dimanche 17 mars 2019

GRAND DEBAT: ET SI ON SUPPRIMAIT LES PARTIS POLITIQUES?


La France s'enfonce dans la violence et l'incompréhension... Que nous dit l'image des gilets jaunes faisant des selfies devant le "FOUQUET'S dévasté au moment de marquer la fin du grand débat? N'est-il pas temps de se poser la question de savoir où est passée la pensée ? Et plus encore de se demander pourquoi notre fonctionnement démocratique s'interdit toute forme de pensée politique véritable.


Une anecdote pour commencer. Alors que je cherchais à comprendre pourquoi on avait prélevé 75 € sur la dernière échéance de la retraite de ma belle-mère qui n’est pas imposable, je me suis vu répondre par l’employé de la MSA que j’avais fini par avoir au téléphone qu’un système informatique était en train de réfléchir à l’impact des revenus 2018 sur le système de prélèvement à la source !

C’est un système informatique d’intelligence artificielle qui est en train de travailler sur l’interprétation des retours des Français à l’occasion du grand débat. Il va faire le tri. Non pas du bon grain et de l’ivraie…, mais de ce qui aura été majoritairement énoncé sur chacune des questions posées par le Président de la République dans sa lettre aux Français. L’algorithme a été conçu sur cette trame. Il n’innovera certainement pas… Il ne pourra pas faire œuvre de pensée…

Alors que les Français sont à la recherche de leur identité, du sens de leur vie commune, de la direction dans laquelle ils doivent aller pour leur bien on s’apprête à leur répondre avec des données passées à la moulinette d’un algorithme prédéterminé qui par nature ne fait aucune différence, n’a pas de subtilité, est incapable d’avoir la moindre imagination.

Au même moment Henri Guaino rappelle dans l’introduction de son dernier livre Ils veulent tuer l’Occident que les idées mènent toujours le monde. Réalité importante à souligner, que nous avons tendance à oublier à l’heure du matérialisme, du tout économique, de la mondialisation. Oui ce sont encore les idées qui déterminent l’orientation de nos politiques et de notre vie publique. Plus que jamais… Mais où sont les idées dans le traitement de la masse des données du grand débat ? Les idées ne peuvent être, ne sont que chez nos gouvernants. Emmanuel Macron a des idées ! 

Mais « les gilets jaunes » ont préempté le débat sur fond de revendications corporatistes qui expriment autant qu’elles cachent le mal-être profond du pays. Et le pouvoir s’apprête à en traiter les effets en refusant de remonter aux causes. Il en est ainsi parmi tant d’autres de la question emblématique de l’immigration comme le montre l’analyse de Laurent Obertone dans « la France interdite ». Il va continuer de gouverner sur ses idées tout en essayant de calmer les esprits de manière factuelle, faciale. Et pour ce faire nos élites s’ingénient à conserver leur mainmise sur le pouvoir.
 
Le débat politique est ainsi construit pour empêcher la pensée de se développer. Il l’interdit ! C’est pour cela que Simone Weil écrivit son fameux texte « sur la suppression générale des partis politiques ». Pour elle un parti politique est « une machine à fabriquer de la passion collective ». C’est « une organisation construite de manière à exercer une pression collective sur la pensée de chacun des êtres humains qui en sont membres ».

Alors que les esprits s’accordent à reconnaître que la crise que nous traversons plonge ses racines dans des problèmes de fond, essentiels, on va nous faire une fois encore chercher notre salut dans des remèdes traitant l’écume de la crise, de ses effets. 

Or, s’agissant de la démocratie particulièrement en crise aujourd’hui, dont il est à craindre qu’elle finisse par être mise en parenthèse si nous continuons à tourner le dos à la respiration profonde de notre peuple, il serait temps de se demander comment il est possible de la faire vivre et de permettre à la pensée de s’y éclore, de s’y développer et d’y être l’outil d’identification et de mise en œuvre des solutions à nos problèmes politiques.

Parmi les moyens de faire revivre la démocratie l’idée soumise par Simone Weil n’est certainement pas à sous-estimer même si elle peut apparaître choquante tant nos esprits sont inféodés à la conception viciée de la démocratie qui préside.

À n’en pas douter, elle provoquerait l’ire de nos politologues, de nos analystes, de tout ceux qui se nourrissent de ce système clanique enfermé sur son souci de survivre contre vents et marées. Ne répond-elle pas à l’une des critiques de fond formulées par les Français à l’endroit de leur classe politique ? Ne constituerait-elle pas un préalable indispensable au sauvetage de notre Nation?

Voilà une réforme reposant sur une idée que l’intelligence artificielle ne reconnaitra pas et qui quelle que soit son utilité ne verra pas le jour dans l’immédiat …. Quelle occasion manquée pour le grand débat !

1 commentaire:

  1. On peut faire une partie du chemin en divisant le nombre d'élus dans les différentes instances politiques et aussi le nombre de fonctionnaires en privatisant un grand nombre de services

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