Autour de nous, tout craque. C’est la crise, une crise …systémique.
On cherche à nous rassurer, et on nous affole !…
Les réponses ne changent pas. Pas de mise en question. Pas de remise en cause. Rien de nouveau. Rien qui soit à la mesure de ce qui est systémique c'est-à-dire de la remise en cause des fondements mêmes de notre société.
Tout est bloqué par un système idéologique fermé, par des partis, par des chapelles, par des intérêts dont nous savons qu'ils sont considérables…
Ce verrouillage est comme une chape de plomb. La question que beaucoup d'entre nous se posent est de savoir quand et comment cette chape de plomb peut sauter.
Si le système est moribond, son agonie est lente ; pour reprendre le vers de Brassens il meurt mais de mort lente.
Ce type de situation recèle de graves risques politiques et sociaux ; la violence ne peut pas être exclue. Il y a déjà eu quelques soubresauts. N'entend-on pas dire froidement par certains experts, de ci et de là, que la sortie de crise peut être dans la guerre…
Si tout est bloqué c'est parce que nous continuons de rechercher collectivement les solutions dans des références à des idées qui proviennent de ce système en crise. Les politiques mises en oeuvre sont définies à partir de ses règles de fonctionnement. L'univers des solutions, des possibles, n'est pas renouvelé ; les recettes sont toujours les mêmes.
Et nos politiques savent encore vendre leurs solutions dépassées à des peuples pourtant chaque jour un peu plus en proie au désespoir. À chaque élection, nous reconduisons les mêmes apparatchiks, énarques en tous genres, maniant les idées d'hier avec cette dextérité qui leur est propre ; sachant que l'offre politique qui nous est faite par notre système démocratique lui-même muselé ne propose pas de réelle alternative si ce n'est dans les excès et les dérives de l'extrémisme qui n'est qu'une soupape de sécurité volontairement entretenue. Regardons ce qui se passe en Grèce et en Italie ; ces Grecs et ses Italiens à qui on vole leur dernière chance de s'en sortir et qui se voient soumis aux diktats d'une « nomenklatura bureaucratiste bruxelloise » qui ne sait plus comment sauver ce qui reste de son pouvoir…
Toute la difficulté est de sortir des systèmes idéologiques fermés qui ont été enfantés comme autant de résistances comme de soutien aux forces qui ont mu ce qui n'est plus qu'en survivance.
Ces blocages qui paralysent la mise en oeuvre des solutions de survie ou de renaissance n'ont pourtant plus de raison d'être.
De toutes parts des analyses de la crise et de ses causes, des recherches de solutions voient le jour. Le bruit de fond se fait chaque jour plus fort, sans pour autant parvenir à altérer la légitimité du discours officiel et convenu.
Regardons de plus près.
Le capitalisme fruit du libéralisme d'Adam Smith est définitivement révolu. Qui oserait encore soutenir le contraire ?
Le système socialiste collectiviste qui l’a combattu à partir d'une critique souvent justifiée de ses défauts et de ses dérives, puisant nombre de ses inspirations et de ses résolutions dans le système marxiste, a perdu toute légitimité. Il s'est renié lui-même dans ses valeurs les plus essentielles à travers ses dérives totalitaires du XXe siècle avec leur cortège de millions de morts, comme aujourd'hui avec l'évolution ultralibérale et capitalistique de la Chine et de la Russie qui furent pourtant ses deux plus grands chantres.
Que dire de l'Europe de l'euro qui s'est bâtie sur les décombres de ses échecs retentissants du siècle passé qu'elle n'avait pas vu venir et que trop d'intérêts particuliers avaient inspiré ?
Une Europe qui a perdu de vue les idéaux de ses fondateurs, le souffle des déclarations officielles de l'après-guerre et de ses constitutions initiales, de l'esprit de Philadelphie ; une Europe qui a accepté tous les coups atlantistes de la finance internationale en les cautionnant.
Pour vaincre ces résistances, la gageure sera de parvenir à organiser et à dynamiser le réveil nécessaire de l'intelligence des peuples et de leurs élites naturelles.
Des intelligences qui sont en éveil ; car des hommes de bon sens sont capables de montrer la voie, authentiques sages qui veillent telles les sibylles ; malheureusement encore dans le désordre et sans synergie.
