vendredi 4 mai 2012

UN VRAIX FAUX CHOIX... OU... UN MOINDRE MAL ?

Faut-il encore parler de l'élection du prochain Président de la République ? Si ce n'était l'importance de l'enjeu, il serait grand temps de passer à autre chose. Mais voilà, il s'agit de notre destin ! Alors, accrochons-nous…

J'ai suivi le débat du 2 mai. J'ai écouté une partie des nombreux commentaires qu'il a suscités. J'ai laissé traîner mes oreilles en prenant mon déjeuner dans le petit restaurant de mon quartier. J'ai écouté mon personnel pendant la pause-café. Ce fut bien un débat pour rien. En tous les cas sur rien, ou presque rien… de ce qui différencie les candidats et pourrait justifier un choix éclairé et responsable.
Alors, blanc bonnet et bonnet blanc ? On serait tenté de le dire… Revenons sur ce que nous avons entendu.

L'économie et la finance ont été à l'honneur. Mais pas de débat sur l'euro ; l'un des deux candidats a à peine évoqué le problème posé par les prêts de la BCE. On nous a surtout bombardés de chiffres contradictoires, chacun prenant le soin de choisir ceux qui correspondait le mieux à sa démonstration… Plus d'une heure d'assommoir donc… j'ai failli craquer ; ma femme s'est endormie…
Après une éclaircie de quelques jours les frontières semblaient être à nouveau devenues gênantes ou encombrantes ; alors elles sont passées aux oubliettes…

L'école fut en question mais on ne parla que de postes et de temps de travail. Pas de débat sur les délires méthodologiques des « pédago logues », ni sur l'échec scolaire. S'agissant de la formation des maîtres nos deux duettistes ont passé sous silence les raisons pour lesquelles on supprima les IUFM ; chut, c'est un sujet qui fâche…

On parla justice mais pour débattre des problèmes de son indépendance c'est-à-dire pour ce qui concerne les dossiers sensibles liés au pouvoir ; je ne dis pas que ce soit négligeable mais pourquoi faire l'impasse sur la justice au quotidien, celle de Monsieur et Madame tout le monde ?
L'immigration fit un petit tour pour un débat à fleurets mouchetés sur le problème de l'islam et des communautarismes, mais point trop n'en fallait, c'était uniquement pour se démarquer à des fins politiciennes.

J'attendis la question du travail célébré la veille à grand renfort. Ce fut une fuite en rase campagne. Quel est le sens du travail dans notre société ? Quelle est la place du travail dans le couple pour sauver l’harmonie familiale et l'éducation des enfants ? De quoi je me mêle !
Pas un mot sur la famille, pas un ! Alors que nos familles sont presque toutes en souffrance et que c'est l'un des maux les plus profonds de la société française…

Rien sur la jeunesse et ses nombreux problèmes, si ce n'est pour se gargariser d'intentions et de grands mots.

Silence sur les débats de société, sur le mariage homosexuel, sur l'adoption par les couples homosexuels, sur la politique de la natalité, sur l'avortement, sur l'euthanasie.

Ce beau soir du mois de mai nous avions rendez-vous au désert des technocrates.

Le débat de haut vol organisé la veille par Frédéric Taddei entre Régis Debray et Henri Guaino-il faut savoir reconnaître les émissions de qualité-nous avait prévenu[1]. La réflexion en profondeur n'a plus sa place dans une société médiatique ; on ne peut plus utiliser qu'un nombre limité de mots et de concepts faute de quoi on ne serait pas compris ; c'est ce que nous a expliqué la plume du président sortant, 250 mots, pas plus… Tout est réduit au plus court, au plus simple, au plus frappant. Les frères siamois du libéralisme technocratique et de la social-démocratie ont donc accouché de leurs différences de manière étriquée, à coups de petites phrases, d'indignation surfaite, de courroux artificiels, d’égo mal placé, de fausses statures. « Moi, président de la république !… ».

Ceci nous renvoie un article passionnant paru dans la revue CAUSEUR sous la signature d'Alain de Benoist à l’occasion de la publication de son dernier livre[2] , démontrant avec une très grande clarté en quoi et comment le libéralisme de gauche comme de droite forment aujourd'hui un tout. Je cite : « la théorie du progrès étant d'origine bourgeoise, la gauche en devenant progressiste, se condamne par-là à rejoindre un jour ou l'autre le camp libéral. C'est ce qui explique que la droite déjà libérale en matière économique, le devienne aujourd'hui de plus en plus en matière de moeurs, tandis que la gauche déjà acquise au libéralisme culturel et sociétal, s'ouvre de plus en plus à la société de marché. À la sottise des gens de gauche qui croient possible de combattre le capitalisme au nom du progrès, répond ainsi la bêtise des gens de droite qui croient possible de défendre à la fois les valeurs traditionnelles et une économie de marché qui ne cesse de les détruire ». Toujours le côté pile et le côté face de la même fausse pièce…

Oui, il n'y a plus qu'une feuille de papier à cigarettes entre ceux qui ont été « présélectionnés » dans les bureaux secrets des médias et des petites minorités qui tirent les ficelles du pouvoir. Je vous renvoie à cet égard à la lecture d'un livre foisonnant d'illustrations « Circus Politicus »[3].
Pendant ce temps le peuple s'est fait son idée, avec sagesse et intelligence. Il sait qu'on continuera d'essayer de le manipuler. Mais il n'acceptera cela que tant que certaines limites ne seront pas dépassées c'est-à-dire jusqu'à ce que la coupe déborde ; ce qui serait dangereux.

Il reste des raisons d'espérer. Cette lucidité populaire. L'intelligence de nombreux de commentateurs ou analystes dont on aimerait qu'ils soient plus souvent invités à parler dans la sphère autorisée des sachants et des décideurs. Les réactions saines, parfois d'enthousiasme, à certains thèmes de campagne furtivement abordés mais aussi rapidement abandonnés. Enfin, cette certitude que notre bonne vieille France reste un pays politique qui ne s'en laissera pas compter.

Il y a de quoi faire sauter certains blocages, autant de verrous médiatiques et idéologiques, afin de permettre aux connexions de se refaire entre d'une part les attentes, les exigences et les besoins du peuple et d'autre part les priorités de ceux qui le gouvernent.

Mais en attendant, il faut faire un choix. Telle est l'exigence de l'instant. Le vote est un acte moral. Il n'est pas neutre. S'il ne s'agit que de voter pour un homme à qui l'on confiera la responsabilité du pouvoir, notre vote emporte aussi l'adhésion à un programme dont il convient de se demander s'il est acceptable sur un certain nombre de points non négociables comme le rappelle avec grande constance le pape Benoît XVI. Il faut choisir. Nous ne pouvons pas nous résoudre à jouer les Ponce Pilate. Il s'agit de voter et voter blanc revient à laisser passer l'un plutôt que l'autre. Je voterai donc pour l’un des deux de telle sorte que je ne cautionne pas la légalisation d'actes immoraux comme la légalisation de l'euthanasie, pour ne citer que celui-ci, le plus insupportable... Je refuse que l'on ébranle encore un peu plus ce qui reste de repères et de stabilité autour des citoyens pour les aider dans les difficultés de la vie et surtout de la fin de vie. Voilà. J’aurai choisi lucidement, par nécessité, le moindre mal comme je crois que ma conscience m’en fait l’obligation, sans illusions.

[1] http://ce-soir-ou-jamais.france3.fr/
[2] http://www.amazon.fr/Mémoire-vive-Alain-Benoist
[3] http://www.amazon.fr/Circus-politicus-Christophe-Deloire

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