L'écume du temps nous submergerait-elle? Nous aveuglerait-elle?
À force d’émissions d’information continue, d’échanges
sur les réseaux sociaux, de diffusions sur des blogs divers et variés parmi lesquels
je me compte, nous nous imaginons avoir une prise réelle sur les événements. En
réalité, il n’en est rien. Les tribulations nationales comme internationales nous
échappent. Le cours de l’histoire est d’un autre ordre.
Il y a un côté pathétique dans notre acharnement, et je
me vise le premier, à soutenir contre vents et marées le bien-fondé d’une
civilisation moribonde avec le secret mais vain espoir qu’elle puisse renaître
de ses cendres telle que nous l’avions connue. Ce théâtre des ombres est affligeant
et inutile. Il nous occupe, nous distrait et nous dissuade de remplir notre
rôle véritable. Il est également vain de voir des journalistes de qualité continuer
de s’époumoner à nous entretenir dans un combat soi-disant conservateur qui n’a
d’énergie que pour admirer le passé et déplorer le présent.
La logique voudrait que je mette dès lors un point final
à ce blog et que je cesse de vous importuner semaine après semaine en vous
proposant de partager des réflexions qui relèvent de ce tintamarre.
Il y a néanmoins mieux à faire. Je ne vais pas écrire pour la énième fois que
nous devons assumer notre rôle au quotidien, résister, refuser le mensonge.
Rôle indispensable. Incontournable. Vital. Mais non suffisant. Il s’agit d’imaginer
et de soutenir les réactions positives, de quelque bord qu’elles viennent, qui
tendent à soutenir notre survie commune. Je suis littéralement sidéré de voir
combien le camp révolutionnaire continue de poursuivre son utopie, de la
soutenir, d’essayer de l’imposer même par la force. Il n’y a qu’à voir l’abnégation
de la gauche radicale française avec ses multiples talents qui se sent portée
par un souffle initié il y a plus de 2 siècles, celui de la révolution. Elle n’a
d’ailleurs pas manqué via le journal l’humanité de claironner haut et fort son
attachement à 1793 (sic !) à l’occasion de son 230e
anniversaire.https://mail.google.com/mail/u/0/#inbox?projector=1
Pour sa part le camp conservateur n’a aucune imagination.
Il pense encore pouvoir revenir en arrière. Il est
nostalgique, parfois de manière magnifique et admirable. Mais son propos
ressemble de plus en plus au chant du cygne, battu d’avance. L’œuvre de
destruction est en route ; comment pourrait-elle s’arrêter ? Et quand bien même
s’arrêterait-t-elle, comment reconstruire un édifice totalement ébranlé sans
repartir à zéro ?
Il ne s’agit pas d’abandonner la défense des principes de fond, abstraits de la réalité avec notre intelligence et notre expérience historique. Il s’agit en revanche de s’abstraire de leur mise en œuvre concrète au long du temps qui s’est écoulé et d’écrire à partir d’une feuille blanche. Proposer du nouveau non pas avec de l’ancien mais du durable et de l’éternel, avec des pierres vivantes. IPour cela il faut avoir les idées claires, il faut des convictions, il faut de l’ouverture d’esprit, il faut de la charité, du désintéressement.
La terre va continuer de tourner tant que Dieu le voudra
bien. Il nous revient d’agir dans ce temporel qui est nôtre !
Pour cela il faut admettre que beaucoup de nos soi-disant acquis sont dissous. Il faut avoir l’audace et le courage de l’admettre et surtout de faire le tri entre ce qui relève de l’accidentel et ce qui relève de l’essentiel, sans sombrer dans l’idéalisme. Méthode altruiste, dégagée des réalités et de leurs contraintes comme des idéologies seule à même de résoudre les problématiques particulièrement complexes auxquelles nous somment confrontés.
Prenons un premier exemple, celui du sujet de l’habillement
et de notre confrontation avec l’islam et ses propres pratiques. J’ai vu passer
sur un réseau social le message d’une mère de famille s’inquiétant de ce que sa
fille adolescente ne puisse avec ses copines se faire bronzer sa poitrine sur la plage sans être
agressée par des jeunes musulmans les invitant à se couvrir décemment. Si nous
restons au niveau du prurit du plaisir, de la mode, du caprice, de l’envie, du
désir nous ne pouvons pas résoudre cette équation. La réponse n’est
pas dans un droit soi-disant acquis d’exposer son corps au vu et au su de tout
le monde qui ne peut en aucun cas servir de fondation à la renaissance d’une
civilisation quelle qu’elle soit. Illustration: https://www.slate.fr/story/215003/topless-seins-nus-plage-femmes-atteinte-pudeur-liberte-changement-discours-droitesAu même moment devant le conseil d’État une
association de sportives musulmanes est en passe d’obtenir le droit de porter
le voile pour pratiquer leur sport. https://www.lepoint.fr/justice/voile-dans-le-foot-le-conseil-d-etat-ne-dit-pas-non-26-06-2023-2526271_2386.phpPour cela la réponse n’est pas dans une
conception étriquée et dénaturée de la laïcité. Ce qui manque? Le sens de la pudeur civilisatrice,
du vêtement décent, adapté, digne, respectueux sans prosélytisme aveugle ni bêtise libératrice de rien.
