samedi 16 juin 2012

SUFFIT-IL D'AIMER ?...

Le mariage et la famille seront au centre des débats sociétaux de la prochaine législature ; ils sont en pleine mutation. Leur crise d'identité est la conséquence des profondes transformations de notre rapport avec l'amour, la sexualité et la famille. Ils sont le centre d’un rapport d’influence entre les sentiments personnels détachés de toute socialité et les liens familiaux réduits au rang de simples droits.

Suffit-il d’aimer ?

Le mariage est ressenti comme une contrainte. Il n'est plus reconnu comme nécessaire et structurant. Au nom des sentiments et de leur authenticité, le subjectivisme triomphe. Les sentiments ont pris le dessus. On recherche la sincérité. Qui s'en plaindrait ? Il est réconfortant de constater que le sentiment amoureux préside aux destinées des couples plutôt que la raison seule. Mais il est fragile. La vie l’érode, elle l’use. Les sentiments sont incapables de structurer seuls la vie sociale dont la famille est la première cellule. « S’il suffisait qu’on s’aime» chante Celine Dion avec justesse et sensibilité, la vie serait un rêve…
Notre recherche effrénée de la liberté nous a fait casser ce vase de cristal dans lequel les sentiments se transforment en amour sponsal et assurent le renouvellement des générations dans la stabilité.
Le mariage est devenu un contrat révocable « ad nutum », au bon vouloir de chacun, la répudiation est reconnue et légalisée. Pour quelles raisons devrait-on s'imposer de vivre toute sa vie, pour le meilleur et pour le pire, avec la même personne ? Surtout qu'au nom de la passion, détachée de toute raison, on s'unit avec quelqu'un qu'on ne connaît pas …

Le mariage n'est en même temps plus le point de passage obligé de la constitution d'une famille. Là aussi, pourquoi faudrait-il signer un engagement juridique pour fonder une famille et avoir des enfants alors que dame nature y pourvoit pour nous sans forme ni procès ?

Nous vivons dans un désert social, ou plutôt un champ de ruines. Les enfants en priorité conçus par leurs parents pour leur propre bonheur ressentent le fait de n’avoir pas été désirés pour eux-mêmes malgré les excès d’affection dont on les entoure   Les enfants d’un couple sur deux, sont perdus et abandonnés entre des époux divorcés, séparés et en conflit ou indifférents. D’autres doivent se forger leur personnalité au sein de familles qui ne sont pas fondées sur l’image de la continuité nécessaire à sa structuration. Et pour certains d’entre eux, encore minoritaires, ils doivent découvrir l’altérité et la cohérence de la sexualité avec des parents de même sexe…

Car paradoxe des paradoxes, il en faut toujours…, le mariage à ce point dévalué, discrédité, galvaudé est l'objet de la convoitise d'une partie des femmes et des hommes homosexuels soucieux de sceller leurs engagements autrement que dans le succédané qu'on leur a proposé avec le PACS.
Avec le droit à l’enfant pour tous, on revendique le droit au mariage pour tous ! Irresponsable cohérence de l’homme « acteur-roi » de sa vie sentimentale !

On le voit, réduite à la seule formalisation d’une union affective la conception traditionnelle de la famille semble devenue intenable.

Mais, le mariage est-il un acte juridique comme un autre ?
Doit-on entériner toutes ces évolutions au nom de la liberté et de cette idée selon laquelle la loi doit consacrer toutes les évolutions des moeurs ?
Quel sens doit-on lui donner ?
Doit-il, peut-il, devenir une simple union civile ?
Quel rôle doit-on reconnaître au mariage religieux ?

Telles sont les questions qui se posent et qui vont être au cœur du débat sur le mariage homosexuel.[1]
On a progressivement perdu de vue qu’il ne suffit pas d’aimer et que le mariage n'est pas simplement un contrat ; il est d'abord et avant tout une institution. Personne ne conteste que la famille soit la structure de base de la société. Or toute structure sociale a besoin d'une armature juridique. Les hommes sont faibles. Ils ont besoin d'être soutenus. Comment pourrait-on affirmer le contraire à une époque où tout est juridique, où foisonnent dans tous les domaines les réglementations destinées à conforter ou garantir la pérennité des situations humaines, économiques et sociales?

Le drame de l’homme moderne est qu’il veut être maître de tout. S’il admet la nécessité de contraintes sociales, ce n’est que sur le papier, dans les livres, sur un plan conceptuel-quand il fait l’effort de se situer à ce niveau de réflexion- La société ne doit pas l’empêcher de s’en affranchir, de s’en dégager quand il trouve le joug trop lourd…

Il faut dire qu’en parallèle il a rejeté le caractère religieux et sacré du mariage. Nous avons inventé la désacralisation de l’union de l’homme et de la femme. Dieu ne peut rien nous imposer et nous récusons la légitimité de son Eglise quand elle affirme l’indissolubilité du mariage. Nous sommes libres ; nous avons le droit de faire ce que nous voulons ! Nous sommes les maîtres de notre destin !

Cette insoumission nous a fait perdre la dimension spirituelle que l’Eglise offre à l’homme et à la femme, leur donnant le moyen non pas de se prendre pour Dieu mais de l’atteindre par leur amour.

Cette voie du dimensionnement et de la transcendance ouvre d’autres perspectives…elle donne les moyens de soutenir les sentiments et la raison sur la voie difficile et exaltante de la constitution d’une famille. Tel est la voie d’une union stable, même oserai-je dire pour les incroyants, qui vivent eux aussi humainement la dimension sponsale de l’amour. Le don à l’autre a besoin d’être reçu dans un cadre qui soit à cette mesure…

Voilà pourquoi, il est devenu vital de reconnaître les effets civils du mariage religieux et en même temps d’obtenir la réaffirmation de cette évidence qu’en tant qu’acte constitutif d’une institution- la famille- le mariage ne peut être reconnu que dans un cadre juridique stabilisant et en faveur de couples hétérosexuels. Quant à la simple union civile, déjà entérinée dans le PACS elle pose le problème de notre capacité à imposer la stabilité dont les familles ont besoin sauf à continuer d’aller vers un suicide collectif, et d’un autre point de vue de savoir répondre aux interrogations des homosexuels qui sont des hommes et des femmes respectables même si leurs vies affectives ne peuvent pas être modélisées dans la société….
Telles me semblent être les jalons de la réflexion à conduire par rapport aux débats et aux combats à venir dans lesquels je souhaite que nous sachions conserver le respect des personnes autant que des principes.

A suivre…

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