vendredi 22 juin 2012

LA SEXUALITE AU RISQUE DE L'EGALITE

La confusion règne dans les relations hommes-femmes entre le respect mutuel, la dignité des personnes et l'égalité. L'homme et la femme entretiennent depuis la nuit des temps une relation qui se nourrit de passion et de conflit. Cette relation ne sera jamais apaisée. Le problème récurrent des amoureux est de parvenir à maîtriser leurs différences dans des conditions respectueuses de la dignité de chacun, de son identité et de leurs différences.

Un livre étonnant vient de paraître, écrit par Nancy HUSTON « Reflets dans un œil d'homme »[1], dur, cru, difficile, lucide et réaliste. Il a été écrit par un écrivain qui n'est pas suspect de défendre les yeux fermés la cause de la femme au foyer ; c’est tout le contraire. Cette femme est de son siècle. Elle assume toutes les conquêtes du « deuxième sexe »[2] et les regarde avec une grande lucidité. Son livre n’a rien d’un précis de doctrine, c’est une enquête au cœur de l’amour, du sexe, de l’image de la femme et des addictions de l’homme. Rien n'est laissé de côté. Lien entre désir et hormones, entre nature et humanité. Addiction au plaisir sexuel. Différence entre l'orgasme masculin et l'orgasme féminin et les conséquences qui en résultent sur la relation homme-femme. Violence dans les rapports entre hommes et femmes. Prostitution, comportement machiste. Rupture entre la destinée féminine et la maternité due à la généralisation de la contraception et à la légalisation de l'avortement, négation du lien entre la féminité et la maternité. Impossible identification des jeunes mères dans une culture qui ne vante plus que les déesses des prouesses sexuelles. Tout est analysé de manière argumentée et réaliste.

Nancy HOUSTON s’attaque bien sûr à la « théorie du genre » devenue idéologie officielle de l'État français (« on ne naît pas homme ou femme, on le devient en fonction d'un choix personnel »)[3]. Elle fait ressortir la nécessité d'abandonner les schémas binaires, fruits de la dialectique destructrice que nous nous sommes laissé imposer depuis les années ; comme par exemple la fausse alternative entre les apôtres de l'instinct maternel et ceux ou celles qui le nient, ou entre le refoulement de toute sexualité par l'Islam et l'orgie sexuelle occidentale actuelle.

L’idéologie « unisexe »-fruit de la course à l’égalité et de la théorie du « gender »- débouche sur une aberration ; « on combat le sexisme par l'égalité au nom d'une minoration de la fécondité et une objectivation galopante de la beauté des femmes, ce qui implique et conduit à l'entretien d'un désir masculin sauvage ! » Et l'auteur de poursuivre en forme de conclusion que « la propagande en faveur de l'égalité des sexes s'est accompagnée d'un mouvement spectaculaire en sens contraire : une propagande envahissante et double visant ici les hommes et là les femmes qui dérobe à ces dernières leur pouvoir reproducteur et les somme de veiller en permanence à leur pouvoir séducteur ». Cette analyse est forte, profonde et sans concessions. Tout en revendiquant l’héritage de la libération de la femme, elle en dresse l’inventaire et en mesure tous les effets « contre-productifs ».

Admettre que la question est celle de la femme devenue l’objet de notre rapport au sexe est un progrès qu’il faut saluer. Mais au final le lecteur reste sur sa fin. La question identifiée avec justesse demeure posée, en suspens. Faut-il revenir en arrière ou poursuivre notre course folle ? Cet essai appelle une suite et on sent que son auteur n’est pas en mesure de l’imaginer ou en tous les cas de l’écrire. Il faut aller au-delà du constat et proposer des solutions. Notre enquêtrice ne donne pas les clés. Tout simplement parce qu’elles remettent en cause une partie des acquis du féminisme ; ce qui lui est impossible en raison d’un verrouillage idéologique. Simone de Beauvoir, Elizabeth Badinter et Gisèle Halimi sont passées par là…L’auteur est elle-même enfermée dans la prison idéologique dont elle dénonce les effets !

Mais le problème est de sortir du piège qui nous a fait croire que l’on pouvait combattre une erreur par une autre erreur et que l’idéologie pouvait nous libérer d’une aliénation dont nous sommes les seuls responsables. Comment protéger l’acte sexuel et la relation amoureuse de la violence et de l’aliénation? Comment transformer en sujet des êtres humains devenus objet de la relation amoureuse ? Nous sommes une nouvelle fois confrontés à la problématique de l’être et de l’avoir, de la conception de la personne et de son rapport avec le sens de la vie. Je vous renvoie à cet égard à un précédent article de ce blog[4].

Il existe une conception de la femme et de l’amour humain, une éthique…, qui permettent de sortir de la bestialité et de l’asservissement mis en exergue par Nancy HUSTON, une voie pour l’épanouissement des personnes et de leur amour. Elle procède de ce réalisme intégral qui consiste à ne rien rejeter, à partir du principe que tout est notre et à admettre que la solution passe d’abord par chaque personne. Pour cela il faut retrouver le sens d’une éducation pleine et avoir le courage de dire non à l’hédonisme en renonçant à tous ses mirages! Sortir de l’abstraction de l’égalitarisme et ranger les idéologies aux oubliettes.

La vie est mystère et élévation. L’individu doit prendre conscience de ce que l’amour et l’intelligence sont plus concrets que la réalité apparente de nos actes. Seule leur synthèse donne un sens à la vie et permet à l’homme de retrouver ses repères…La vraie révolution est intérieure ! Sans elle le respect de l’autre est impossible, en particulier dans le domaine de la sexualité.

[1] http://www.amazon.fr/Reflets-dans-dhomme-Nancy-Huston
[2] http://www.amazon.fr/Le-Deuxième-Sexe-Faits-Mythes-SimonedeBeauvoir
[3] A ce sujet voir ce lien intéressant : http://anfe.eu/index.php/99-categories/theorie-du-gender/identite-sexuelle-identite-du-genre/74-la-theorie-du-gender-origines-et-consequences
[4] A propose de l’élection de Miss Black le 28 avril 2012

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