Sur le plan international un ami m’a partagé une dépêche
provenant du Cameroun dans laquelle un politologue constatait à regret que la
France ne se manifestait concrètement vis-à-vis de son pays que pour promouvoir
les idéologies LGBT alors que des pays comme la Chine, l’Inde ou la Russie leur
propose des aides beaucoup plus concrètes et répondant à des besoins réels, non
idéologiques. https://jeune-nation.com/actualite/geopolitique/lambassade-americaine-a-beyrouth-hisse-le-drapeau-lgbt-arc-en-cielSavoir quelles vraies valeurs nous devons porter et diffuser.
Je pourrais multiplier les exemples.
Oui nous devons retourner à l’essentiel.
Nous avons besoin d’idées fondatrices, vertueuses,
positives, capables de constituer les fondations de la vie commune de demain.
Pour cela, l’ensemble de ceux qui prétendent s’opposer aux démolisseurs d’inspiration
révolutionnaire doivent accepter leur défaite temporaire, leurs incohérences et
leurs contradictions. Ils doivent accepter pour les uns que l’ordre nécessaire
à la reconstruction ne ressemblera pas dans sa configuration extérieure à celui
d’il y a encore quelques décennies et dont ils rêvent encore du retour, et pour
les autres que leur confort idéologique d’aujourd’hui est tellement fragile qu’il
ne peut lui non plus pas permettre la reconstitution d’un nouveau commun
suffisamment fort pour rendre sans objet les velléités idéologiques et
révolutionnaires de tous ceux qui se battent de manière exclusivement négative.
Il y a au moins un mérite à la situation actuelle c’est
que le camp révolutionnaire a lui-même compris que la réalité lui résiste et
lui résistera toujours. Il sait lui mieux que les conservateurs de tout poil ce
qu’il doit absolument démolir alors que ces derniers s’époumonent dans des
combats d’arrière-garde ou des tentatives de sauvetage vouées à l’échec parce
que étriquées, passéistes et manquant de souffle.
Une dernière remarque. Le livre de Laurent Dandrieu
"ROME OU BABEL" que j’ai déjà cité fait ressortir combien la France
en tant que nation chrétienne a une vocation particulière. À sa manière Sonia Mabrouk
le souligne aussi à propos du sacré. Croyants ou incroyants les Français
peuvent avoir une certitude, leur nation, mère de la politique dans la lignée d’Athènes,
de Jérusalem ainsi que de Rome, a une place à part. Un destin ? Pour les
croyants elle est par surcroît la nation chérie de Dieu, de Notre-Dame sous la
protection desquels elle a été placée ainsi que sous celle de sainte Jeanne d’Arc
avec cette particularité pour cette dernière que ce fut notamment sous l’impulsion
des plus laïcards de nos républicains. Là encore, il faut savoir aller à l’essentiel
et ne pas s’en tenir à l’écume du temps.
Voilà ce dont il faut témoigner aujourd’hui, ici et
maintenant, et, j’ose l’écrire, pour l’éternité. L’heure n’est ni aux
demi-vérités, ni à la fébrilité, ni à l’obscurantisme... il s’agit de chercher
la lumière.
Cher Bernard, j'apprécie le sens et la profondeur de tes propos ; permets-moi de retranscrire un texte du IXè siècle rédigé par Lothaire II et lu à l'occasion de la très belle expo sur la Lotharingie actuellement à Draguignan: "un règne chancelant de ce monde est semblable au mouvement d'une roue qui tourne selon l'avis des sages. Car chaque tour d'une roue tantôt fait passer en bas ce qui est en haut, tantôt ramène vers le haut ce qui est en bas ; c'est de la même façon que la gloire d'un royaume terrestre connaît soudain la grandeur, soudain la décadence. De même en effet que l'arc-en-ciel, qui peint diverses parures dans la courbure de son arc, s'efface rapidement, de même, c'est sûr, la dignité de la gloire terrestre, toute parée qu'elle soit pour le moment, est pourtant on ne peut plus fugace".
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