Le
curé du village de Bargemon, dans le haut Var, « fait bouger les lignes ».
Pasteur de brebis endormies, provocateur à l'école de NSJC, il a décidé d’organiser
l’accueil de chrétiens d’Irak dans sa paroisse; 26 réfugiés pour une population de 1 600 habitants.... Les premiers doivent arriver
d’ici un mois. Le village sort de son train-train, se réveille avec la peur de
l'étranger, dérangé dans ses habitudes. Les « pour » s’opposent aux
« contre ». Ce qui se passe est fort et symbolique.
Nos
difficultés nous feraient-elles oublier que nous restons privilégiés face
aux misères du monde? Comment refuser d'accueillir nos frères chrétiens d'Irak,
expulsés de cette terre d'Orient qui fut chrétienne avant d'être musulmane? Ces
frères qui ont refusé de se convertir à l'Islam et ont ipso facto perdu leurs
biens, leur terre, leur patrie et leurs moyens de subsistance. Eux à qui il ne
reste que la vie, suspendue à un fil ; ces frères en humanité niés dans ce
qu’ils ont de plus précieux, de plus intime.
Vont-ils
manger leur pain, leur prendre leurs emplois, créer un climat d'insécurité ? La
peur n'est ni illégitime ni irréfléchie. Mais elle est stérile, humainement impossible.
On ne refuse pas de venir en aide à ceux qui sont confrontés à la plus extrême
cruauté. La lâcheté consisterait à laisser faire les autres, en tournant la
tête, comme nous le faisons trop souvent. Sauf que cette fois-ci le prochain
souffrant devient réellement proche, d’une proximité immédiate... C’est en cela
que cette initiative est admirable ; parce qu’elle contraint ceux qui
auraient toutes les raisons de ne rien faire! Elle les place face à l’autre et
à leur conscience, qu’ils ont enfouie au fond de leurs vies.... Bargemon !
Pourquoi pas Paris, Lyon ou Marseille ? Non Bargemon ! A cause de la
volonté d’un curé guidé par la Providence...Contre toute logique politique.
Notre
destin se joue autour de la mer Méditerranée. Notre confrontation avec l'Islam
est essentielle. Les musulmans révèlent notre faiblesse culturelle et
spirituelle, comme le négatif d'une photo. Le drame du martyr des chrétiens
d’Orient est un électrochoc. Quelle folie ! Nos frères irakiens, chrétiens
martyrisés au nom de leur baptême, nous placent face aux fins dernières qui
nous effraient, ligotés que nous sommes par nos besoins, nos attachements, nos égoïsmes
et nos affections trop humaines.
Bargemon
est un laboratoire aussi inattendu qu’imprévu. Il mérite intérêt, attention et
soutien. La réussite de cette initiative sera déterminée par la capacité à
retrouver les ressorts d’un accueil dont les "droits de l’hommistes" républicains
et francs-maçons se font des gorges chaudes tout en échouant, précisément à
l’heure où la logique politique nationale semble nous inviter à nous replier
sur nous-mêmes... Il s’agit de saisir l’appel de la Providence et l’opportunité de
l’amour du prochain le plus proche, fut-ce contre toute logique, et de répondre
à l’appel de ce prochain qui au prix de sa vie défend la pureté du crystal de
son âme. Ce dont nous avons quant à nous un si urgent besoin pour nous sauver et retrouver
notre identité comme notre dignité !
Peut-être la voie du salut pour les Bargemonais dont je fus le curé il y a bien longtemps et qui, déjà , n'usaient pas beaucoup leur fond de culotte sur les bancs de l'Eglise. Mais il y a aussi de belles âmes dans ce village. Bravo au curé de Bargemon.
RépondreSupprimer