Nous cherchions une
explication au divorce entre une classe politico-médiatique hors-sol et le pays
réel. Entre le peuple et des gouvernants qu’il ne comprend plus et qui ne le
comprennent plus. Le dernier livre de Christophe GUILLUY « le crépuscule de la France d'en haut »[1]
nous en fournit plusieurs clés. Cet auteur s'était déjà fait remarquer par son
analyse de la France périphérique. Il récidive, poursuit son travail, en
souligne toutes les conséquences au nez et à la barbe des héros de la doxa
officielle.
La France périphérique est
niée par la France d'en haut, par la France officielle, celle qui dirige.
Christophe GUILLUY est
géographe. Son travail n'est pas celui d'un sociologue ou d'un politologue. Il
analyse une réalité objective. Il s'appuie sur des chiffres officiels, des
cartes, des constats.
Il expose tout d’abord que
la France d'en haut est installée dans des citadelles, nos grandes métropoles. Ces
dernières sont le siège du développement économique du système mondialisé ;
ses membres de moins en moins nombreux accumulent les plus grandes parts de la richesse,
comme le mettent en évidence toutes les statistiques. Ces métropoles dont on
nous vante la puissance, en fonction desquelles a été organisée la réforme
territoriale. Ces métropoles qui sont le siège de la richesse du pays, où sont
installées les classes dirigeantes et dominantes qui attirent à elles les classes
supérieures en les faisant bénéficier de cette richesse croissante. Ces
métropoles qui deviennent inaccessibles aux Français moyens en raison du
renchérissement du prix de l'immobilier et de l'impossibilité pour eux de s'y
installer.
L'une des idées force de son
livre est le « brassage des classes » qui permet de comprendre la
négation dont fait l'objet la France périphérique, la France moyenne.
« Piloté par une petite oligarchie (les riches, la
banque), le système capitaliste tient parce qu'il est soutenu par une
importante classe supérieure et intellectuels qui bénéficie des effets de la
mondialisation et de la métropolisation ».
La classe dominante, politico-médiatique,
entretient artificiellement le mythe de l'existence d'une classe moyenne « fourre-tout »
dans laquelle elle intègre d'un côté les classes supérieures directement
bénéficiaires de la mondialisation et de l'autre les populations périphériques
victimes de la métropolisation. Artificiel ? Parce que les classes supérieures
bénéficient en réalité de la richesse économique du pays à travers le système
de la mondialisation et qu'elles n'ont rien de commun sur le plan économique
avec les classes de la France périphérique ; pour preuve l'impossibilité quasi
absolue pour ces dernières de s'installer aujourd'hui dans les métropoles ou
d'y installer seulement leurs enfants pour y faire leurs études. Qu’y a-t-il de
commune entre les « français moyens » des provinces de France et les
classes supérieures installées dans nos grandes métropoles, greffées sur les 1%
qui dirigent le pays ?
Selon cette présentation officielle
les pauvres ne seraient donc pas les classes de la France périphérique, mais
les populations vivant dans la périphérie des métropoles, dans les banlieues ;
ces populations en grande majorité immigrées.
La pauvreté de la France
périphérique est niée, elle a été gommée de la carte officielle.
Tel est le « brouillage
des classes » au profit d'une thématique qui devient dès lors celle de
l'altérité culturelle ; les vrais pauvres de la France officielle étant les seules
populations des banlieues…
Voilà comment la France
officielle nie le pays réel en lui faisant croire qu'en réalité il n'est pas
exclu car il fait partie de la classe moyenne, cette classe fourre-tout qui
n'est plus ce qu'elle fut, ce que nous croyons qu'elle serait encore , ce qu’on
nous fait faussement croire qu’elle serait. La confusion est absolue, totale. Et
elle permet à la classe dirigeante de stigmatiser les contestations de la
France périphérique comme étant des regains de populisme, d'une France
d'autrefois, passéiste, quand elle conteste la mondialisation et ses bienfaits ou
la richesse du multiculturalisme ; ce multiculturalisme sous couvert
duquel les grandes entreprises et le patronat continuent de se créer de la
main-d'oeuvre à moindre coût pour exercer les emplois qu'ils ne peuvent pas
délocaliser…
« L'antifascisme de salon ne vise pas le Front
National, mais l'ensemble des classes populaires qu'il convient de faciliter
afin de délégitimer leur diagnostic, un diagnostic d'en bas qu'on appelle
populisme ».
Un parallèle peut être fait
avec les caricatures autour de la campagne de Donald Trump comme avec la
stigmatisation de la majorité du peuple britannique ayant voté le brexit.
Notre auteur continue en
expliquant que les classes populaires ne peuvent dès lors plus rien attendre de
la France d'en haut. Toutes les analyses des derniers scrutins électoraux mettent
en évidence le décrochage total du vote populaire avec les partis dits de gouvernement
; le vote populaire ne s'exprimant dorénavant que dans l'abstention ou le vote
Front National-ce qu'il démontre de manière irréfutable.
Il explique pourquoi cette
France d'en bas, périphérique, ne peut pas renverser la France d'en haut qui la
dirige, parce qu’elle la nie ; son seul moyen de survie étant d’exister et
pour cela de s’ancrer dans ses réalités sociales et culturelles au mépris des
fictions idéologiques par lesquelles on la caricature.
Voilà pourquoi la seule
planche de salut de cette France périphérique, de cette France d'en bas mais
majoritaire, la nôtre, est son attachement à ce que Christophe GUILLUY définit
comme son capital social et culturel protecteur. D'où la nécessaire revendication
de cet ancrage. La revitalisation de ce vital capital naturel de base, exclusif
des analyses de la France d'en haut.
Celle-ci tombera toute seule
comme un fruit mûr, un jour ou l'autre, parce qu'elle et ses soi-disant élites
sont déconnectées du peuple, de la majorité du peuple et qu'elle ne tient plus
aujourd'hui que dans l'entretien de l'idéologie sous-tendant ses fausses
analyses et ses postures.
Voilà qui conforte et valide
tous nos appels à la résistance active, à la révolte déterminée de LA FRANCE D'EN BAS, pour que demain ne soit pas à l'image
d'aujourd'hui ! Semper idem....
[1]
http://metamag.fr/2016/06/21/la-france-den-haut-de-christophe-guilluy-a-paraitre-chez-flammarion/
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