Avant mon billet hebdomadaire je vous propose mes réflexions sur l’incident de la tribune des officiers "rebelles".
Il vire au cauchemar. Les signataires vont être poursuivis. Ils seront sanctionnés. La dernière lettre du Général PIQUEMAL au Chef d'Etat major, nouvelle provocation..., révèle la profondeur du malaise dont on ne sait plus à qui imputer la responsabilité. Que se passe-t-il pour en arriver là?
L’armée rassemble aujourd’hui ce qui se fait humainement de
mieux en France; je le crois profondément. Qui pourrait dire le contraire ? Elle est notre élite ; la seule
qui nous reste !
Qu’il y ait encore des hommes et maintenant les femmes
capables de mettre leur vie en danger pour servir l’intérêt national est un
miracle. Notre armée réunit en son sein des êtres qui sont animés par des
convictions, de l’abnégation, une foi, un altruisme qui nous échappent et font notre
admiration.
Voilà qui doit nous interpeller sur l’état dans lequel se
trouve aujourd’hui notre Nation. Son armée doute. Il est vrai que ce n’est pas
la première fois… En pensant à ces événements je me suis posé la question de
savoir ce qu’aurait fait Élie de Saint-Marc. Rappelons-nous les débats
intérieurs et les désillusions que nos officiers, nos sous-officiers et nos
militaires ont traversé, que ce soit à l’occasion de la guerre d’Indochine ou
de celle d’Algérie. Certes, ceux d’aujourd’hui ne sont pas de la même
génération. Mais ils sont de la même trempe ; de la même qualité. Pour qui
connaît un peu notre armée il est une évidence que dans leurs rangs brûle une
flamme alimentée par le sentiment national. Eux savent dans leurs tripes et
dans leur âme ce que c’est que la France. Ils ne la réduisent pas à nos
fameuses mais inconsistantes valeurs républicaines.
Cette lettre ouverte révèle qu’ils ne comprennent plus la
Nation qu’ils ont la vocation de défendre. C’est ce divorce, déjà entamé il y a
près de 70 ans qui se consomme sous nos yeux.
Si l’on comprend cela, on a les clés expliquant le
malaise dont ce malheureux incident est la première manifestation. Il est
évident que notre chef des armées ne peut pas le comprendre lui qui veut
« déconstruire l’histoire de la France ». De la même manière qu’il
n’a pas pu comprendre ce que Philippe de Villiers voulait lui dire et qu’il
n’avait déjà pas compris Pierre de Villiers son chef d’état-major des armées.
Si cet incident est grave c’est parce que nous savons que
dans les mois, ou les années à venir nous allons avoir à faire face à des
conflits dont les attentats et les guérillas urbaines que nous subissons
aujourd’hui sont annonciateurs.
Nous sommes déjà incapables d’entretenir la flamme de
notre police. Voilà que par nos lâchetés, nos abandons, notre frilosité, nos convictions
défaillantes nous semons le trouble dans le moral de l’armée. Leur appel qui
est le fait d’une minorité, mais d’une minorité significative…, est lancé à
l’intention de nos politiques, de l’État. Il leur demande de prendre conscience
de la situation et d’assumer leurs responsabilités. L’armée a trop souvent vécu
les conséquences de la lâcheté des politiques durant les décennies écoulées
pour n’avoir pas le droit aujourd’hui de tirer la sonnette d’alarme ! À tout le
moins le fait qu’elle tire la sonnette d’alarme, au risque pour ceux qui le font
de se mettre eux-mêmes en péril, doit nous interpeller sur la gravité de la
situation.
Voilà pourquoi plutôt que des rodomontades, des coups de
menton de leur hiérarchie, des postures ridicules et dérisoires de nos
ministres Marlène Schiappa ou Agnès Pannier-Runnacher ou des poursuites
disciplinaires contestables convient-il qu’intervienne une prise de conscience.
