C’était il y a 8 ans… je me lançais dans la modeste aventure
de ce blog.
Je ressentis le besoin d’exprimer ce que je croyais, de contribuer à la transmission autour de ce savoir
qui dure à travers la philosophie, l’histoire et les sciences humaines. Volonté de partager des convictions, des analyses
et des points de vue sur CE QUI SE PASSE. Aller à la recherche de la vérité sur ce qui nous arrive… Ai-je ajouté à
la cacophonie ambiante en apportant une contribution singulière,
modeste et constructive?
Plus j’avance dans cet exercice éditorial plus je ressens
que si tout a toujours été très mal, il n’y a jamais eu autant de raisons d’espérer !
Car paradoxalement les deux vont de pair affranchis d'un pessimisme généralisé
et contagieux et d'un optimisme aussi béat qu’imbécile.
J'ai essayé de comprendre et de trouver. Quels sont les résultats de ces 8 années de pérégrination dans les limbes de l'époque? Y suis-je parvenu? Vous le savez mieux que moi sans doute...
J'ai essayé de comprendre et de trouver. Quels sont les résultats de ces 8 années de pérégrination dans les limbes de l'époque? Y suis-je parvenu? Vous le savez mieux que moi sans doute...
La difficulté est de nous mettre sous la lumière
de la sagesse ancestrale, de manière verticale. Nous manquons de racines et
de verticalité. Quel est le problème de l’homme moderne ? Sa
prétention horizontale. Prétention scientiste,
matérialiste et idéaliste, car toutes ces erreurs vont de concert…
D'où une inaptitude à l'émerveillement car nous refusons le mystère. Il y a un mystère au fond de toute chose, de tout homme. Nous souffrons d'indifférence à l'égard du transcendant. Le transcendant jaillit au-delà de nos connaissances et de nos maitrises. Nous étouffons sous
les explications. Et nous ne voyons plus que « ce qui EST » est d’abord
don et mystère. Nous voulons tout acheter, tout gagner.
Nos vies sont une question posée personnellement à chacun de nous. Une sorte de question continue qui dure une vie entière : que fais-tu de ce que tu es et de ce que tu as reçu ? Nous n’admettons plus que l’univers, la nature, nos vies nous sont offerts. Ils ne dépendent pas de nous. Or même nos parents n’ont fait que nous transmettre la vie… Nous nous comportons en maîtres, toujours plus puissants. Nous courons derrière le progrès comme des moutons de Panurge. Or nous ne sommes que des gérants souvent incompétents, des héritiers ingrats et des « débiteurs insolvables » selon l’admirable formule de Jean Madiran.
Nos vies sont une question posée personnellement à chacun de nous. Une sorte de question continue qui dure une vie entière : que fais-tu de ce que tu es et de ce que tu as reçu ? Nous n’admettons plus que l’univers, la nature, nos vies nous sont offerts. Ils ne dépendent pas de nous. Or même nos parents n’ont fait que nous transmettre la vie… Nous nous comportons en maîtres, toujours plus puissants. Nous courons derrière le progrès comme des moutons de Panurge. Or nous ne sommes que des gérants souvent incompétents, des héritiers ingrats et des « débiteurs insolvables » selon l’admirable formule de Jean Madiran.
Gavés d’explications et d’informations, rassasiés d’une
culture de confection, l’âme desséchée, nous ne réalisons pas comme l’écrit
Sylvain Tesson dans son dernier roman que nous avons perdu notre « fureur de vivre » ! (J’apprécie de plus en plus ce témoin écorché
par son inlassable recherche du sens). Qu’est-ce que la vie ? Pourquoi
sommes-nous là ? Que faisons-nous de nos vies ? Nous ne nous posons
plus la question métaphysique fondamentale, la seule qui vaille ; non que
nous dussions tous être des philosophes… mais simplement par ce que nous sommes
des hommes et des femmes inscrits dans la verticalité qui est quand même le
propre de l’homme ….
Voilà qui me ramène au paradoxe initial de mon billet.
Je repense à la lettre
au Général X d’Antoine de Saint Exupéry. Je persiste à la considérer
comme un texte majeur du siècle dernier. Et pourtant je crois qu’elle pêche par
manque d’espérance. Comme Saint Ex je suis tenté de haïr mon époque de toutes
mes forces -vous avez du souvent m'en faire le reproche!...- alors qu’en réalité je n’ai que le choix de l’aimer de toutes mes
forces ; parce que c’est MA vie; par ce que c’est celle dans
laquelle la providence m’invite à être, celle qu’elle m’appelle à vivre, et à
sanctifier, à ma petite place, avec toutes mes insuffisances et tous mes défauts.
Pour la comprendre, nous avions besoin de la diffraction de la lumière à travers le
diamant de la vérité; cette vérité que nous nous acharnons à ensevelir sous nos prétentions,
nos fantasmes, nos envies et nos désirs. Besoin d'éclaircir, de ne rien
laisser aux mains des flagorneurs, des falsificateurs et des apprentis sorciers…En
tout, par tout et pour tout…
« Tout est notre » clamait Sainte Jeanne d’Arc
à ses soldats !
