Quelle est ton identité ? Quelles sont tes valeurs ? La question revient comme un leitmotiv à l’adresse de tous les prétendants à l’Elysée. Querelle de prétendants autour de l'identité nationale ...
Eric Zemmour qui a provoqué l’exacerbation du débat pré-électoral autour de cette problématique identitaire est attaqué de toutes parts. On lui reproche sa radicalité, son extrémisme, son obsession de l’Islamisme et du grand remplacement, sa conception étriquée de la Nation. Il choque, il dérange. Chacun cherche à se démarquer de lui par rapport précisément à sa conception de l’identité nationale.
Deux exemples.
Michel Onfray qui a écrit :
« Disons-le
plus concrètement : pour Eric Zemmour, il n’y aurait de problèmes en France,
ceux qui se trouvent pointés dans ses constats, que parce que seuls Les
Musulmans poseraient ces problèmes : à l’école, à l’université, dans les
médias, dans l’édition, dans la rue, dans les prisons, dans le pays - en
France. C’est une position que je dirai d’intellectuel germanopratin pour
lequel l’idée prime la réalité, mais on ne saurait faire de la politique
concrète et encore moins rassembler les Français, en estimant que l’idée de la
France, ou les idées dans la France, priment la réalité des Français. Si je
suis d’accord sur les constats, je ne le suis donc pas sur la part impure du constat
quand il se trouve associé à une généalogie que je ne fais pas mienne. Je crois
moins à la force obscure de l’islam en France qu’à la faiblesse d’une France
qui ne croit plus à ses valeurs à cause de l’effondrement de la civilisation
judéo-chrétienne qui constituait ses fondations. »
Se revendiquant nominaliste Michel Onfray taxe Eric
Zemmour d’idéalisme platonicien. Ce faisant il oublie le réalisme intégral
pourtant si profondément français qui peut fonder et incarner une conception
non polémique de l’identité …
Invoquant l’identité selon Péguy qu’il croit pouvoir
opposer à celle de Charles Maurras, Alain Finkielkraut de son côté classe Eric Zemmour
parmi les fidèles du second : « Je crois que Zemmour est un esprit
totalement maurrassien et c’est là que je me sépare de lui. Son rapport à la
politique et son réalisme avide me mettent très mal à l’aise. » Et
récemment il ajouta : « Concernant le fond, Eric Zemmour "a
le mérite de mettre la question de la France au cœur du débat…Il prend en
charge l'angoisse existentielle d'un nombre grandissant de Français qui se
demandent si la France va rester la France, si leur droit à la continuité
historique sera enfin respecté ou continuera d'être bafoué. … j'ai l'impression
que sa France n'est pas la mienne … Je pense à Levinas, qui dit que la France
est une nation à laquelle on peut s'attacher par le cœur et par l'esprit aussi
fortement que par les racines. Et le cœur et l'esprit ne trouvent pas de quoi
s'alimenter dans la France défendue par Zemmour, car c'est l'égoïsme sacré,
l'intérêt national qui prime sur tout... C'est la France au sens de Charles
Maurras."
Ces débats d’intellectuels me donnent à penser que tous
veulent trouver des raisons philosophiques ou éthiques de se différencier d’un
candidat « chamboule tout ». J’ai déjà écrit ce que j’en pensais. Je n’y
reviendrai pas. Je voudrais toutefois répliquer à ces deux philosophes de
qualité et dont j’apprécie bien des analyses, en leur opposant un texte
magnifique redécouvert au hasard de mes lectures. Le voici :
« Une patrie, ce sont des champs, des murs,
des tours et des maisons ; ce sont des autels et des tombeaux ; ce sont des
hommes vivants, père, mère et frères, des enfants qui jouent au jardin, des
paysans qui font du blé, des jardiniers qui font des roses, des marchands, des
artisans, des ouvriers, des soldats, il n’y a rien au monde de plus concret.
Le patriotisme n’est pas seulement un devoir.
C’est un plaisir. « Pour ma part, disait Ulysse aux bons Phéniciens, je ne sais
rien de plus agréable à l’homme que sa patrie. » Il le disait d’un pauvre
rocher sur la mer. Comment parlerons-nous de la nôtre ? En est-il de plus
belle, plus digne d’être défendue ? Qui, un jour se penchant dans l’embrasure
d’une haute colline ou vers quelque vallon ouvrant sur le fleuve et la mer, ne
s’est pas arrêté, suspendu, presque sidéré par un chœur imprévu de couleurs et
de formes demi-divines ? …
La patrie est une société naturelle ou, ce
qui revient absolument au même, historique. Son caractère décisif est la
naissance. On ne choisit pas plus sa patrie – la terre de ses pères – que l’on
ne choisit son père et sa mère. On naît Français par le hasard de la naissance.
C’est avant tout un phénomène d’hérédité.
