La phrase est convenue ; elle passe pour un diagnostic de docteurs négatifs et défaitistes. Elle est la ritournelle des rois du « faut qu’on y a qu’à », fatalistes, passéistes, réactionnaires en tous genres…Elle n’est pas politiquement correcte parce qu’elle remet en cause la logique du sens de l’histoire et de ce progrès universel dans lequel nos vies sont inscrites depuis les temps dits modernes.
Et pourtant sans prôner un quelconque retour en arrière, ni tomber dans l’angélisme béat de la confiance aveugle en la modernité, nous qui sommes la tête et les mains dans le cambouis du quotidien, sentons bien que tout n’est pas rose dans l’avenir que nous préparent les experts en tous genres dont la science nous est assénée à jets continus de médias interrompus. Le propos n’est pas de se lamenter. La nostalgie n’est bonne que pour le repos d’Ulysse ; elle n’est porteuse d’aucun fruit dans l’action.
Alors que les politiques qui sollicitent nos voix et les publicitaires qui s’intéressent à nos porte-monnaie prétendent vouloir notre bonheur, nous construire une société du bien-être, nous apporter le changement qui bouleversera notre vie et la fera s’épanouir en un nouveau jardin d’Eden, nous avons pris le pli, collectivement et individuellement de déléguer nos responsabilités, voire de les abandonner. Certains philosophent qualifient ce système de confiscatoire de nos prérogatives, voire de nos libertés. Un tel abandon n’est pas sans contradictions alors que c’est de nous, de nos vies, de nos familles, de nos patrimoines qu’il s’agit !
Ainsi dessaisis de ce qui nous concerne au premier chef, nous nous sentons désarmés face à l’ampleur de la tâche, incapables d’imaginer comment s‘y prendre, pour faire « quelque chose » afin de combattre les échecs dont nous et notre entourage sont les premières victimes! Et pourtant l’histoire nous apprend qu’il n’y a jamais rien d’irréversible ni dans les triomphes, ni dans les déroutes. Elle nous enseigne aussi que les renversements ont toujours été imprévisibles à vue humaine, à analyse humaine. Prés de nous, s’agissant d’un sujet qui nous touche avec acuité en ces temps de crise financière, nous constatons qu’aucune crise n’a jamais été prévue par le moindre expert faisant autorité! Nous avons perdu de vue que les institutions humaines, les systèmes économiques, financiers, politiques sont précaires et éphémères. Seul l’homme traverse les temps, les guerres, les crises à travers sa descendance ! et avec lui la terre qui subsiste et survit, tant bien que mal, malgré les atteintes qui lui sont portées. L’un et l’autre s’adaptant toujours et à tout, survivant avec ce qui constitue les lois de leur nature, de leur développement. Ce qui dure, ce qui est intangible, c’est l’homme, et avec lui son environnement naturel qu’il a la responsabilité de ne pas détruire et de préserver ; cet environnement dont il n’est pas le propriétaire mais le gestionnaire.
Ce n’est pas pour rien que, parce que la nature a ses droits, que l’une des premières réactions à la folie du progrès technique et scientifique a été écologique. L’écologie est au cœur du débat de société ; elle constitue une voie possible de renaissance. Mais elle ne doit pas être cantonnée dans la défense des bébés phoques, la lutte contre le risque nucléaire ou contre les effets de serre, tous sujets légitimes mais non suffisants à la survie de l’humanité. Car la préservation de l’homme et du cadre social de son développement et de son épanouissement est tout aussi importante et vitale. L’homme restera toujours un animal social, contre les vents et les marées du progrès. Ecologie de la terre, de la nature donc mais aussi de l’homme dans sa double dimension naturelle et d’animal social !
Oui l’homme a besoin qu’autour de lui soient respectés un certain nombre d’équilibres et de règles, pourquoi ne pas le dire de lois…, qu’il devrait connaître mieux que personne à la seule condition de se pencher sur lui-même, de se donner la peine de se bien connaître et d’ouvrir les yeux sur ce qu’exigent son devenir et son épanouissement personnel. En ces temps où fleurissent les experts c’est d’expert en humanité que nous avons besoin.
Paradoxalement cette expertise dont nous avons besoin de manière essentielle, celle de ce qui fait en l’homme l’humain, dans toutes ses dimensions, n’est plus d’actualité pour avoir été progressivement écartée laissant la place aux expertises de ce qui est secondaire, sans non plus être négligeable.
Quelle est cette expertise ? Qui peut la proposer ? Où la dénicher ?
Je voudrais essayer modestement en citoyen de base de vous suggérer des pistes pour rénover notre pratique sociale en ces temps troublés et nous aider à retrouver les voies de la rénovation sans révolution, le chemin non pas du bonheur qui appartient à chacun en son for intérieur mais de l’équilibre et du soutien que la société doit nous apporter.
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