dimanche 9 février 2020

RETOUR D'EGYPTE...

C’était le Nil et sa fertilité. Les pyramides et leurs secrets. Les pharaons, leurs temples et leurs tombeaux. Les égyptiens et leur gentillesse légendaire mais bien réelle. Une plongée dans le temps. 5 000 ans, 4 500 ans, 4 000 ans en arrière. 




Quelle civilisation ! Je viens de toucher du doigt, de mes yeux, de mon esprit et de mon cœur ce qu’elle fut et ce qu’elle nous a laissé. Émotion, stupéfaction, émerveillement ! Interrogations...

Plus encore que cet héritage, que ce legs - car les pharaons et leur peuple ont voulu transmettre et donner du sens à leurs vies - je m’interroge sur le mystère de l’extinction. Comment meure une civilisation ? Pourquoi meurt-elle ? Mystère...Mystère de l’homme qui tend à la perfection puis aussi vite à son contraire.

Mystère des civilisations passées devant lequel nous manquons de piété. Car nous avons transformé leurs sépultures sacrées en musées, nous les avons dévalisées alors qu’elles avaient été édifiées et fermées pour être l’écrin de leurs âmes dans l’attente d’une vie future en laquelle nous ne croyons plus... Nous défilons devant leurs momies devenues des objets de curiosité alors qu’elles avaient été préparées avec soin et piété en vue du voyage dans l’au-delà de leur « ba », c’est-à-dire de leur âme. Malraux nous a reproché de ne plus construire de tombeaux. C’est pire nous en avons fait des musées. Nous les avons exposées à la curiosité humaine alors qu’elles avaient été conçues pour rester fermées à l’abri du regard des hommes ! L’or qu’ils abandonnaient au prix de tant d’efforts nous fascinerait-il donc à ce point ?...

Ces hommes n’avaient que leurs mains, leur intelligence, leur habileté et leur inspiration ; mais aussi leur aspiration à l’au-delà. Leur vie était tournée vers le mystère de la vie et de la possible résurrection. Comment interpréter autrement l’omniprésence de cette clé de vie, de même que leur souci de préparer la vie d’après la mort ? Il y a si longtemps avant toute révélation.

Nous avons eu la chance d’être guidés par des hommes, en général coptes, chrétiens pratiquants au cœur d’un monde majoritairement musulman qui ne leur fait pas peur tant ils connaissent bien cet Islam qui peut tant les faire souffrir, jusqu’au martyre... Je pense en particulier à celui à qui je demandais de prier pour nous et qui spontanément m’a fait partager son engagement avec les chrétiens d’orient et m’a parlé de sœur Emmanuelle à propos de laquelle je lui ai dit avec une bien pauvre fierté qu’elle avait fini ses jours non loin de chez moi...

L’effervescence de l’Afrique avec sa cohorte de violences est aussi un mystère qui doit nous inspirer. Par ce qui est mort et ce qui vit. Nous savons que pour l’Europe elle est un enjeu fondamental ne serait-ce que pour des raisons démographiques et religieuses. Nous ne pouvons pas nous désintéresser de ce qui se joue sur cette terre sacrée et riche d’une humanité hors du commun. Cette terre est un lieu choisi par Dieu pour se manifester aux hommes. Alors ?

Notre civilisation est en recherche d’identité. Nous maitrisons le progrès technique aussi bien que les constructeurs de pyramides. Mais on peut également faire le constat inverse... Je n’ai cessé de m’interroger sur cette capacité inouïe à créer au-delà de ce qui semblait humainement possible il y a plus de 3 000 ans. Pourquoi ne nous effondrerions-nous pas à notre tour ? Pourquoi eux et pas nous ? Nous ne sommes pas plus éternels qu’ils ne le furent. Quel est le sens de la vie ? Quel est le sens de la vie en société ? De la vie collective ? De la civilisation ?

Y a-t-il un lien entre toutes ces impressions ressenties à l’issue d’un passage très touristique ? Je ne le sais pas. Je m’interroge comme devant le miracle des pyramides et les mirages du désert que nous traversions pour nous rendre à Abou Simbel. 

Voilà... Je suis rentré avec de la beauté dans les yeux et de l’espérance dans le cœur ainsi que beaucoup d’interrogations. Derrière toutes les questions il y a des réponses aussi mystérieuses que ce legs frémissant de l’humanité. Des réponses dont je suis persuadé que nous avons besoin. Mais sommes-nous encore capables de tirer les leçons du passé ?

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