Tous nos problèmes sont nôtres. Ils sont les énigmes du grand mystère de nos existences. Ce sont les clés de la réponse aux multiples "pourquoi" de nos vies citoyennes. Ils sont donnés aux
hommes et aux femmes de ce temps pour réaliser leur destin, afin de préparer leur « nunc
dimittis ». Saint Augustin ne dit-il pas que "l'homme est une grande énigme" et "un grand abîme"?
Nous avons perdu le sens du destin et de la providence.
Il nous faut nous replacer au centre de notre destinée,
avec ce que cet effort comporte de difficultés et parfois de souffrances. Écoutons les vers éternels de Charles Péguy tirés de la
prière de confidence (La tapisserie de Notre Dame) :
« Par besoin de nous mettre au centre de
misère,
Et pour bien nous placer dans l’axe de
détresse
Et par ce besoin de nous mettre au centre de misère,
Et pour bien nous placer dans l’axe de
détresse,
Et par ce besoin sourd d’être plus
malheureux,
Et d’aller au plus dur et de souffrir plus
creux,
Et de prendre le mal dans sa pleine justesse.
Par ce vieux tour de main, par cette même
adresse,
Qui ne servira plus à courir le bonheur,
Puissions-nous, ô régente, au moins tenir l’honneur,
Et lui garder lui seul notre pauvre
tendresse. »
Portées par cette exigence nos vies auront une autre allure, une autre gueule !
Ne croyez-vous pas ?
Chers amis, nos vies ont un sens ! Vivons-le !
Pensons-le ! Agissons-le ! Ayons la fureur de le vivre! Ce sens est humain, pleinement humain. Il ne
se réduit pas à notre matière qui ne deviendra que cendres au terme de nos
jours. Il est fait d’esprit, de spiritualité, car l’esprit sans Dieu retombe
dans la matière (ce qui explique que matérialisme et idéalisme ne sont que les
produits des mêmes erreurs). Le sens de nos vies est spirituel. La modernité,
sa science, ses techniques et les conforts qu’ils nous procurent sont, selon le mot terrible de Bernanos « une
conspiration contre la vie éternelle ». Soyons-en conscients...
Nos vies ne se réduisent pas à la sauvegarde de notre
confort électroménager, à nos écrans, à nos vacances, à nos voyages pour ceux
qui le peuvent, à notre temps libre, à notre bien-être immédiat, à nos retraites, nos patrimoines, à tout ce qui
s’explique, se calcule et s’assure !L'ignorer nous condamne à plonger dans le
pessimisme ou à nous étourdir dans l’optimisme décérébré.
Le lien qui fait sens est dans ce qui n’offre pas de prise aux prévisions. C’est là que tout se noue, se concilie et se réconcilie dans une joie ineffable. La joie de vivre sa vie à l'endroit, de manière verticale pour se préparer à répondre à la question dernière et première, à la grande énigme dont la résolution éclaire tout.
Le lien qui fait sens est dans ce qui n’offre pas de prise aux prévisions. C’est là que tout se noue, se concilie et se réconcilie dans une joie ineffable. La joie de vivre sa vie à l'endroit, de manière verticale pour se préparer à répondre à la question dernière et première, à la grande énigme dont la résolution éclaire tout.
Oui tout a toujours été très mal mais il suffit de
chercher les raisons d’espérer pour les trouver, à la condition de lever les
yeux en direction de l’horizon.
La verticalité contre l’horizontalité !
A la semaine prochaine !
Semper idem !
Il est vrai que l'individualisme exacerbé auquel nous poussent les Li-Li-Bobos et autres thuriféraires du marché mondial unique nous fait oublier sans doute l'essentiel de nos valeurs et de nos racines qui pourtant sont bien réelles mais que les nihilistes et autres porte-étendards de l'ouverture des frontières nous conduisent à oublier, voire à réfuter au nom de l’indifférenciation et de la sacralisation du "mouvement".
RépondreSupprimerPermets-moi, en ce 11 novembre, de rappeler ici que les frontières ont un sens et que des soldats meurent encore aujourd'hui, au Mali et ailleurs pour les défendre, qu'elles soient physiques ou civilisationnelles. Ils témoignent magnifiquement de l'Espérance recommandée par Saint-Exupéry et font preuve d'un détachement admirable, comme leurs aînés, des choses matérielles...
CR
Je souscris en tous points à ce rappel, d'autant que ceux qui sont capables d'offrir leur vie en sacrifice ont vécu ce que Peguy décrit dans ses vers cités dans mon b billet, lui qui a incarné ce que le sacrifice pour la patrie veut dire. De ceux-là on peut dire qu'ils ont été animés par une authentique fureur de vivre!
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