dimanche 10 janvier 2016

TOUT FLATTEUR VIT AUX DEPENS...

La médiation et le consensus sont à la mode. Cela est vrai dans tous les domaines de la vie publique. Pour la Justice avec le développement des procédures participatives, mais aussi en politique.

Au fur et à mesure qu’elle s’use la démocratie se charge d'idéologie. Elle est devenue l'objet d'un culte. Mais la mystique des valeurs de la République  s’épuisera. Les idéologues qui sont à la manœuvre ont compris la fragilité d’une institution qui manque à la fois de fondations et de murs porteurs et ne résiste à l’usure du temps que par la force de la répétition, de l’incantation, voire de la manipulation. D’où « la démocratie participative »! Nouvelle Doxa à laquelle tout le monde adhère. Une confirmation récente vient d'en être donnée par l'actualité puisque le Front National vient de s'y rallier. Le parti de l'ordre et de l'autorité s'engage lui aussi dans la politique du consensus et du compromis....Le monde à l’envers !

Cette notion qui repose sur la recherche du consensus et de l’adhésion du plus grand nombre, est le résultat d’un épuisement de la démocratie par incapacité de disputer et de discuter en vue de la recherche des meilleures solutions avec l’arbitrage du peuple. Un retour en arrière de plusieurs siècles, comme si le palabre à l’africaine pouvait être un progrès pour l’Occident.

Nous sommes passés de l'art de gouverner à la gouvernance, à l'administration. La démocratie est devenue la recherche du consensus par la négociation et le compromis. Le débat démocratique n'est plus une querelle au sens classique du terme, autour des idées, pour la recherche de ce qui est nécessaire et bon ; on ne discute pas des vérités mais des intérêts. L'objectif n'est pas de gouverner mais d'expliquer et de convaincre les gouvernés de la nécessité de ce qui a été décidé pour eux. Notre système démocratique est devenu un régime d'adhésion par défaut.

Le principe n'est pas d'organiser l'exercice du pouvoir par le peuple comme cela avait été imaginé par les Grecs. Nous sommes bien loin de l'art de gouverner hérité d’Aristote qui consista à décider en fonction du bien commun au service de l'intérêt des personnes qui constituent le peuple d'une Nation. Charles Maurras avait théorisé l'idée de la démocratie religieuse. Par-là, il stigmatisait que, devenue purement idéologique, la démocratie était entrée dans le champ de la morale. Or, la morale n'a rien à voir avec la politique.

Dans une démocratie de type religieux les gouvernants se positionnent en autorités morales. Ils affirment être les détenteurs du bien. Ils dénoncent le mal. Ils ne gouvernent pas. Ils corrigent. Ils expliquent. Le prisme nouveau de la démocratie est pédagogique, moralisateur en même temps que démagogique. Il ne s'agit plus de discuter, de disputer pour dégager les décisions à prendre à chaque niveau naturel de compétence, en fonction de la subsidiarité. Il y a une élite compétente, sorte de peuple d'en haut qui sait, qui décide, et la masse, le peuple d’en bas qui doit suivre, accepter, et à qui on demande sa caution à l'occasion des élections. Sous le manteau débonnaire et généreux, de la recherche du consensus, de l’unanimité, de la paix, les dirigeants imposent leur vision du monde et de la société. Un tel pouvoir avance masqué derrière des procédures, des réglementations, des droits  d’autant plus proclamés qu’ils deviennent formels; l’idéologie se dissimule derrière un formalisme rassurant et moralisateur, ce dont Manuel Vals est une caricature.

La société a été déconstruite. Les lois, les règlements édictés ont détruit les structures de gouvernement et de prise de décision. L'État se mêle de tout. La loi décide de tout. Les règlements nous étouffent. Et grâce à la pédagogie démocratique on fait croire au peuple qu’il est détenteur du pouvoir alors que c'est tout le contraire. Et on pousse le cynisme en le leurrant avec le concept de démocratie participative.

La démocratie participative est la dernière invention mystificatrice d’un pouvoir qui a abandonné toute notion de subsidiarité, qui a fait disparaître les médiateurs naturels de la société et les corps intermédiaires. Il confond exercice de l’autorité et réforme. A la décision  il substitue le vote de lois et la prise de décrets. Son objectif est de verrouiller la vie sociale dans un enchevêtrement de textes et un juridisme détaché de la recherche de la justice et de la poursuite du bien commun.

Telle est la mystique moderne de la République ! Décidément LA FONTAINE avait raison....

1 commentaire:

  1. Moi, qui ai fréquenté le PS dans ma jeunesse, je peux vous dire que ça n'a pas changé : on avait des réunions de "cellules" à St Raph., on édictait une synthèse -détaillant nos décisions- qui remontait à Paris, et en retour, on recevait les instructions de Paris ! Et on appelait ça "la participation"...

    RépondreSupprimer

Commentez cet article et choisissez "Nom/URL" ou Anonyme selon que vous souhaitez signer ou non votre commentaire.
Si vous choisissez de signer votre commentaire, choisissez Nom/URL. Seul le nom est un champ obligatoire.

Retrouvez mes anciens articles sur mon ancien blog