L'identité nous poursuit. Nationale. Sexuelle. Culturelle. Communautaire. Religieuse. Elle est partout.
J'ai été invité à écouter l'interview donnée hier matin
par Julia de Funès au sujet de son dernier livre le siècle des égarés.https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-grand-face-a-face/le-grand-face-a-face-du-samedi-05-novembre-2022-3303502 Comme l'invitation vient d'un être cher et qui me lit, je relève le gant et vais donc évoquer ce que
j'ai entendu sans toutefois avoir lu le livre, ce qui est peut-être un tort…
J'ai tout d'abord été séduit par la notion d'obsession identitaire et
par le fait que l'identité individuelle dont chacun cherche à s'affubler est un égarement. L'auteur n'hésite pas à dire qu'avec cette notion identitaire « on
ne s'en sort pas…, rien ne marche… ». L’identité est un concept hasardeux et
incertain dont le dictionnaire donne des définitions contradictoires comme d’une part « Caractère de deux êtres ou
choses qui ne sont que deux aspects divers d'une réalité unique, qui ne
constituent qu'un seul et même être » et d'autre part « Caractère permanent et
fondamental de quelqu'un, d'un groupe, qui fait son individualité, sa
singularité »...
Jusque-là tout va bien.
La question de l'identité de la femme est très vite arrivée dans la discussion à propos de l'une des confusions entre être et devenir qui serait à l'origine de l'obsession identitaire. Julia de Funès explique que l'on s’enferme dans un conflit de postures impossible à solutionner. Ainsi pour l'opposition entre une personne transsexuelle affirmant qu’elle est ce qu'elle a entendu devenir et un interlocuteur lui opposant qu'elle demeure et reste celle qu'elle fût à sa naissance. Pour Julia de Funès Simone de Beauvoir aurait apporté la solution avec une notion incontournable et déterminante: la distinction entre "l'être substance" et "l'être devenir". Il y aurait selon l’invitée une forme de dualité au sein de chaque être entre son corps biologique et son corps historique, entre sa substance et ce qu'elle devient justifiant ainsi le délire transformiste tout en le désolidarisant de la prison identitaire.
Mais que tout cela est compliqué !
Pourquoi avons-nous besoin de nous malmener avec des
concepts schizophréniques ?
Julia de Funès est séduisante et intéressante lorsqu'elle
nous explique que cette obsession identitaire est une idéologie qui repense et
transforme la réalité à partir d’une idée. Toutefois elle nous laisse sur notre
faim lorsque, pour des raisons que je cherche toujours à comprendre et que je
crois devoir deviner dans son souci d'être moderne, elle décide d’adhérer aux fondamentaux
de la philosophie universaliste. L'universalisme philosophique repose je le
rappelle sur l'idée, née au XVIII e siècle des Lumières, que les humains sont
supérieurs à toutes les autres créatures, du fait qu'ils disposent de la raison
et de la parole et qu'ils peuvent s'organiser entre eux et s'accorder au mépris
des contraintes du réel. Pour ce courant la réalité est ce que l’on en fait. Ce
qui rend possible « On ne nait pas femme, on le devient » de
Simone de Beauvoir.
Pourquoi vouloir à tout prix justifier le transformisme - qui n'est qu'un avatar du modernisme - au prix d'acrobaties intellectuelles totalement absconses ?
Le problème de l'obsession identitaire n'est-il pas
beaucoup plus facile à résoudre avec les principes aristotéliciens et thomistes ?
· La
notion d’être et le principe d’identité ; toute chose est ce qu’elle
est... et n’est pas ce qu’elle n’est pas ! Le tout couronné du principe de
non-contradiction.
· La
distinction entre l’essence et l’existence. Qu’est-ce que c’est ? Quelle
est la nature de cet être qui existe ?
· La
distinction entre la substance et les accidents ; la première étant le
sujet des seconds.
Sur ces notions je vous renvoie par exemple à l'excellent petit livre de Claude Paulot SCIENCE et CREATION.
Il me semble pourtant que cette idée de base et de bon sens
que « la nature est ce qu'elle est » devrait être particulièrement à
la mode par les temps qui courent, vu qu'elle est fondamentalement écologique.
Il devient ainsi évident que l'obsession identitaire avec
ce qu'elle traîne derrière elle comme délires, par exemple le wokisme que Julia de Funès se croit obligé de ne pas attaquer frontalement..., est en
réalité fondamentalement contraire à la nature de l'homme et aux lois de la
nature tout court.
Pourquoi donc ce besoin de devenir un autre que celui que
l'on est et de le justifier si on ne l'éprouve pas soi-même ? Pourquoi poursuivre à tout prix ces phantasmes qui nous
entretiennent dans un déni de la réalité ?
Le fond de l'affaire me semble malheureusement
relativement simple. La modernité, la science nous ont dotés d’un pouvoir
extraordinaire de transformation de l'univers au risque de nous perdre et de le
dénaturer voire de le détruire. Ce pouvoir nous fascine. Nous ne parvenons pas
à y renoncer. Nous sommes irrésistiblement aveuglés par la convoitise, l'envie,
le désir, la puissance. Nous cherchons dès lors par tous les moyens à justifier
l'exercice de ces prérogatives prométhéennes, y compris lorsque nous parvenons
à des impasses comme le constate Julia de Funès. Nous cherchons alors à tout
prix à inventer de nouveaux concepts, de nouvelles élucubrations
intellectuelles, pour rester dans la logique d'assouvissement de notre désir de
puissance, bien qu’il nous conduise dans une impasse dont nous voulons nous
convaincre qu’elle n’en est pas une.
C'est comme cela que s'explique également l'incohérence
de tous les mouvements écologistes, féministes, wokistes et autres qui ne font
que manier des concepts contradictoires et mener des combats qui ne le sont pas
moins.
Revenons au bon sens et à la simplicité.
Il suffirait paradoxalement de mettre en œuvre le principe
d’identité pour sortir des impasses identitaires du conformisme moderniste !
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?
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