dimanche 26 janvier 2020

E. MACRON: "MOI DICTATEUR ? REGARDEZ AILLEURS"!!!



En réponse aux critiques formulées contre le fonctionnement actuel de notre démocratie le Président Macron nous invite vertement, dans son franc parler bien à lui, à aller voir en dictature comment ça se passe… Réponse radicale et percutante mais aussi fausse qu’inappropriée.



Comme si la démocratie ne pouvait pas devenir totalitaire et être le faux nez d’une véritable dictature ?… 

Quelques rappels. 

La monarchie britannique n’est-elle pas démocratique ? Les Etats communistes ne se prétendaient-ils pas être des démocraties populaires ? La République de Chine ne se prétend-elle pas démocratique et n’est-elle pas invitée dans le concert des régimes estampillés par nos chefs d’Etats démocratiques dont Monsieur Macron ? Le Général Pinochet ne prétendait-il pas vouloir fonder une démocratie autoritaire ? Et encore, pour revenir sur l’argument avancé par le Président de la République selon lequel la dictature serait un régime dont on ne sort pas : le Général Franco dictateur patenté selon la doxa n’a-t-il pas installé lui-même en Espagne la monarchie démocratique actuelle ? Et encore plus loin : Hitler n’a-t-il pas été démocratiquement élu alors que Mein Kampf était publié, lu, connu et analysé par tous ?

La démocratie est la tarte à la crème de la politique moderne. Dit autrement : On en a fait une véritable auberge espagnole, réceptacle de tous les lieux communs et de toutes les confusions…

La démocratie n’est pas et ne peut pas être en soi la garantie « contre la tyrannie ou le totalitarisme ». Car elle n’est qu’un système constitutionnel de désignation des gouvernements et d’exercice du pouvoir. Et rien n’interdit à une majorité de devenir tyrannique et totalitaire. Hitler n’a-t-il pas par exemple obtenu le soutien majoritaire de son peuple ?

Le danger provient de l’art de la manipulation des masses, art sophistiqué qui recèle bien des secrets et des techniques …

Pie XII exposa dans son magistral discours de Noël 1944 sur la démocratie, alors que l’on sortait de l’horreur nazie et que l’Est était soumis au communisme démocratique, combien le risque résidait dans la réduction du peuple à l’état de masse alors qu’il est un corps vivant…

Le risque est que la majorité se croit autorisée à imposer ce qu’elle veut, ou ce qu’elle croit bon, à un peuple réduit à un état de massification qui lui interdit toute possibilité de réaction et de défense. Je me suis expliqué sur ce point dans mon billet de la semaine dernière. 

J’ajouterai une double observation éclairante tirée de la réforme des retraites :

  • Elle détruit l’une des dernières survivances de la structure du peuple dans les solidarités naturelles de ses métiers….voilà pour la massification par les retraites !
  • Dans sa méthode elle traduit un empressement et un degré d’impréparation que vient de souligner le Conseil d’Etat dans son avis sur ce texte qui témoignent d’un fonctionnement dont le caractère démocratique est loin d’être évident… Nous verrons d’ailleurs ce que le gouvernement en fera ...Voilà pour les techniques de manipulation !
Alors oui Monsieur le Président, une démocratie peut être totalitaire, et le fonctionnement actuel que vous présidez n’est pas à l’abri de ce risque, loin s’en faut.

Ceci dit, c’est vrai il y a Churchill et son célèbre aphorisme lancé selon lequel « la démocratie est le pire des systèmes à l’exclusion de tous les autres ».

L’importance qu’il a pris dans nos discussions quand il s’agit de couper court à tous les défauts accumulés par nos dysfonctionnements démocratiques actuels il convient de la replacer dans le discours du grand Winston en 1947alors qu’il était dans l’opposition :

    «Comment l'honorable gentleman conçoit-il la démocratie? Laissez-moi la lui expliquer, M. le président, ou au moins certain de ses éléments les plus basiques. La démocratie n'est pas un lieu où ou obtient un mandat déterminé sur des promesses, puis où on en fait ce qu'on veut. Nous estimons qu'il devrait y avoir une relation constante entre les dirigeants et le peuple. "Le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple": voilà qui reste la définition souveraine de la démocratie. [...] Démocratie, dois-je expliquer au ministre, ne signifie pas "Nous avons notre majorité, peu importe comment, et nous avons notre bail pour cinq ans, qu'allons-nous donc en faire?". Cela n'est pas la démocratie, c'est seulement du petit baratin partisan, qui ne va pas jusqu'à la masse des habitants de ce pays.

    [...]

    Ce n'est pas le Parlement qui doit régner; c'est le peuple qui doit régner à travers le Parlement.

    [...]

    Beaucoup de formes de gouvernement ont été testées, et seront testées dans ce monde de péché et de malheur. Personne ne prétend que la démocratie est parfaite ou omnisciente. En effet, on a pu dire qu'elle était la pire forme de gouvernement à l'exception de toutes celles qui ont été essayées au fil du temps; mais il existe le sentiment, largement partagé dans notre pays, que le peuple doit être souverain, souverain de façon continue, et que l'opinion publique, exprimée par tous les moyens constitutionnels, devrait façonner, guider et contrôler les actions de ministres qui en sont les serviteurs et non les maîtres.

    [...]

    Un groupe d'hommes qui a le contrôle de la machine et une majorité parlementaire a sans aucun doute le pouvoir de proposer ce qu'il veut sans le moindre égard pour le fait que le peuple l'apprécie ou non, ou la moindre référence à sa présence dans son programme de campagne.

    [...]

    Le parti adverse doit-il vraiment être autorisé à faire adopter des lois affectant le caractère même de ce pays dans les dernières années de ce Parlement sans aucun appel au droit de vote du peuple, qui l'a placé là où il est? Non, Monsieur, la démocratie dit: "Non, mille fois non. Vous n'avez pas le droit de faire passer, dans la dernière phase d'une législature, des lois qui ne sont pas acceptées ni désirées par la majorité populaire. [...]»

Ce qui replace le propos dans un tout autre contexte !... et ne permet pas de lui faire dire ce qu’il ne dit pas !

Pie XII avait raison ….. Une démocratie devient totalitaire quand elle affirme la légitimité du pouvoir de la majorité sur un peuple que l’on a préalablement transformé en masse en le déstructurant et en le privant de toute défense.

Quant à Emmanuel Macron il me semble plutôt dans la posture du démocrate à la tête de qui monte l’ivresse de la manipulation des masses. Une manipulation qui n’est que la première manifestation de la tentation totalitaire. 

« Moi, dictateur? Dieu m’en garde…. Regardez ailleurs ! » 

Non ça ne marche pas! Notre regard restera fixé sur tous les actes politiques qui procèdent de cette dénaturation institutionnelle cyniquement démocratique ! 

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