Rentrant d'une semaine passée à Cuba je me demande si la
joie de vivre n'est pas insoluble dans le communisme et la misère, et je
m'interroge sur les raisons de ce constat.
J'ai bien sûr effectué ce voyage dans des conditions
privilégiées. Cela ne m'a pas empêché de voir, de respirer, de humer une
ambiance étonnante et vivifiante, notamment celle de La Havane. Des rires, des
sourires, de la joie de vivre qui s'expriment en particulier dans une musique
omniprésente autant qu'entraînante. Ce peuple écrasé sous la chape de plomb du
communisme depuis près de 60 ans a été maintenu dans un état économique identique
à celui des années 50, à l'image des véhicules d'une autre époque que l'on voit
encore rouler derrière des nuages de fumée polluante. Mais il semble plus
heureux que nous, beaucoup plus heureux…
Nous avons été impressionnés par sa gentillesse, ses
sourires et ses rires, sa disponibilité et sa serviabilité. La misère n'y est
pas ostentatoire même si elle est réelle. Elle est assumée de manière édifiante,
courageuse et digne. Chaque service est rendu de manière délicate, attentionnée,
gentille. Pas de rancœur. Pas de jalousie. De la bonne humeur. Quel contraste
avec la France !
Les Cubains sont loin d'avoir notre confort de vie, notre
niveau de vie, notre niveau de protection sociale, nos garanties, sans parler
de nos droits et de nos libertés ! Leur situation prouve une fois de plus, après d'autres expériences que le communisme, dont notre socialisme n'est qu'un succédané, n'a jamais fait qu'aggraver les injustices sociales sans parvenir à éteindre l'étincelle de la vie malgré toutes ses violences.
Lorsque l'on rentre d'un pareil voyage beaucoup de disputes
deviennent dérisoires, indécentes. Beaucoup d'analyses politiques et de postures idéologiques apparaissent aussi inacceptables qu'insupportables! Que de théories collectivistes et socialisantes à bannir face à de tels ravages!
Le réalisme, la lucidité, la mesure, la distance nécessaire
à l'analyse des situations, des problèmes, des crises, nous manquent et nous font défaut. Notre science politique et notre avoir nous aveuglent. Et s’il fallait intellectualiser moins et avoir moins pour être digne de plus de
respect ? Si, comme nous l'apprend l'Évangile, la pauvreté était la voie de la sagesse, de l'art de
vivre, de la quête de l'essentiel ? Nous avons perdu le sens de la JOIE.
Faut-il la misère pour la vivre en vérité et de manière authentique autant que
sincère ?
Cette réflexion m'a rappelé notre bon vieux La Fontaine et
sa fable « le savetier et le financier ». Elle m'a aussi encore plus
qu'auparavant donné envie de donner un immense coup de pied dans tout le fatras
que nous nous arrachons les uns les autres avec haine, méchanceté, cupidité et
jalousie…
Non, nous ne savons pas la chance que nous avons, nous ne la
mesurons pas.
Mais que cela est vivifiant, encourageant, tonifiant !
Quelle source d'espérance !
La vie est un trésor. Et si nous devenions capables d'en
mesurer la richesse sans avoir besoin de nous gaver de nos possessions ?
Je vous invite à partager ma" joie cubaine" et à prendre un peu de distance. Si cela pouvait nous aider à retrouver la nécessaire clairvoyance dans nos choix et nos actions...
Une résonance certaine avec la lettre de carême de notre Pape François.Merci à vous pour ce regard partagé.
RépondreSupprimerEducation et santé pour tous, peu de différences sociales, pas ou peu de drogue, peu de violence, voila le cocktail de la "joie cubaine" malgré la misère qui est partout prégnante même si elle ne suffit pas à abolir la joie de vivre des tropiques et l'absence de liberté -moins ressentie qu'on ne l'imagine chez nous. Jusqu'à quand ?
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