MON ETE AVEC CHARLES PEGUY (8): ACTUALITE DE SA REFLEXION SUR LE TRAVAIL

Il y a une actualité de Péguy. Criante. Sa réflexion déjà évoquée sur l'argent et le travail. C'est illustré par nos déchirements autour des modalités du redressement dont la France a un urgent besoin.

(Image créée par l'IA)

Nous vivons une crise sans précédent du travail. Il n'a plus de sens. Il n'est plus le moyen de se constituer un patrimoine voire même de nourrir décemment sa famille. Il ne suffit plus pour vivre et faire vivre ceux dont on a la charge. Il est pénalisé. Il est dévalué. L'idéal est le loisir. Le travail bien fait est ringard. La France se divise autour du travail entre ceux qui l'exercent et ceux qui profitent ou sont accusés de profiter du travail des autres. La polémique du jour sur les "boomers" en est l'illustration. Ce délitement est aggravé par la financiarisation de l'économie, l'automatisation et le développement de l'IA, voir de la "GIG Economy" (l'économie des petits boulots). 

Ce constat est partagé de manière très majoritaire parmi nos concitoyens.

Ces débats dépassent très largement les théories marxistes de l'exploitation.

Le travail ne disparaitra pas pour autant….

Nous allons devoir nous retrouver autour d'un vrai consensus sur le travail source de richesse et d'épanouissement de l'individu. A défaut c'en sera définitivement fini du pacte social comme les divisions et les polémiques actuelles peuvent le laisser présager.

Aujourd'hui tout s'achète, même la guerre et la paix, ce dont le conflit en Ukraine est une illustration topique.

Péguy dénonçait déjà l’argent qui gagne de l’argent pendant que le travail se déprécie. Il fut radical dans son diagnostic: « Choisir le plaisir et l’argent, c’est se refuser au travail. » (L’Argent, 1913). " L'argent devenu maître à la place de Dieu/ Tout se vend et s'achète et se livre et s'emporte" (EVE)

Ses pages sur le travail manuel, sur la réalité charnelle du travail, sur sa beauté et sa spiritualité, sont une source bénéfique de méditation et de réflexion.

Cela devrait nous aider à nous refonder collectivement et économiquement sur une conception actualisée et novatrice du travail, de la richesse, du temps et de l'argent.

L'analyse de Péguy rejoint la doctrine sociale de l'Eglise Catholique. Je citerai deux textes essentiels: "RERUM NOVARUM" dont nous savons qu'elle inspire SS la Pape Leon XIV, mais aussi "LABOREM EXERCENS" de Saint Jean-Paul II qui définit le travail en ces termes: le travail est l’activité par laquelle la personne humaine, image de Dieu, participe à l’œuvre créatrice en transformant le monde et en se réalisant elle-même, la dimension subjective de l’homme primant sur l’objectif : le travail est pour l’homme, non l’homme pour le travail.

Ce message, cet idéal chrétien évoqué par Judith Cabot en conclusion de sa carte blanche "Le règne de l'argent" parue dans L'HOMME NOUVEAU, qui sous-tend la réflexion de Péguy devrait nous permettre de retrouver les termes d'une politique dont Péguy n'aurait pas nié qu'elle fut inspirée par une mystique digne de ce nom !