Il faut être capable d'écouter avec un réel esprit d'ouverture. Il faut savoir se débarrasser des esprits de chapelles et de toutes ces idées de confection qui ont façonné notre « nous commun ». Il faut accepter de se retrouver en accord sur des valeurs communes, avec l'adversaire d'hier. Il faut refuser les vieilles lunes du passé le plus récent et admettre que l'on puisse réfléchir et agir autrement. Les idées viennent de toutes parts.
Mille exemples nous sont donnés de la possibilité d'une telle démarche.
Prenons celui de l'endettement de nos Etats. À en croire le discours officiel dont on nous rebat les oreilles en permanence il n'y a pas d'autres solutions que de s'engager dans une politique de rigueur dont tout le monde s'accorde à reconnaître qu'elle débouchera sur une récession insupportable pour les peuples et génératrice de risques majeurs y compris celui de la guerre. Pour autant, certains économistes avisés rappellent que dans l'histoire les dettes des Etats n'ont pas toujours été remboursées, et que loin s'en faut…, qu'il existe d'autres solutions, qui ne sont pas non plus sans risques mais qui seraient beaucoup moins pénalisantes si elles étaient mises en oeuvre avec doigté, mesure et intelligence. Et l'histoire récente nous en donne l'illustration. Que s'est-il passé en Argentine il y a quelques années ? Ce pays a dit non aux diktats du FMI et a retrouvé les voies de la prospérité… Tiens donc ! Le problème est soi-disant que la construction européenne telle qu'elle a été imaginée depuis quelques dizaines d'années, avec son dernier avatar du traité de Lisbonne que l'on nous a imposé aux forceps, nous interdirait de nous engager dans cette voie. Et l'on nous explique que l'on ne peut pas sortir de l'euro parce que ce serait une catastrophe, oubliant tous les avantages que nous pourrions retirer d'une monnaie commune au lieu d'être unique. Une catastrophe qui serait incontestablement un moindre mal, beaucoup moins pénalisante que la récession que l'on nous prépare ?
Je ne veux pas instaurer ici un débat technique dont je suis au demeurant incapable.
Ce que je sais c'est que la voie qui peut permettre de nous sortir des ornières dans lesquelles nous sommes en train de nous enfoncer passe par une remise en cause des constructions artificielles que l'on a édifiées autour de nous et qui ne sont pas plus pérennes que d'autres institutions politiques économiques ou sociales que les hommes avaient tentées de bâtir à d'autres moments de notre histoire, et qui ont disparu.
Prenons un autre exemple, dans un domaine toujours proche de l'économie. M. Paul Jorion dont le blog est de plus en plus fréquenté, qui développe des analyses inclassables selon nos schémas habituels, explique par exemple qu'il faut remettre en cause la politique et la pratique des intérêts des prêts bancaires aux particuliers comme aux Etats. Ses analyses recoupent au moins pour partie celles de Saint Thomas d'Aquin il y a près de six siècles ou de GK Chesterton au siècle dernier. De tels recoupements ont de quoi nous interpeller !
Le même Paul Jorion remet en cause notre conception du droit de propriété dans son « abusus » rejoignant ainsi des pans de la doctrine chrétienne et cette idée que les biens matériels que nous possédons nous sont confiés pour les gérer et les faire fructifier de manière relative et non pas absolutiste ; mais aussi Proudhon dans son « la propriété c'est le vol », affirmation certes excessive mais si révélatrice de nos excès …
L'excellent dossier de la revue Marianne des 12 au 18 novembre sur un capitalisme à visage humain en fournit d'autres illustrations. Tout est à rebâtir. Et c'est possible.
L'heure est à la résistance, au réveil, à la synthèse et à l'action citoyenne.
Nous sommes dans une époque authentiquement pré révolutionnaire. La révolution ne peut pas être ni souhaitée ni voulue ; sauf que les apprentis sorciers peuvent la vouloir… D'expérience politique le sauve-qui-peut de pouvoirs en déroute n'est jamais bonne pour les peuples ! Elle recèle toujours son lot de violences et d'injustices ; personne ne peut garantir que les jours meilleurs seront pour demain. Rappelons-nous 1793. Il faut se méfier des lendemains qui chantent de la même façon que des opportunistes. L'histoire nous l’apprend. Voilà pourquoi nous devons nous organiser, fédérer les réflexions, refuser l'autorité d'experts qui n'ont que celle qui leur vient d'un système qu'ils veulent encore préserver et dont nous savons qu'il est moribond. Retroussons les manches et organisons-nous ! À suivre…
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