dimanche 9 juin 2024

IDOLATRIE DES ELITES ?

La meilleure façon de préparer les futures élections est de garder un peu de distance et d’essayer de réfléchir à ce qui s’inscrit dans le temps long. L’une des caractéristiques de l’attitude de nos élites n’est-elle pas l’idolâtrie ? Serait-ce l’explication de notre crise identitaire ? A chacun son veau d'or?


Arnold Toynbee le grand historien anglais, souligne le rôle de l’idolâtrie dans le processus de chute des civilisations dont l’élite a perdu le sens de la croissance. Les dirigeants y sont hypnotisés par le « dressage » qu'ils ont inculqué à la base ; la mimésis s'y généralise à l'ensemble de la civilisation. Il n'y a plus nouveauté, adaptation, mais répétition mécanique du passé. La tradition cesse selon lui d'être un rappel stimulant à l'élan créateur pour se cristalliser en répétition figée et idolâtrique d'un passé éphémère, d'une institution, d'une règle, d'un outil.

Tentons de replacer cette analyse dans notre perspective.

Idolâtrie du passé glorifié. Alors que nous ne savons plus tirer les leçons de l’histoire nous avons tendance, en fonction de nos partis pris et de nos convictions, à placer nos espoirs dans un impossible retour en arrière ou dans une mythologie de certaines pages au mépris d’autres. Vrai à tous les étages. Il suffit d’écouter les uns et les autres.

Idolâtrie d’institutions pourtant éphémères. A cet égard l’Europe est un parfait exemple. Celui qui est contre la construction actuelle des institutions européennes est de facto accusé d’être contre l’Europe. N’en est-il pas de même avec la V° République ou tout simplement avec un système démocratique à bout de souffle ?

Idolâtrie des techniques qui nous enferme dans le culte du progrès. Le même Arnold Toynbee souligne qu’il n’y a jamais eu corrélation entre les progrès techniques et ceux de la civilisation. L’histoire confirme effectivement cette absence de lien. Or nous sommes convaincus des vertus des progrès de la science, devenue source nécessaire et inéluctable du bonheur.

Nos élites mêlent idolâtrie et mimétisme. Elles sont en panne d’énergie créatrice et paralysées dans l’accomplissement de leur rôle face aux défis auxquels les hommes doivent répondre individuellement et collectivement. Phase d’effondrement plutôt que de renaissance ? Les prolétariats extérieurs et intérieurs (je reprends les notions utilisées par Toynbee) issus de ce processus par la violence des élites stériles peuvent-ils encore trouver la solution ? Où sont les clés ? Qui les détient ?

Voilà de quoi réfléchir aux causes de la crise que nous traversons et essayer de préparer l’avenir.

Ceci étant et pour revenir au tremblement de terre provoqué par notre président transformé en joueur de poker, une question me semble s’imposer vu la sidération d’une classe politique qui est prise au dépourvu. Allons voir se faire l’union des droites face a la nième tentative de reconstitution de l’arc républicain (nouvelle version du cordon sanitaire)? La droite française restera-t-elle la plus bête du monde?

Nous saurons vite s’il y a encore en France une élite digne de ce nom….

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