, de produire, de transmettre que l’on raye de la carte du territoire sans appel, pour des raisons contestables.
Notre agriculture n’avait pas besoin de ça, elle qui traverse une crise structurelle majeure. Pour la première fois de son histoire contemporaine, l’agriculture française est devenue déficitaire, abjurant une vocation que Sully, dès le XVIIᵉ siècle, identifiait comme le socle même de la prospérité nationale « Labourage et pâturage sont les deux mamelles dont la France est alimentée. ». À cette fragilité s’ajoutent les effets à venir des accords de libre-échange, en particulier le traité du Mercosur.
Que se passe-t-il en Ariège?
La problématique est aussi simple que complexe. Un seul bovin était réellement malade. Il est mort. Mais l’État a ordonné l’abattage de tout le troupeau. « C’est stupide. On aurait pu cibler, isoler, vacciner. Mais non, on tue tout », regrette Guilhem Boudin, ancien céréalier ariégeois, encore présent le lendemain sur les lieux.
Une maladie animale et une réponse administrative
brutale
La dermatose
nodulaire contagieuse (DNC) se diffuse sur le territoire français. Après la Savoie cette affection virale des bovins a conduit l’État à imposer, en Ariège, l’abattage
intégral de plus de 200 bovins appartenant à une même exploitation, au grand
dam de leurs propriétaires et de l’ensemble de la profession agricole.
Les éleveurs
concernés ont tenté de s’y opposer. En vain. Les moyens coercitifs les plus
lourds ont été mobilisés afin d’imposer l’exécution de cette mesure.
L’affaire n’est
pas anecdotique. Elle est annonciatrice du chant du cygne de l’élevage français,
pris en étau entre des contraintes normatives toujours plus lourdes et une
absence totale de marges de manœuvre. Et elle réveille un
malaise profond qui avait déclenché des mouvements de protestation avant le
salon de l’agriculture de 2024.
Une décision juridiquement fondée, mais
scientifiquement discutée
La décision
d’abattage ne résulte pas d’une appréciation vétérinaire locale,
circonstanciée, fondée sur la réalité du terrain.
Elle vient d'en haut, procédant de l’application mécanique de règlements européens, transposés en droit
français. La dermatose nodulaire contagieuse est classée parmi les maladies
animales de catégorie A par le droit de l’Union européenne (règlement (UE)
2016/429). Le règlement délégué (UE) 2020/687 impose, en cas de foyer confirmé,
la mise à mort de tous les animaux sensibles de l’établissement infecté.
La France
n’a donc pas “choisi” la solution qu’elle impose de manière
sacrificielle à ses éleveurs.
Mais existe-t-il une certitude
scientifique et vétérinaire selon laquelle l’abattage total constituerait la solution la plus adaptée ? Sur quoi repose le règlement européen ?
Ce que dit réellement la science vétérinaire
Les références scientifiques internationales — Organisation mondiale de la santé
animale (OMSA/WOAH), Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) — sont
nuancées :
- Il n’existe pas de traitement curatif, mais plusieurs stratégies de contrôle ;
- La vaccination est l’outil central de maîtrise et d’éradication de la DNC ;
- L’abattage, total ou partiel, sans vaccination, a une efficacité limitée ;
- Des stratégies combinant vaccination ciblée, restrictions de mouvements, lutte vectorielle et surveillance renforcée peuvent produire des résultats comparables.
La science
n’impose pas l’abattage total comme une évidence absolue, comme unique solution. Elle reconnaît des options alternatives, graduées, pragmatiques;
ce que disent les agriculteurs sans être entendus.
La preuve du bien fondé de la stratégie gouvernementale imposée par l'Union Européenne n'a pas été apportée à ce jour.
Le principe de précaution comme dogme
Pourquoi ces alternatives n’ont-elles jamais été
sérieusement envisagées ?
La réponse est politique et normative.
L’Union européenne a fait le choix d’une précaution
maximale, fondée sur l’élimination radicale de toute source potentielle de
risque. Il s’agit de ne laisser aucune marge au doute, de prévenir toute
critique a posteriori, d’atteindre une sécurité juridique parfaite — fût-ce au
prix de la destruction économique et humaine.
Même cohérente cette logique est dévastatrice lorsqu’elle
s’applique uniformément, sans considération des réalités locales.
Le principe de précaution devient un principe d’élimination.
Une dimension humaine niée
Nos
exploitations ne pourront pas résister indéfiniment. Notre agriculture meurt à petit feu, sous l’effet de contraintes imaginées par
des experts et des fonctionnaires hors sol refusant de prendre en considération
le point de vue des éleveurs, leur savoir empirique, et la réalité concrète de
leurs exploitations.
La dimension
humaine disparaît. Les bovins deviennent des numéros sanitaires. Les agriculteurs sont réduits à de simples variables d’ajustement
réglementaires, sommés d’obéir à des décisions sans appel qui ruinent parfois plusieurs
générations de travail.
Au-delà de l’agriculture : une société qui refuse le
risque
Les ravages
du principe de précaution se manifestent dans tous les domaines.
Plus
personne ne peut prendre le moindre risque. Le risque est devenu insupportable, inenvisageable, moralement condamnable.
Nous sommes
collectivement engagés dans une société de paralysie normative, où l’obsession
de l’absence totale de risque conduit à des décisions excessives, déshumanisées
et destructrices.
Les
décideurs semblent être paralysés par la possible recherche de leur
responsabilité s’il advenait le moindre problème, lié ici à l’infection ;
ils préfèrent éliminer par exemple toute possibilité de contagion plutôt que d’essayer
courageusement de tout faire pour trouver des solutions et sauver les exploitations, les élevages, les
animaux ainsi que les agriculteurs éleveurs. Derrière les discours compassionnels se cache une réalité implacable.
Conclusion
L’application aveugle de règlements européens, juridiquement irréprochables
mais humainement et économiquement désastreux, est marquée du sceau de l’incompréhension.
À force de vouloir tout sécuriser, on finit
par tout
détruire.
Le risque
est devenu suspect, immoral. Il ne s’agit plus de le maîtriser, mais de
l’éradiquer. Toute incertitude est perçue comme une faute. Toute prise de
risque, comme une irresponsabilité.
Plutôt que
de penser, on applique des règlements imaginés par des fonctionnaires dogmatiques; plutôt que de s'y adapter, on piétine le réel.
Georges Bernanos nous avait mis en garde : « la peur est la pire des conseillères ». Or c’est bien la peur — peur du reproche, peur de l’erreur, peur de l’imprévu, peur de la responsabilité — qui guide des décisions administratives juridiquement irréprochables mais humainement dévastatrices.
À force de vouloir tout sécuriser, nous sacrifions des exploitations, des savoir-faire, des vocations, et bientôt ce que Sully appelait les « deux mamelles » de la France.

S’il est un domaine dans lequel le principe de précaution ferait bien d’être appliqué de façon drastique, c’est la maîtrise de flux migratoires… Mais ce danger objectif ne retient pas l’attention de nos politiciens…
RépondreSupprimerQuant aux paysans français, après ce coup bas européen porté aux éleveurs, viendra celui qui achèvera nos céréaliers et nos aviculteurs avec l’admission de l’Ukraine dans l’UE…
De Gaulle, au secours !
Conclusion de la conclusion : Claquer la porte de l'Europe, virer quelques milliers de fonctionnaires et contrôler nos frontières.
RépondreSupprimerRetrouver notre pleine et entière souveraineté en sortant de l'Europe ,sinon nos quelques agriculteurs restants seront laminés par l'Ukraine et le Mercosur !!!
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