Quand s'arrêtera-t-il ? Emmanuel Macron continue d’entretenir le chaud et le froid dans ses relations avec l’Algérie. La dernière initiative en date concerne la célébration des incidents du 17 octobre 1961.
Voici ce que nous apprenons dans la presse : « Emmanuel
Macron a dénoncé samedi des « crimes inexcusables pour la République », à
l'occasion d'une cérémonie officielle pour les 60 ans du massacre d'Algériens
le 17 octobre 1961 à Paris, allant ainsi plus loin que la « sanglante
répression » admise par François Hollande en 2012. Face à des proches de
victimes parfois en larmes, le chef de l'Etat a participé - geste inédit pour
un président français - à un hommage sur les berges de la Seine, à la hauteur
du pont de Bezons, emprunté il y a 60 ans par les manifestants algériens qui
arrivaient du bidonville voisin de Nanterre à l'appel de la branche du FLN
installée en France. »[1]
Quelques rappels du tango algérien d’Emmanuel Macron s’imposent.
Tout commença pendant la campagne électorale par une
déclaration faite en Algérie selon laquelle la colonisation constituait un
crime contre l’humanité. Depuis lors, le président n’est pas revenu sur cette
affirmation péremptoire même s’il n’a pas cru devoir la réitérer. Il est vrai
qu’elle était loin d’avoir fait l’unanimité….
Il y eut ensuite la commande d’un rapport à Benjamin Stora,
l’ancien trotskiste – cette remarquable catégorie de révolutionnaires du
dimanche qui sont parvenus à rentrer dans le rang et de parvenir aux plus hautes
responsabilités sans rien renier de leurs engagements des années 68 - dont l’objectivité
est donc contestable. Puis la publication par ce dernier du résultat de ses
travaux au vu desquels le président de la république prit l’initiative de
reconnaître l’assassinat de l’avocat algérien et militant FLN, Ali Boumendjel,
en 1957[2].
Ensuite, Dieu merci ! , il y a eu la demande de
pardon aux harkis[3].
C’était le 20 septembre dernier.
Ensuite le film des événements s’accélère, soixantenaire
oblige sans doute…. Le 30 septembre, le chef de l’Etat a reçu dix-huit jeunes
gens issus de familles qui ont intimement vécu la guerre d’Algérie. À cette
occasion il accusa le système "politico-militaire" algérien
d'entretenir une "rente mémorielle" en servant à son peuple une
"histoire officielle" qui "ne s'appuie pas sur des vérités".[4]
Il en résulta immédiatement une réaction violente du
pouvoir d’Alger qui rappela son ambassadeur et interdit le survol de son
territoire aux avions militaires français.
À la suite de quoi Paris joua l’apaisement et tenta de
calmer le jeu…
Sans doute, quoique l’Elysée en dise…, la célébration du
17 octobre 1961 a-t-elle été pour le Président de la République l’occasion de
donner un gage au pouvoir politique algérien…
Or s’agissant de ce 17 octobre 1961 nous sommes au cœur de
la manipulation historique. L’unanimité serait faite ; la vérité
officielle serait établie par les travaux des historiens….
Néanmoins ces travaux historiques ne permettent a minima
pas au Président de la République d’affirmer comme une vérité historique
incontestable (ce sont les mots de l’Elysée) qu’il y ait eue ce jour-là les
massacres que l’on dit à l’encontre des manifestants soi-disant pacifiques qui
ce soir-là soutenaient le FLN.
Je renvoie ici un article du Figaro[5]
et à celui de l’éminent spécialiste Bernard Lugan qui est l’une des meilleures
références en la matière et dont les conclusions sont irréfutables[6].
La vérité est loin d’être celle que l’on nous dit et que
l’on tente de nous imposer à coups de gerbes et de célébrations ….
A la lumière de ces événements dont la liste n’est pas
exhaustive il apparaît que le « en même temps » du pouvoir macronien
consiste à faire en permanence le grand écart voir même à adopter des positions
contraires à la vérité pour les besoins d’un discours qui consiste à vouloir
satisfaire tout le monde.
Il y a un moment où il faut choisir. Les positions d’un
Etat peuvent évoluer dans le temps mais pas en permanence.
La relation de la France avec l’Algérie est un sujet
délicat. À cause de l’histoire d’une part dont les braises sont encore
brûlantes mais aussi parce que nous avons sur notre territoire un nombre
considérable d’immigrés algériens et de nationaux français d’origine algérienne
pour la plupart binationaux.
Un homme d’État responsable doit respecter la vérité des
faits. Il doit fixer une ligne. Il doit donner un cap. Il ne peut se permettre
de jouer ainsi avec la mémoire et l’histoire afin d’entretenir je ne sais quel
maelstrom moralisateur en surfant sur la vague à la mode de la repentance de la
France inspirée sur ces questions par l’islamo-gauchisme et la cancel culture qui
tirent les ficelles[7]
[8].
L’évocation de l’histoire franco-algérienne sous le quinquennat
d’Emmanuel Macron est l’illustration de l’escroquerie politique que constitue
le « en même temps » décliné telle une règle d’or au moyen d'une parole
publique démonétisée.
[1] https://www.lefigaro.fr/politique/algeriens-tues-le-17-octobre-1961-emmanuel-macron-denonce-des-crimes-inexcusables-pour-la-republique-20211016
[2] https://www.lefigaro.fr/politique/algerie-emmanuel-macron-sur-le-chemin-perilleux-de-la-memoire-20210303
[3] https://www.dailymotion.com/video/x84ay9g
[4] https://fr.style.yahoo.com/apr%C3%A8s-macron-ait-parl%C3%A9-rente-043655643.html
[5] https://www.lefigaro.fr/histoire/algeriens-tues-lors-de-la-manifestation-du-17-octobre-1961-a-paris-la-guerre-des-chiffres-20211016
[6] https://bernardlugan.blogspot.com/
[7] https://bernardlugan.blogspot.com/2021/03/pour-repondre-aux-decoloniaux-aux.html
[8] https://www.youtube.com/watch?v=3wEHfMUmrKw&ab_channel=SudRadio
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