Scandale ou tempête dans un verre d’eau ?
Enfreignant toutes leurs obligations professionnelles, 314 professeurs viennent
de s'engager à ne plus faire apprendre la règle grammaticale selon laquelle le
masculin l'emporte sur le féminin.
Sous prétexte de défendre la cause de l’égalité
ces professeurs prennent le risque d’enseigner une pratique iconoclaste du
français à leurs élèves. Cette entreprise révolutionnaire prend scandaleusement
nos enfants en otage ; eux qui sont déjà les enfants délaissés de notre
république devenue incapable de leur apprendre les rudiments des savoirs
rudimentaires. Eliane Viennot qui est un des leaders de cette entreprise, avoue
sans fard la véritable intention de la révolution qu’elle mène : « L’objet du
langage inclusif est social et non grammatical. Nous souhaitons promouvoir une
société plus égalitaire. Cela passe par la langue et par la déconstruction des
stéréotypes « genrés » qu’elle véhicule. Cette démarche habite tous mes
travaux… ».
La langue, le vocabulaire, la grammaire doivent
évoluer. Et ils évoluent constamment. Pour autant évolution n’est pas transformation
des règles de manière aussi radicale. Mesure-t-on les conséquences que pourrait
avoir l’institutionnalisation de la revendication de nos 314 jusqu’au-boutistes
? D’ici quelques années, nous pratiquerions la grammaire inclusive, le masculin
ne l’emporterait plus sur le féminin. Que deviendraient notre langue, notre familiarité
et notre lien avec notre littérature ? Car celle-ci n’est pas inclusive …
Comment pourrions-nous nous imprégner de ces œuvres qui font notre culture et
dont tout un chacun s’accorde à reconnaître qu’elles participent de la
formation de chacun de nos êtres ? Car, comme l’Académie française l’a noté, l’écriture
inclusive rend impossible toute « intimité avec le patrimoine écrit » : elle
organise la rupture de civilisation, elle casse la transmission entre les
générations.
Le gouvernement français y est opposé.
«Inquiet» des «attaques répétées contre la langue française», le ministre de
l’Education Jean-Michel Blanquer estime que «la langue française n’est pas à
instrumentaliser pour des combats, aussi légitimes soient-ils».
Dans ce combat qui s’engage certains ont
rappelé à bon escient les mots de Camus lorsqu’il parut devant l’Académie Nobel:
« Ma patrie, c’est la langue française
». La langue française est un donné qui préexiste aux Français d’aujourd’hui,
non un champ d’expérimentation offert à la Révolution rêvée par certains.
Nous vivons sous les coups de boutoir de
revendications révolutionnaires qui utilisent des causes ou des situations d’injustice,
à des fins détournées. Il en va ainsi de la revendication d’égalité entre les
sexes masculins et féminins. Reste à dire ce qu’est cette Révolution : elle est
inclusive, comme la grammaire et l’écriture qu’elle porte. C’est-à-dire qu’elle
a pour objectif de lutter contre l’exclusion, contre l’exclusion des étrangers,
des homosexuels, etc. ; le phénomène va bien au-delà de la question
grammaticale… si ce n’était l’importance essentielle de la langue, cette
question prêterait à sourire tant les enjeux dépassent la simple question d’un
accord en vue d’un pluriel…
Étendons le champ de notre analyse.
Voilà que maintenant aux élections ordinales
professionnelles nous sommes obligés de voter pour des binômes « masculins-féminins »
qui restreignent notre libre choix. Vous voulez voter pour l’homme du binôme,
vous devez y renoncer à cause de son associé ! Et vice versa ! Rien à
voir, me répondra-t-on ! Que nenni ! C’est la même revendication… égalitariste.
Tout doit céder face à la révolution du
genre. Car il y a le genre, aussi. Pourquoi le masculin ? Pourquoi le féminin ?
Par idéologie, contre la réalité, malgré les évidences, contre la nature, il
faut imposer une uniformisation idéologique égalitariste. Et, si l’on s’y
oppose, c’est que l’on est contre la cause de la femme, que l’on ne respecte
pas ses droits, que l’on est pour la domination de l’homme !