Puisse cet appel éveiller nos consciences et particulièrement celles de nos
gouvernants ou de ceux qui postulent à l’être afin que soit sifflée la fin de
la partie pour ceux qui notamment autour de Messieurs Plenel et Melanchon sans rien
comprendre à la gravité de leurs écrits et de leurs paroles jouent un jeu politicien
et anti national.
Soyons attentifs à l’état d’esprit des meilleurs d’entre
nous. La grande muette se met à parler; c'est aussi inquiétant qu'encourageant; nous en reparlerons demain....
Cher Bernard,
RépondreSupprimerpermets moi ces quelques commentaires :
1/ Ce n'est pas l'armée en tant que telle qui s'est exprimée dans cette tribune, mais des officiers généraux en deuxième section, un général rayé des cadres pour avoir participé à une manifestation interdite, et quelques centaines (milliers ?) de militaires retournés à la vie civile depuis fort longtemps.
2/ Concernant les officiers généraux (OGX) en deuxième section (2s), ils demeurent soumis, c'est vrai au devoir de réserve, même si cela est assez flou, puisqu'ils sont éligibles... Ils sont néanmoins, par cette pétition, sortis du cadre de leur statut.
3/ En outre, il existe des structures de réflexion (par exemple l'association de soutien de l'armée française (ASAF), le groupe de réflexion des OGX 2s (le G2S)), qui fournissent à la population qui s'intéresse à ces sujets, voire aux élus, des dossiers ou des fiches sur des sujets de Défense.
Il existe aussi dans les états-majors des structures d'études et de prospective chargées d'éclairer les cabinets. Le rôle des états-majors est bien aussi d'envisager les différents scenarii auxquels il convient de se préparer. Ce serait faire injure à nos états-majors et à leurs chefs de croire ou de faire croire que toutes les hypothèses ne sont pas étudiées en regard de l'évolution des menaces.
3/ C'est pourquoi je considère que cette tribune est malvenue, et que ses signataires sont sortis de leur rôle. Il n'appartient pas en effet aux militaires - de surcroît en retraite, donc peu au fait des dossiers en cours - de s'opposer de front aux politiques.
Il me semble en outre contreproductif de leur part des les traiter d'incapables (car c'est bien l'objet de cette tribune), alors que les états-majors ont besoin de leur confiance...
4/ Pour ce qui est des réactions des uns et des autres selon leur positionnement politique, il n'y a pas de surprise, notamment concernant la mauvaise foi de certains : il n'est nullement fait appel à l'insurrection ni à l'intervention des armées dans les banlieues, le texte dit en substance qu'en cas de survenance de guerre civile, les armées seraient chargées d'une mission difficile... Une mission, c'est le terme employé, est fixée aux militaires par le pouvoir politique. C'est faire preuve d'ignorance crasse que de croire que les officiers d'aujourd'hui aient des velléités de prendre le pouvoir !
5/ Pour ce qui est des sanctions enfin, s'il y a des militaires d'active dans les signataires, il convient en effet de les punir. Quant aux militaires en retraite, je ne vois pas ce qui pourrait leur appliqué comme sanction statutaire... Quant aux OGX (2s), leur mise à la retraite et leur radiation des cadres demeure une sanction symbolique...
Personne ne peut empêcher qui que ce soit de réfléchir et de se faire son opinion sur l'évolution de notre pays et sur les dangers qui le menacent,.
Il appartient aux chefs militaires d'active d'appeler l'attention des politiques sur celles-ci ; et si des experts peuvent concourir à éclairer les états-majors, ce n'est pas le rôle des retraités que de prendre la parole collectivement..
CR
Merci beaucoup pour ces précisions qui éclaireront mes lecteurs. Il reste que comme j'ai essayé de l'exprimer cette tribune, comme les réactions selon moi inappropriées de la ministre et du CEMA, révèlent un profond malaise au sein de l'Armée...
RépondreSupprimerAu sein de la société sans doute, au sein de la classe politique à l'évidence, au sein de l'Armée stricto sensu, je ne crois pas, et n'en vois pas de signe.
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