La médiation et le consensus
sont à la mode. Cela est vrai dans tous les domaines de la vie publique. Pour
la Justice avec le développement des procédures participatives, mais aussi en
politique.
Au fur et à mesure qu’elle s’use
la démocratie se charge d'idéologie. Elle est devenue l'objet d'un culte. Mais
la mystique des valeurs de la République
s’épuisera. Les idéologues qui sont à la manœuvre ont compris la fragilité
d’une institution qui manque à la fois de fondations et de murs porteurs et ne résiste
à l’usure du temps que par la force de la répétition, de l’incantation, voire de
la manipulation. D’où « la démocratie participative »! Nouvelle Doxa à laquelle tout le monde
adhère. Une confirmation récente vient d'en être donnée par l'actualité puisque le Front National vient de s'y rallier. Le parti de l'ordre
et de l'autorité s'engage lui aussi dans la politique du consensus et du
compromis....Le monde à l’envers !
Cette notion qui repose sur
la recherche du consensus et de l’adhésion du plus grand nombre, est le
résultat d’un épuisement de la démocratie par incapacité de disputer et de
discuter en vue de la recherche des meilleures solutions avec l’arbitrage du
peuple. Un retour en arrière de plusieurs siècles, comme si le palabre à l’africaine
pouvait être un progrès pour l’Occident.
Nous sommes passés de l'art
de gouverner à la gouvernance, à l'administration. La démocratie est devenue la
recherche du consensus par la négociation et le compromis. Le débat
démocratique n'est plus une querelle au sens classique du terme, autour des
idées, pour la recherche de ce qui est nécessaire et bon ; on ne discute pas
des vérités mais des intérêts. L'objectif n'est pas de gouverner mais
d'expliquer et de convaincre les gouvernés de la nécessité de ce qui a été
décidé pour eux. Notre système démocratique est devenu un régime d'adhésion par
défaut.
Le principe n'est pas d'organiser
l'exercice du pouvoir par le peuple comme cela avait été imaginé par les Grecs.
Nous sommes bien loin de l'art de gouverner hérité d’Aristote qui consista à décider
en fonction du bien commun au service de l'intérêt des personnes qui
constituent le peuple d'une Nation. Charles Maurras avait théorisé l'idée de la
démocratie religieuse. Par-là, il stigmatisait que, devenue purement
idéologique, la démocratie était entrée dans le champ de la morale. Or, la
morale n'a rien à voir avec la politique.
Dans une démocratie de type religieux
les gouvernants se positionnent en autorités morales. Ils affirment être les
détenteurs du bien. Ils dénoncent le mal. Ils ne gouvernent pas. Ils corrigent.
Ils expliquent. Le prisme nouveau de la démocratie est pédagogique,
moralisateur en même temps que démagogique. Il ne s'agit plus de discuter, de
disputer pour dégager les décisions à prendre à chaque niveau naturel de
compétence, en fonction de la subsidiarité. Il y a une élite compétente, sorte
de peuple d'en haut qui sait, qui décide, et la masse, le peuple d’en bas qui
doit suivre, accepter, et à qui on demande sa caution à l'occasion des
élections. Sous le manteau débonnaire et généreux, de la recherche du
consensus, de l’unanimité, de la paix, les dirigeants imposent leur vision du
monde et de la société. Un tel pouvoir avance masqué derrière des procédures, des
réglementations, des droits d’autant
plus proclamés qu’ils deviennent formels; l’idéologie se dissimule derrière un
formalisme rassurant et moralisateur, ce dont Manuel Vals est une caricature.
La société a été
déconstruite. Les lois, les règlements édictés ont détruit les structures de
gouvernement et de prise de décision. L'État se mêle de tout. La loi décide de
tout. Les règlements nous étouffent. Et grâce à la pédagogie démocratique on
fait croire au peuple qu’il est détenteur du pouvoir alors que c'est tout le
contraire. Et on pousse le cynisme en le leurrant avec le concept de démocratie
participative.
La démocratie participative
est la dernière invention mystificatrice d’un pouvoir qui a abandonné toute
notion de subsidiarité, qui a fait disparaître les médiateurs naturels de la
société et les corps intermédiaires. Il confond exercice de l’autorité et
réforme. A la décision il substitue le
vote de lois et la prise de décrets. Son objectif est de verrouiller la vie
sociale dans un enchevêtrement de textes et un juridisme détaché de la
recherche de la justice et de la poursuite du bien commun.
Telle est la mystique
moderne de la République ! Décidément LA FONTAINE avait raison....
Moi, qui ai fréquenté le PS dans ma jeunesse, je peux vous dire que ça n'a pas changé : on avait des réunions de "cellules" à St Raph., on édictait une synthèse -détaillant nos décisions- qui remontait à Paris, et en retour, on recevait les instructions de Paris ! Et on appelait ça "la participation"...
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