La France découvre avec émerveillement son nouveau Président normal qui s'est donné comme ambition d’instaurer une pratique irréprochable du pouvoir. Ceci n'a pourtant rien de normal… L'homme normal c'est Monsieur tout le monde. Celui qui a une pratique irréprochable du pouvoir est un Saint, à l'image de Saint-Louis !
Je me méfie des hommes trop normaux de même que de ceux qui prétendent à la perfection ou de ceux qui mettent en avant leurs qualités personnelles. Si la morale est fondatrice, le moralisateur est inquiétant et dangereux. L'histoire nous l'apprend. La révolution de 1789 a eu Robespierre, Danton et autres Saint-Just dont l'idéal moralisateur a conduit nombre d'honnêtes gens de bien à la guillotine. Si l'on remonte plus loin, comme pour aller aux sources..., aux sectes manichéennes, on retrouve cette prétention à la perfection ; les parfaits, c'est ainsi qu'on les nommait, ne l'étaient pas…. Et l'envers du décor, triste réalité, ressemblait à la vie longtemps cachée de DSK. Tiens tiens...
Cette offre politique n'est-elle pas trop belle pour être honnête ?
N'est-il pas surprenant pour un Président normal d'avoir un programme dont le principe est de rejeter les normes? Quelle est la normalité d'un homme sans règles? D'un homme tellement normal qu'il ne veut pas entendre parler de mariage pour lui-même alors qu'il le veut pour les homosexuels ? D'un homme si normal que son programme est de remettre en cause la morale commune de Monsieur tout le monde. Si normal que l'une de ses priorités est de délivrer le permis de tuer. Paradoxe d'un Président qui s'est fait élire au nom de la morale, sur la dénonciation du mauvais comportement de son adversaire et sur l'affirmation qu'il incarnerait, lui, un pouvoir irréprochable.
Sa normalité réside dans son identification à une société sans valeurs. Cet homme cède à une tentation simpliste, niant la distinction objective entre le bien et le mal afin de les vider de toute consistance, de toute réalité. Il rejette la morale tout en la faisant…Car le relativisme est sa règle d'or. Un relativisme qui apparaît de plus en plus comme la pratique débonnaire et hypocrite de l'égalisation systématique…
Sa logique et sa cohérence sont dans un socialisme qu'il a pris le soin de réaffirmer. Le socialisme est une idéologie molle et attrape-tout qu'il est devenu extrêmement difficile de définir, véritable serpent de mer à visage humain. Il reste l'incarnation d'une gauche annonciatrice de ce monde meilleur toujours promis mais inaccessible. En 2012 nous retrouvons cette puissance symbolique et mystificatrice de la gauche, certes avec moins de force et moins d'illusions qu'en 1981 ou en 1936. Mais le rêve reste au cœur du programme, le « nouveau rêve français ». En politique le rêve est à gauche. Et les illusions aussi. La générosité, la fraternité et la justice ne font pas bon ménage avec la gestion, la performance et l'ordre.
François Hollande est mu par une idéologie, prêt à contraindre la réalité au nom de son rêve. Cette contrainte ne sera pas violente. Le totalitarisme moderne dont le socialisme est l'aboutissement, est « soft ». Il ne ressemble plus au totalitarisme des dictatures en tout genre que nous avons connu au XXe siècle. Il s'est "civilisé"... Suis-je en train de lui faire un procès d'intention? Je le voudrais bien... Et pourtant Jean-François Revel nous avait prévenu « l'idée socialiste progresse chaque jour mais pas la réalité »[1]. Claude Hagège qui défend la langue française et qui n'est pas suspect de phobie antisocialiste écrit dans son dernier livre « il ne s'agit plus d'une extermination physique mais d'un asservissement intellectuel, politique et économique »[2]. Rappelons-nous que c'était également le chemin qui avait été employé dans la Chine de Mao et dans la Suède d’Olof Palme… Disparition de la langue qui va de pair avec la perte de la mémoire résultant de la disparition de l'histoire dans l'enseignement. « L’histoire entière du Reich millénaire peut-être relue comme une guerre contre la mémoire », affirmait Primo Lévi[3]. Le dernier recueil d’essais du sinologue Simon Leys, Le Studio de l’inutilité[4], confirme ce dont on avait l’intuition depuis longtemps − et ce que lui-même démontrait déjà dans son célèbre essai, Les Habits neufs du président Mao (1971)[5] : sur ce plan, le nazisme n’est pas un cas à part, l’amnésie obligatoire est inhérente au totalitarisme, qu’il soit ancien ou moderne, violent ou soft.
Indifférenciation, relativisme, moralisation, procès en sorcellerie idéologique, destruction de la langue et perte de la mémoire. Le programme est complet. Le socialisme est en marche… Un vieux proverbe italien nous rappelle que « le loup change de poil mais pas de vice ».
Le Président "bling bling", avec tous ses défauts, avait au moins le mérite d'un discours qui revenait à certaines valeurs fondatrices et qui dénonçait cette marche inexorable vers des lendemains meilleurs n'existant que dans les bric à brac d'un modernisme de régression...
L'heure est plus que jamais à la résistance. Sentinelles à vos postes!
[1] http://www.amazon.fr/Comment-démocraties-finissent-Jean-F...
[2] http://www.amazon.fr/Contre-pensée-unique-Claude-Hagège
[3] http://www.amazon.fr/Les-Naufragés-Rescapés-Quarante-Ausc...
[4] http://www.amazon.fr/Le-Studio-linutilité-Simon-Leys
[5] http://www.amazon.fr/Les-habits-neufs-président-Mao
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