dimanche 17 novembre 2024

LE PEN ET LE RN: FIN DE PARTIE?

Les réquisitions du Procureur de la République dans le procès de Marine Le Pen ont été présentés comme un coup de tonnerre. Marine Le Pen a joué les étonnées.


Je regrette de n'avoir pas écrit un billet pour prendre date car pour ma part j'étais persuadé qu'il en serait ainsi et je pensais même que Marine Le Pen et le Rassemblement national avaient en réalité intérêt à accélérer les événements politiques de manière à provoquer des élections présidentielles anticipées avant qu'une condamnation ait pu intervenir.

Tout est logique.

A la base, il y a les irrégularités commises, même discutables dans leur gravité, qui sont à l'origine des poursuites.

Il y a aussi et surtout le fait que le système ne peut pas accepter que Marine Le Pen devienne présidente de la République même si celle-ci a entrepris de se dédiaboliser. Je n'ai pas vérifié si elle fut sur le mur des cons; mais elle en est assurément la figure centrale, emblématique, bien plus que d'autres comme le président Nicolas Sarkozy ou François Fillon.

Tout est verrouillé. La bien-pensance gouverne les esprits. C'est le règne de l'"entre soi". Les ennemis déclarés doivent rester rejetés au ban de la République. A défaut le système perdrait sa dernière légitimité. Rappelez-vous le front républicain lors des élections législatives. Le système se protège. Il ne tient plus debout que par son anti Le Penisme parce que Jean Marie Le Pen a commis, avec ses outrances et ses défauts, mais aussi sa lucidité et sa clairvoyance, le péché originel de le défier.

La dédiabolisation de Marine Le Pen est et restera inopérante quels que soient ses renoncements.

Revenons au procès. Il reste maintenant à voir ce que sera la stratégie de défense face au réquisitoire de l’une des deux magistrats du parquet qui a commis une faute grave et caractérisée vis-à-vis de son obligation d’impartialité. En effet la Procureure « a reconnu qu'elle n'avait pas grand-chose pour déterminer l'illégalité de ce contrat et a eu cette formule. "Je ne peux pas demander une relaxe [partielle]. Ça me ferait trop mal. Je m'en rapporte donc [à la décision du tribunal]… »

Elle a ainsi avoué manquer totalement d’impartialité alors que le code de déontologie des magistrats stipule :

 « Le magistrat du parquet doit veiller dans la direction et le contrôle des enquêtes à ce que les investigations soient menées de manière impartiale, à charge et à décharge, dans le respect des droits de chacun.

En exerçant le contrôle de la proportionnalité des actes d’enquête et de la loyauté dans l’administration de la preuve, il démontre son impartialité.

Il en va de même dans l’exercice de l’action publique et des réquisitions qu’il prend pour l’application de la loi. »

Les avocats de Marine Le Pen n’ont pas réagi lors du prononcé de ce réquisitoire. Tout le monde s’est outré a posteriori. Pas d’incident ! Alors que bien des avocats auraient bondi du banc de la défense pour saisir au vol de paroles indignes et intolérables, que personne ne pouvait justifier à chaud, sur le vif.

La défense va-t-elle néanmoins s’engouffrer à froid dans cette brèche afin de tenter de déstabiliser la juridiction, même si les magistrats du siège ne sont pas en cause ? Certes des poursuites disciplinaires peuvent-elles être demandées ; mais cela ne changera rien au déroulement du procès alors qu'il est vicié dans son principe puisque le parquet est de parti pris.  Sans enquête pas de procès pénal. Sans réquisition du Ministère Public pas de procès pénal. Que devient le procès pénal si le Parquet manque à son devoir d'impartialité ?

Que fera la défense face à cet outrage ? Créera-t-elle un incident obligeant le Tribunal à se prononcer sur les conséquences de ce manquement intervenu lors de l’un des actes majeurs et nécessaires de ce procès : à savoir les réquisitions orales du Ministère Public ?

J’en doute, alors que même si la porte est étroite, vu que les dés sont pipés d'avance, la défense n’a selon moi pas d’autre choix que la rupture et le refus de la stratégie de la connivence.

Mais Marine Le Pen veut rester un personnage « lisse » et respectueux des institutions qui ne la respectent pas.

Sauf qu'elle n’est pas Donald Trump et les français ne sont pas les américains…

Cette stratégie de loyauté ne peut pas aboutir devant un adversaire qui est prêt à tout.

Elle sera condamnée. Ne serait-ce qu’en vertu de la jurisprudence Bayrou qui n’a dû sa relaxe qu’à l’impossibilité pour le parquet de prouver qu’il savait ce pourquoi les autres prévenus ont été condamnés et que Marine Le Pen a pour sa part fait le choix d’assumer ! Et il faut dire que sur le papier le dossier n'est pas excellent au regard des textes, de la jurisprudence et du contexte.

Elle sera condamnée à une peine d’inéligibilité compte tenu de son caractère « théoriquement obligatoire » sauf décision spécialement motivée qu'il semble vain d'espérer.

Et si l’exécution provisoire n’est pas prononcée l’appel sera jugé avant les prochaines élections présidentielles, à moins que celles-ci ne soient avancées….

Chers amis, tout ce qui se passe sous nos yeux est dérisoire mais révélateur. C'est le théâtre des ombres.

Non, rien ne peut sortir de bénéfique d’institutions qui ont été détournées du service du bien commun des français et dont le fil conducteur n’est plus la France.

Marine Le Pen sera écartée. Le RN aussi. Et si un jour ils arrivaient malgré tout au pouvoir, à la surprise générale ils serviraient le système qu’ils ont combattu ; j’en veux pour preuves leurs positions sur la question européenne. Gouverner le pays nécessite de rompre avec le système actuel. Comment servir le bien commun sans le remettre en cause? La dédiabolisation est un renoncement. On tourne en rond sur le fond musical de la rengaine des principes républicains et de l'état de droit.

Faudra-t-il que Jean-Luc Mélenchon finisse par être élu pour que les « bien-pensants » comprennent que cela fait des décennies qu’ils sont piégés, neutralisés et manipulés ?

 

 

 

 

6 commentaires:

  1. Je vous rejoins totalement sur l'ensemble et les détails de votre article, mais alors je ne vois pas d'autre sortie que "virer" le système, c.a.d. la révolution...
    Bernard

    RépondreSupprimer
  2. Il convient de soutenir S Knafo et/ou /M Maréchal!! Elles n’en en ont rien à faire du piège de la de diabolisation!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. L’anonyme est Philippe Muret, pardon!

      Supprimer
    2. La marche ( > 50%) est trop haute ,et les lobbies et autres associations , officielles, ou officieuses , " veillent au grain " !

      Supprimer
  3. Nous sommes victimes, comme aux USA, de l’Etat profond…
    CR!

    RépondreSupprimer

Commentez cet article et choisissez "Nom/URL" ou Anonyme selon que vous souhaitez signer ou non votre commentaire.
Si vous choisissez de signer votre commentaire, choisissez Nom/URL. Seul le nom est un champ obligatoire.

Retrouvez mes anciens articles sur mon ancien blog