Dans notre actualité obsédée par les élections présidentielles, une information récente a attiré mon attention : l'organisation en France du premier concours de « Miss Black »[1] ! Des mots me reviennent à l’esprit : diversité, racisme, utilisation consumériste et dévalorisante de l'image de la femme, respect de la femme. Nous refusons la stigmatisation des différences de race ou de couleur de peau, et voilà que ce concours revient sur ce qui semblait acquis sans provoquer les tempêtes qu’aurait entraîné l'organisation du concours de la plus belle femme blanche de France … Cohérence, arrière-pensées, ambiguïtés. L’élection de la plus belle femme noire de France sous l'égide de Mme de Fontenay faire ressortir nos contradictions. Décidément notre société se nourrit de paradoxes… Le consumérisme et la marchandisation de l'être humain, la conception dénaturée du rapport à l'autre, ne sont pas étrangers à de telles incongruités. Semper idem ! Comment expliquer que l'on perde à ce point tous ses repères ? Pourquoi de pareilles incohérences ?
Aussi me suis-je intéressé aux origines philosophiques. Et en même temps que j’entendais cette information dans la bouche d’Elizabeth Levy-qui d’autre qu’elle en a parlé ?- je suis tombé sur une analyse extrêmement intéressante de Xavier Martin intitulée « l'image de la femme au temps des lumières » dans le dernier numéro de « l’homme nouveau ». Elle est saisissante. Il y rappelle la conclusion de Poliakov dans ses mémoires lorsqu’il fournissait à l’avance la réponse à la question de savoir comment notre système antiraciste peut tolérer qu’on organise le concours de « Miss Black »: « on continuera donc à combattre le racisme ; et même à le combattre au nom de ces apôtres des lumières qui en sont sur les inventeurs de fait ». Xavier Martin a rassemblé un patchwork de déclarations des Voltaire, Diderot, Proudhon, Chamfort, Benjamin Constant, Helvétius, Stendhal qui a de quoi nous consterner et ébranler nos certitudes sur les vertus et la valeur de l’héritage des lumières. Ce sont en réalité les ténèbres de l'abaissement, de la vulgarité, du manque de respect, de la suffisance, du mépris, du « droit au viol » et j'en passe…C'est donc dire que les pères de notre mythique révolution, véritable « matrice » de la modernité, n'étaient pas meilleurs que les autres sur ce sujet du respect de la femme, mais pires. Ce n'est en tous les cas pas d'une telle filiation que nous pouvons tirer les bases d'un équilibre sociétal bénéfique, et de sa nécessaire harmonie. Il faut aller chercher ailleurs, comme d'habitude…
Sous couvert de recherche de l'égalité entre les sexes, recherche aussi ambiguë que celle de l'égalité entre les races (confère supra), nous poursuivons en réalité un idéal imaginaire. Celui du paradis dans lequel toutes les différences seront dépassées pour atteindre la vie éternelle. L'égalité est une chimère ; il s'agit d'une illusion, d'un mythe que nous entretenons consciemment ou inconsciemment, selon le cas, pour mieux justifier nos errements et nos conceptions réductrices de la dignité de l'être humain et donc de l'homme et la femme, comme de l'être humain de race blanche ou noire. Pour ma part, je préfère une société dans laquelle on vante les vertus de la virginité, de la maternité, des capacités et des vertus éducatrices de la femme, une société dans laquelle les deux sexes trouvent leur place avec leurs différences plutôt qu'une société dans laquelle on vend en permanence la pornographie, l'érotisme, le désir, la chair, le sexe, la femme objet, la femme esclave, sous prétexte de la libérer et de la traiter d’égal à égal.…
Je ne crois pas à l'égalité de l'homme et la femme pas plus qu’à celle des races. J'ose le dire, l'écrire et l'affirmer. Est-ce que je porte atteinte à l'image de la femme, des noirs, des asiatiques ou des arabes ? Non. Ce n'est pas parce que je traite tous les êtres humains en égaux que pour autant je les respecte et ce n'est pas parce que je ne les traite pas en égaux que je ne les respecte pas ! Je récuse la tartufferie des organisateurs du concours de « Miss Black » et de tous nos bons esprits puisant leur filiation dans les lumières ténébreuses de l’esprit révolutionnaire.
La réalité me conforte. Les différences entre les races nous fournissent de nombreux exemples, à commencer dans le domaine sportif…S’agissant de la femme et de l’homme la vie donne des signes évidents et révélateurs de cette inégalité ; pas toujours dans le sens que l’on croit…. Un exemple m'est venu à l'esprit dont j'ai été surpris de constater combien il faisait l'objet de peu de commentaires. Il s'agit de l'inégalité de l'homme et de la femme par rapport à la délinquance et au crime. Connaissez-vous beaucoup de femmes voleuses? Connaissez-vous beaucoup de femmes braqueuses de banque ? Connaissez-vous beaucoup de femmes criminelles en dehors de quelques passionnées ? Sans parler du domaine des abus sexuels en tous genres… Il y a beaucoup d'enseignements à tirer de cette évidence. Les prisons françaises ne sont quasiment peuplées que par d’hommes ; et pendant que ces derniers purgent leurs peines d'emprisonnement, leurs femmes assument, veillent et préparent l'avenir. Où est la vertu, chez l'homme ou chez la femme ? Où est le bien ? Où est le mal ? Il n'y a aucune fierté à tirer de tout cela, surtout pour les hommes.... Il y a surtout beaucoup d'humilité à en retirer par rapport au rôle de la femme. Oui, la femme est l’avenir de l’homme, mais pas parcequ'elle est son égal...
La vie est faite de diversité et de complexité. Les différences ne sont pas sources de supériorité ou d’infériorité. Elles ne constituent pas des crimes contre la vraie « bien pensance »…Quand nous l’aurons compris et que nous aurons cloué le bec à tous les petits tortionnaires de l’esprit et de l’intelligence qui nous imposent leurs diktats peut-être deviendrons-nous capables de repenser les rapports sociaux. Alors sans doute ne serons-nous plus réduits à choisir entre le moins mauvais et le moins pire des candidats à l’élection présidentielle…
[1] http://www.missblackfrance.com
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