Entre
révolte, colère et indignation les avocats ont bien des raisons d'avoir la gueule
de bois ou le vague à l'âme. Stigmatisés ou ignorés dans leur combat contre la loi « Macron »
ils ne se reconnaissent pas dans la cacophonie des voix discordantes de leurs
chefs.
Conservateurs
? Bourgeois obsédés par la défense de leurs privilèges ? Affairistes sans foi
ni loi, prêts à tout pour conquérir des parts de marché ? Intégristes de la
plaidoirie et d'un temps révolu ?
Bâtonnier
de Paris contre bâtonnier de Nantes et des barreaux de toutes les provinces de France.
Président du CNB affirmant qu’il se bat contre ses convictions personnelles.
Président de la conférence des Bâtonniers désabusé et semblant battu d’avance...
Tels
sont les paradoxes et les contradictions d’une profession divisée face à un
pouvoir dont une partie d’entre elle pense qu’il veut sa perte et dont l'autre
se met à rêver qu'un pouvoir socialiste lui accorde ce que les libéraux lui avaient
refusé jusque-là et lui permette de sauver ses parts de marché et son business.....
Pendant
ce temps-là la très grande majorité des 60 000 avocats de France a peur
d'un avenir qui semble lui échapper. Ils ont la" gueule de bois"...
Il
faudra approfondir les tenants et aboutissants de cette querelle des anciens et
des modernes. Laisser s’épuiser les Don Quichotte des temps modernes. Identifier pour l'écarter la marchandisation du droit et de la défense. Dessiner le visage futuriste d’une
profession aussi vieille que l’humanité, sa mue et son devenir. Mais à l'instant, à l’heure des combats, il faut commencer par aller puiser l’eau
à la source. Car si l'on doit se battre, encore faut-il savoir fondamentalement
pourquoi.
Voilà
qui nous renvoie à la question du futur et de l'avenir, de l’approche que nous
devons en avoir. Car demain ne sera pas hier. Et au fond, ce n'est pas une
catastrophe. C’est tout le contraire ! Il s’agit plutôt en soi d’une bonne
nouvelle !
Les
temps d'aujourd'hui, même s'ils sont mauvais ne sont pas moins bons que ceux
d'hier. Ils sont même meilleurs puisque les temps d'aujourd'hui existent alors
que les temps d'hier ne sont plus et que les temps de demain ne sont pas
encore.
Nous
sommes victimes d'un phénomène très moderne, fruit de la révolution
technologique. « Le temps a été restreint au seul territoire de nos
anticipations au lieu d'être ouverture à ce qui nous transcende »[1].
Le court terme, l'horizon du prévisible, les limites de la programmation nous
enferment dans un espace trop étroit. La gageure est de parvenir à préparer
l'avenir en oubliant le futur immédiat. Nietzsche
n'a rien dit d'autre dans « ainsi parlait Zarathoustra » : « ce qui est grand
dans l'homme est de n'être pas un but mais un pont : ce qui peut être aimé dans
l'homme et être un passage et une chute ».
A l'heure où la protestation trouble le quotidien et perturbe la réflexion, je
vous invite à la méditation, nécessaire avant l’action qui semble devoir encore
se poursuivre. Aussi pour une fois serai-je économe de mes mots afin de vous
inviter par exemple à lire ou relire le « dialogue de l’histoire et de l’âme » de
Charles Péguy[2].
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