lundi 3 novembre 2014

REPONSE A ERIC ZEMMOUR : LA FRANCE N’EST PAS MORTE !

Voici quelque temps que j'avais tendance à être pessimiste, à me laisser emporter par les soucis du quotidien, professionnels, économiques, religieux ou politiques. Trop. A contresens. Indépendamment d’une nécessaire remise en question, le succès rencontré par le dernier livre d’Éric Zemmour m’a rouvert les yeux. Un succès inquiétant. Non que je sois en désaccord avec tout ou partie de son diagnostic, même si certains points mériteraient la controverse. Mais ses conclusions sont désespérantes. Négatives. Pessimistes. Il le reconnaît lui-même à longueur d'interviews et de conférences. La conclusion de son essai n’est-elle pas « la France se meurt, la France est morte » ? Je ne contredirai pas le fait que la situation soit grave ; je ne cesse de l'écrire. Pour autant, je ne peux me résoudre à sa conclusion. Elle est la grande erreur de son livre.

Elle n'est pas en harmonie avec l’histoire millénaire de la France à laquelle il se réfère pourtant avec tant de constance, ne cachant pas son attachement à la tradition chrétienne de notre pays, voire même à sa tradition politique chrétienne, dont il ignore l’essentiel. Car il oublie l'une de ses caractéristiques essentielles. Jusqu'à une récente époque, dite moderne, jamais notre pays ni ses dirigeants n'ont été ni pessimistes, ni désespérés. Jamais ils n'ont baissé les bras. Jamais ils n'ont été l'illustration du «suicide français ». L’histoire de notre pays est au contraire celle d'une renaissance permanente, d'une confiance absolue dans son destin et dans la providence. Toute l'histoire de France le démontre. Y avait-il sérieusement des raisons d'espérer au temps de Jeanne-d'Arc alors que la France était envahie par l’anglais, que son roi ne pouvait même plus se déplacer en sécurité et que son Eglise était divisée et avait plusieurs Papes ? Philippe Auguste avait-il réellement des raisons d'espérer en une victoire à la veille de la bataille de Bouvines ? Les Français avaient-ils réellement des raisons d'espérer au lendemain de la bataille de Waterloo ? Qu'en était-il de la France en 1940 ? Pour élargir notre réflexion à l’ancestrale tradition méditerranéenne, Moïse avait-il des raisons d'espérer face à l'empire de Pharaon ? Et David contre Goliath ?

Aux innombrables raisons de croire que tout va mal, car « tout a toujours été très mal » comme le disait Bainville, il faut opposer les raisons d'espérer. Car il y a des raisons d'espérer. Et la force de la France en tant que fille aînée de l'Eglise, et parce qu’elle est cette fille aînée, a précisément toujours été d'avoir construit son histoire sur la sagesse chrétienne. Cette sagesse qui veut que le paradis ne soit pas sur terre et que la gestion de la cité, autour du bien commun, n'a en réalité pas d'autre objectif que de permettre à chacun, quelles que soient les circonstances, d'assurer son salut et de l'y aider. Quelles que soient les circonstances ! Parce que le salut et le seul vrai bonheur sont pour l'au-delà, après la mort. Cela donne la force de tout surmonter, et de toujours renaître. Quoi qu’il puisse arriver ! Voilà pourquoi nous n'avons pas le droit d'être pessimistes, ni celui de baisser les bras. Grâce à cette sagesse, devenue celle des Nations, dont la France fut et sera la manifestation temporelle inégalable.

Saint-Paul nous rappelle que l'Eglise bâtit sur ce qu'il dénomme la « Stercora » c'est-à-dire sur le fumier. La croix du Christ qui devait sauver le monde n’a-t-elle pas été plantée au Golgotha sur un amoncellement d'immondices ? Rien de ce qui est humain n’est étranger au chrétien, et donc au français. Pour eux aucune cause n'est jamais désespérée. A condition de s'en donner les moyens. Et pour cela, de ne se tromper ni de combat, ni d'ennemis ni d'alliés.
La force du chrétien, qui lui permet de proposer au monde la construction d'une cité chrétienne, et donc humaine, réside dans le fait qu'il est capable de répondre avec le Christ à tous les Pilate de la Terre: « tu n'aurais sur moi aucun pouvoir s'il ne t'avait été donné d’en haut ! ». A la condition d’accepter que le sort de la cité soit déterminé en fonction de la sagesse des Nations et des principes de droit naturel enseignés par l’Eglise Catholique. Tradition dont la France est justement la Fille aînée devant l’histoire. Ce que nous avons refusé, abjuré, nié pour notre plus grand malheur.

Le pape Pie XII était très clair : « Plus les puissances obscures augmentent leur pression plus elle s'efforce de bannir l'église la religion du monde et de la vie, plus l'Eglise d'entreprendre une action tenace, persévérante, pour reconquérir et soumettre tous les domaines de l'activité humaine à l'empire très doux du Christ ». Plus loin : « cet objectif de l'église est difficile ; mais ce qui, en faveur d'un sur naturalisme malentendu, voudrait cantonner l'église dans le secteur purement religieux, comme ils disent, ne sont que des déserteurs inconscients trompés qui font le jeu des adversaires de la religion ».

La France a toujours été de cette trempe. Capable de rebondir, de sortir son peuple des situations les plus désespérées, de toujours rejaillir telle un premier jet comme le chantait F. Mistral. Celle-là n'est pas morte M. Éric Zemmour ! Elle ne peut pas mourir. Elle ne mourra pas, tant qu’il y aura des soldats refusant de déserter.

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