La politique n’a plus rien d’un
art…et dire pourtant qu’il y eut un art politique français ! Autre époque…
Or voilà qu’un jeune
professeur de droit public publie « la
demeure des hommes » qui est une ode à l’art politique. Son
sous-titre : « Pour une politique de l’enracinement ». Son auteur Paul-François SCHIRA est un « gamin
de 28 ans » qui signe là son premier essai, un véritable traité politique pragmatique
nourri de réalisme intégral et affranchi d’idéologie. Antimoderne ! Serait-il anachronique ? Nenni ! Il
incarne, il positionne, il met en scène après avoir analysé les pièges, les
paradoxes et les incongruités de ce que nous appelons le système. Un système
qui n’a plus de mystère après qu’on l’ait lu. Il nous aide à comprendre les
raisons, les fondements, les origines, les explications de tous ces murs d’incompréhension
et d’intolérance sur lesquels nous nous fracassons si souvent de manière collective…
Quelle est sa thèse ? Elle se décline en quatre temps.
Le spectre de l’esprit
totalitaire.
Face aux attentats de 2015 notre
pays a été incapable de répondre à la quête de sens de nos agresseurs sur
laquelle nous jetons le voile de l’incompréhension. Infestés par le salafisme
islamiste, ils se sont retournés contre leur propre peuple, leur nation, contre
nous. Des français se sont ralliés à un totalitarisme de même nature que ceux
dont nous pensions nous être débarrassés et que nous ne cessons de dénoncer. Il
est vrai que nous avons décidé de marquer du sceau de cette même infamie
totalitaire la référence au tout, au sens, à l’appartenance, à la finalité
collective qui seule serait à la hauteur du défi lancé. Guerre du « nous »
et des « je » … L’Occident s’est désarmé en s’interdisant de proposer
du sens, de l’appartenance et de la reconnaissance. Nos « Moi je » ont
discrédité et désintégré la maison commune.
L’individualisme ou la
destruction du commun.
Nos sociétés occidentales et
particulièrement la France sont caractérisées par leur individualisme. Sous
prétexte de neutralité nous proposons un modèle collectif exclusivement fondé
sur le bien-être personnel, la revendication des « droits de… »,
rejetant tout lien et toute dépendance à l’égard du « nous commun ».
L’auteur démontre combien la disparition des finalités communes qui est une des
conséquences de ce choix nous met dans l’impossibilité de résoudre les
problèmes auxquels nous sommes confrontés. Il souligne ensuite à quel point
cette disparition de finalité détruit le commun et nous soumet, par exemple sur
le plan économique, à la loi de la préemption de la rareté, qui ouvre la course
folle et matérialiste, concurrentielle et compétitive, dans laquelle nous
perdons notre âme.
Paradoxalement, car tout est
paradoxe dans la postmodernité, l’État postmoderne gagne en puissance, bien qu’il
ait perdu en substance. L’État autrefois régulateur devient tutélaire et
omniprésent. Il doit intervenir à tous bouts de champs pour faire advenir la
seule vie bonne admissible, c’est-à-dire l’épanouissement libre et absolu de l’individu,
de la somme des individus dont il a la charge ; lui qui dénonce la
référence au tout comme étant totalitaire… C’est la mort du politique qui se
dénature en la seule administration des choses, une administration hypertrophiée.
Le système interdit le « nous » et impose les « je »
additionnés et érigés en absolu.
Par-delà l’unique et le tout
Paul-François Schira démontre
ensuite comment la liberté est devenue l’outil de la déconstruction de nos
sociétés. Elle n’est plus la recherche humble d’une vérité dont on doute
-quelle est-elle ?- mais qui existe. Chercheur de vérité…. Le postmoderne
a fait sien le cogito (je pense donc je suis) de Descartes. Il a ensuite adopté
le « je veux donc je peux » des positivistes. Il a encore ingéré l’idéologie
de la déconstruction caractérisée par le concept du « no limit » c’est-à-dire
du « pourquoi pas », porte ouverte à la destruction de tous les pans
du « nous » commun ?
