dimanche 1 mai 2016

NICOLAS, FRANCOIS, EMMANUEL, MARINE ET LES AUTRES....

La machine sociale est cassée. Pour le philosophe Roger Pol Droit la société est effritée. « Ce qui l’emporte ce sont les forces de dissociation. On dirait que ce pays se fissure. » Nous sommes en état de di-société. Pourquoi ? Si tout le monde s'accorde sur le diagnostic, personne ne parvient à expliquer clairement comment il se fait qu'on en soit arrivé là. Comme si cela était normal, logique, inévitable. Une sorte de mal nécessaire....

Relisant pour une tout autre raison une annexe du livre de mon maître Jean OUSSET « Fondements de la Cité » sur la liberté de conscience mes réflexions m'ont conduit sur la seule piste susceptible de nous aider dans la recherche de la réponse à cette question centrale.

Jean Ousset y écrit : « Qu'est-ce qui m'oblige-raisonnablement !-À respecter un État incapable de se justifier autrement que par ses gendarmes et l'habitude qu'on en a ? ».

La société peut devenir impossible. Si elle est impossible, il est naturel qu'elle s'effrite, se casse, se brise et ne réponde plus aux attentes de ses membres.
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L'effritement de notre société, l'incapacité dans laquelle nous nous trouvons d'accepter la voix de l'État et l'exercice de son autorité de manière naturelle, tient au refus de l'autorité dans tous les domaines et donc en politique. Perdus, sans repères, en proie au désarroi nous cherchons l'homme providentiel et dès que nous pensons l’avoir trouvé nous le faisons descendre de son piédestal, parce que personne ne peut exercer l'autorité de l'État dans une société brisée. Nul doute que nous ne sommes pas au terme de cette inlassable et vaine recherche. Sarkozy, Hollande, Valls, Macron, Le Pen ? A qui le tour ?

Tout cela n'a pas de sens parce que la société est cassée. Effritée. Brisée. Par quoi ? Par nous ! Par la revendication et l'affirmation de notre imperium, de nos exigences, de notre revendication de nos droits et du premier d'entre eux ce notre droit au bonheur qu’une conception dénaturée de la politique a placée en son centre. Comme si chacun d'entre nous avait le droit de revendiquer l'exercice du pouvoir de l'État pour lui-même, dans son intérêt exclusif, comme si la société lui était soumise.

L'autorité est dès lors très vite rejetée. Car elle a été dénaturée. Son origine a été fixée dans le peuple alors que celui-ci ne peut que choisir ses gouvernants. Ce faisant elle est devenue absolue, sans limites. Par l'effet du système démocratique qui n'aurait dû rester que le mode de désignation des dirigeants et non pas devenir l'origine de l'autorité, elle n'a plus été que l'expression d'une majorité fluctuante variable d'un quinquennat à l'autre et progressivement inacceptable par la minorité.

Si l'autorité était détachée de cette origine fictive, car il ne s'agit que d'une fiction, il deviendrait possible de lui déterminer rationnellement des limites et de la rendre acceptable et supportable.  Nous n’acceptons plus rien d'autre que le fruit de notre suffrage, de notre volonté, de notre suprématie sur notre vie, sur la société et sur tout ce que nous touchons. Nous refusons la soumission, notre soumission aux exigences de la vie collective. Or l'homme est un animal social. Il a besoin de se soumettre pour s'épanouir ! Paradoxe incontournable… Une telle autorité connaît naturellement des limites-ce qui nous protège de l'anarchie comme du totalitarisme- précisément définies autour et à partir du principe d'autorité, de l'autorité naturellement incarnée dans des structures qui soient reconnues comme étant le fruit naturel de la vie en société et non pas de l'imagination délirante des sociologues, des politologues ou autres scientifiques démoniaques de la politique.

Car, nous avons perdu de vue ce qui a été si admirablement défini par saint Thomas d'Aquin : « le bien particulier est ordonné au bien commun comme au sien : car l'être de la partie et pour l’être du tout. D'où il suit que le bien de la nation est plus divin que le bien d'un seul homme ». Et encore « le bien universel emporte sur tout bien particulier, de même que le bien d'une nation est meilleur que le bien d'un seul. La bonté et la perfection du tout l'emportent en effet sur la bonté et la perfection de la partie ». Comme le souligne Jean Madiran ce principe « découle de l'essence des notions et des choses et doit par-là avoir valeur absolue, du moins sous le rapport de son application au bien commun dans les choses humaines ».

Cette doctrine, car il ne peut pas y avoir de vie sociale sans doctrine du bien commun, est indispensable à la reconnaissance et l'acceptation de l'autorité dans la société. Et c'est par l'exercice de l'autorité naturelle, bornée par son objet, que la société retrouvera naturellement sa vocation, sa solidité, sa fertilité.

Prenons l'exemple de la loi sur le travail qui a au moins le mérite de poser le débat de la légitimité du code du travail et plus généralement du droit du travail tel qu'ils ont été conçus ces dernières années. La question fondamentale, centrale, première est celle de l'autorité dans l'entreprise. Celle-ci ne peut être définie qu'à partir d'une appréhension naturelle des exigences et des intérêts contradictoires mais convergents qui se retrouvent au cœur de l'entreprise pour en permettre le fonctionnement dans l'intérêt de tous. L'autorité du chef d'entreprise. L'autorité de ses cadres. Les réactions provoquées par cette réforme sont l'illustration de ce que l'entreprise est devenue un lieu d'affrontement d'intérêts divergents dont on a entretenu la contradiction plutôt que d'essayer de les concilier dans le cadre de la recherche du bien commun au service du bien de chacun de ses acteurs. Car, sans reconnaissance du bien de l'entreprise et de ses exigences il ne peut pas y avoir de conciliation des intérêts de chacun de ses acteurs.

Voilà pourquoi la seule vraie réforme qu’il faille entreprendre est celle des esprits, des intelligences et des cœurs ; faute de quoi, d'hommes providentiels en responsables politiques déconsidérés et déchus notre État sombrera soit dans l'anarchie soit dans le totalitarisme. De grands témoins nous l'ont rappelé.
Dostoïevski : « si Dieu n'existe pas tout est permis » et André Malraux « le totalitarisme des Etats modernes est né de la volonté de trouver une totalité sans religion ».


Car toute autorité vient de Dieu. Les hommes ne sont que des mandataires ou des délégataires…Vanité, tout le reste n'est que vanité. Nicolas, François, Emmanuel, Marine et les autres.... CQFD !


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