Il y a encore Mademoiselle qui devient Madame,
car il ne faut pas faire de distinction entre la femme mariée et celle qui ne l’est
pas ! Il est vrai que le mariage n’a plus de sens…
Nous touchons du doigt le moteur de cette
revendication : le refus de toute discrimination. Toute discrimination doit
être exclue, refusée. La différence est insupportable. Si l’homme et la femme
sont égaux, c’est parce qu’ils sont identiques. Parce qu’on les veut identiques,
contre la réalité…
Face à cela, la grammaire n’a pas de poids,
pas plus que le libre choix lors d’un vote, pas plus que la différence des
sexes, pas plus que la morphologie, pas plus que les caractères, pas plus que
le mariage !....
J’évoquais la littérature, nous savons déjà
que certains de nos chefs-d’œuvre vont devoir soit être mis à l’index, cet
index que l’on refuse pour la pornographie… ! Sous prétexte qu’ils sont
discriminatoires. La discrimination est beaucoup mieux considérée que la morale,
par les idéologues de l’égalité, au risque de devenir elle-même intolérante…
Je ne sais pas si notre ministre parviendra à
résister ; déjà, dans son ministère, l’écriture inclusive est à l’honneur,
comme au conseil économique et social !… Je crains que l’entreprise ne finisse
par aboutir, comme la fausse cause du féminisme a déjà triomphé à d’innombrables
reprises depuis le début du XXe siècle ! Comment pourrait-elle ne pas triompher
de cette règle linguistique et grammairienne, purement utilitaire, aberrante,
sans justification ? À partir du moment où la supériorité d’un sexe sur l’autre
peut résulter d’un simple accord, il est évident que l’accord, la grammaire, et
l’Académie française qui ne comporte en son sein que des hommes, de surcroît vieux
et gâteux, ne pèsent pas lourd dans la balance ! et même le ministre qui mène
une politique de droite… rendez-vous compte il est même d’accord avec Alain
Finkielkraut !
Mesdames, qu’il me soit permis de vous dire,
pour celles d’entre vous qui tiennent à cette énième revendication, ou à toutes
celles qui l’ont précédée, ou à la cause féministe, que vous n’avez décidément
rien compris !
Loin de moi, l’idée de contester vos qualités
intellectuelles l’histoire regorge d’exemples de femmes beaucoup plus
intelligentes que les hommes ! Loin de moi l’idée de contester vos qualités
morales, Antigone et bien d’autres nous ont montré que vous étiez plus
naturellement des héros que les hommes ! Loin de moi l’idée de contester vos
vertus, toutes les saintes de l’Eglise Catholique, à commencer par la mère de
tous les hommes sans laquelle notre religion n’existerait pas, en ont fait la
démonstration ! Loin de moi l’idée de contester que nous autres hommes vous
devons, tout parce que si nous étions seuls sur cette terre, la cause de l’humanité
serait éteinte depuis bien longtemps !
N’en déplaise aux femmes libérées qui me
liront, et me détesteront peut-être ou me voueront aux gémonies, j’en vois déjà
certaines que je connais bien, réagissant face à leur écran, je leur confirme
qu’il me sera toujours agréable de leur baiser la main pour leur rendre
hommage, de les laisser passer devant moi à chaque porte qui se présentera, de
leur rendre les honneurs qui leur reviennent en leur qualité de femmes et de mères.
Je leur confirme aussi qu’il me sera toujours impossible de concevoir les
charmes et la beauté de la vie sans notre complémentarité, notre complicité et
notre amour.
Alors, de grâce, réveillez-vous,
reprenez-vous, cessez de vous culpabiliser idiotement, sottement! Cessez de
vous imaginer que les inévitables inégalités subalternes de la vie puissent
venir atteindre ce qui en fait la substance, la grandeur et la beauté !
N’acceptez pas que l’on réduise vos droits à
de simples règles castratrices de la réalité qui ne sont en rien représentatives de votre valeur. Vous valez mieux que cela !
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