Nous avons inversé notre
rapport à la vérité. Au lieu de la chercher, de tenter de l’atteindre, nous
nous la sommes appropriée tout en prétendant qu’elle n’existerait pas.
Paradoxe, vous avez dit paradoxe. À chacun sa vérité. « Je suis ma vérité »
comme un défi au « je suis la Vérité » de NSJC. Chacun doit pouvoir
faire triompher sa vérité dans sa vie, pour lui.
Surgit alors, comme
naturellement, le parallèle entre le totalitarisme et l’individualisme. Hannah
Arendt définit le totalitarisme comme la promotion d’une finalité absolue et la
création d’une communauté artificielle. Création et promotion d’une finalité
artificielle qui passent par l’appropriation de la vérité. Le pouvoir
totalitaire détient la vérité et veut l’imposer. Or l’individualisme est fondé
sur le même principe au niveau de l’individu. Chacun détient sa vérité et
entend organiser sa vie en fonction de cette vérité tout en affichant sa
volonté de neutralité et de pluralisme. Contradiction ? Non. Paradoxe ?
Oui. Ceux-là qui affirment leur neutralité démocratique et républicaine sont
les mêmes qui imposent des lois détruisant les structures du nous sans
lesquelles d’autres ne peuvent plus vivre et s’épanouir…. Les deux phénomènes individualiste
et totalitaire apparemment contradictoires ne sont en réalité que les deux
faces de la même fausse pièce… et l’auteur d’affirmer qu’en réalité la
puissance collective s’est dénaturée en se morcelant en puissances individuelles
ingouvernables, ingérables ; ce gouvernement, cette gestion dégénérant
nécessairement en rapports de domination qui dirigent la vie sociale et politique.
La vie politique en est réduite à l’état d’impossibilité. Le vote et l’élection
ne sont que des coquilles vides dénuées de sens. La perversion ultime de cet
individualisme est de nous faire croire qu’il est le seul à même de lutter
contre les phénomènes totalitaires alors qu’il en est tout à la fois l’un des
aboutissements et l’une des prémices.
Pour une politique de l’enracinement.
Reprenant la logique de son
analyse de cette impasse l’auteur repart de la nécessité de faire prévaloir le « nous »
sur le « je » et donc de développer une politique du tout qui n’est
pas totalitaire. Un tout qui est nécessaire au « je ». Un art
politique de l’amitié et de l’enracinement. Une politique qui a pour objet la
demeure des hommes. La demeure de l’harmonie découverte et recherchée avec la
culture de la discussion et du doute empirique, constructif. Et concrètement il
nous explique comment il lui apparaît que cette politique serait possible dans
le monde d’aujourd’hui…
Ce livre important redonne
le goût de la politique, de la vraie politique….Et si l'art politique français pouvait renaître?
A lire, à réfléchir, à mâcher,
à remâcher, à faire lire, à discuter autour d’un bon repas entre amis, avec une
bonne bouteille dans la chaleur du foyer….
Tout se vaut, il n'y a pas de vérité (cf. affirmation récente du président de la Commission nationale de Bioéthique). Vive la liberté individuelle ! qui ne s'arrête que là où je décide qu'elle doive s'arrêter; Pas de famille, pas de différence entre les "genres"... ni entre les religions, quelles qu'elles soient. Vive le communautarisme et l'initiative populaire ! Vive la chienlit...
RépondreSupprimerC'est vrai que nous sommes mal engagés sur une pente descendante...
Quand on ajoute à cela la démonstration magistrale de Philippe de Viliers dans son dernier ouvrage où il apporte les preuves incontestables du complot ourdi par Jean Monnet, Maurice Schumann, "agents" payés par la CIA pour organiser une Europe sans âme mais ouverte aux capitaux et au commerce américains, et présidée initialement par un ancien nazi, on aura compris, à veille des élections européennes qu'il serait avisé de bien choisir sa liste afin d'éviter les menteurs...
CR