Les Français nous sont amis parce qu’ils sont
Français ; ils ne sont pas Français parce que nous les avons élus pour nos
amis. Ces amis sont reçus de nous ; ils nous sont donnés par la nature… Rien ne
serait plus précieux que d’avoir des Français unis par des liens d’amitié.
Mais, pour les avoir tels, il faut en prendre le moyen et ne pas se borner à
des déclarations et à des inscriptions sur les murs.
Certes, il faut que la patrie se conduise
justement. Mais ce n’est pas le problème de sa conduite, de son mouvement, de
son action qui se pose quand il s’agit d’envisager ou de pratiquer le
patriotisme ; c’est la question de son être même, c’est le problème de sa vie
ou de sa mort… Vous remercierez et vous honorerez vos père et mère parce qu’ils
sont vos père et mère, indépendamment de leur titre personnel à votre
sympathie. Vous respecterez et vous honorerez la patrie parce qu’elle est elle,
et que vous êtes vous, indépendamment des satisfactions qu’elle peut donner à
votre esprit de justice ou à votre amour de la gloire. Votre père peut être envoyé
au bagne : vous l’honorerez. Votre patrie peut commettre de grandes fautes :
vous commencerez par la défendre, par la tenir en sécurité et en liberté.
Le patriotisme n’a pas besoin d’un idéal,
socialiste ou royaliste, pour s’enflammer ; car il naît de lui-même, du sang et
du sol paternels. Ce qu’il faut saluer, c’est le suprême sacrifice de la vie
fait sur le sol qu’il s’est agi de défendre. Ce sol sacré serait moins grand,
moins cher, moins glorieux, moins noble et moins beau si les Français de toute
origine et de toute obédience n’y payaient pas en toute occasion nécessaire la
juste dette de leur sang. Plus haut que l’armée et que le drapeau, plus haut
que la plus fière conscience de la patrie, vit la patrie même, avec les saintes
lois du salut public. Ce sont elles qui font consentir à de durs sacrifices
pour défendre l’intégrité du reste et préserver son avenir. Qu’elle vive
d’abord ! » ■
Ces lignes lumineuses sont extraites de « Votre bel aujourd’hui » de … Charles
Maurras[1] !
Charles Maurras adepte du réalisme intégral qui est la seule alternative à l’idéalisme
que Michel Onfray reproche à Eric Zemmour. Charles Maurras dont Alain
Finkielkraut dit rejeter la conception de l’identité parce qu’elle serait trop
imprégnée de l’esprit de puissance…alors que loin d’être obnubilé par la
puissance qu’il ne s’agit pas ici de dénigrer et dont il n’y a pas de raison d’avoir
peur, Maurras oppose la France réelle, fait d’histoire, fait de naissance et,
avant tout, d’héritage. Voilà qui est incontestable ; incontournable. Et
pourtant…lorsque Alain Finkielkraut qualifie Eric Zemmour de maurassien ceci
équivaut quasiment à une injure pour le commun des mortels ….
Et si nous cessions de ne voir en Maurras que celui qui
fut condamné après la libération, cet intellectuel dont les analyses étaient
beaucoup plus complexes et subtiles - y compris son « antisémitisme »
- que les caricatures qui en sont données à l’heure où la France s’émeut d’un
retour en grâce d’une forme de ce nationalisme dont il fut l’un des meilleurs
doctrinaires et des chantres ! Car lorsque l’on parle de politique nationale,
comme bien des candidats dits de droite en cet automne 2021, je ne vois
vraiment pas à qui d’autre qu’à lui on peut sérieusement se référer…
Il serait grand temps de définir l’identité nationale en
cessant de la charger d’idéologies et d’en revenir à la description conceptuelle
et quasi charnelle qu’en donne Charles Maurras. A défaut nous restaurons au
stade de l’invective, de l’idéologie, de ce piège tombent même de grands
intellectuels comme Michel Onfray ou Alain Finkielkraut, au risque de passer à
côté de tout ce que la Nation française recèle de ressources pour nous sortir
de l’impasse dans laquelle nous nous enfonçons.
Pourvu, comme le soulignait Danièle Masson[2],
qu’Éric Zemmour, et les autres…, ne privent pas la droite nationale de la
chance historique qui lui est offerte de reprendre en main les destinées de la France !
On naît Français par le hasard de la naissance. C’est avant tout un phénomène d’hérédité. C’est une idiotie! La France n’est pas un bunker génétique.
RépondreSupprimerTa conclusion est fausse. La phrase n'est pas la définition d'un bunker juridique !!!
SupprimerVous avez raison, la France n'est pas un bunker, génétique. Ni un bunker matérialisé, au contraire, elle est ouverte aux 4 vents, et c'est bien ça le problème. On n'épouse plus ses valeurs, ses règles, d'où des cités, des quartiers hors la loi. Si c'est la France que vous voulez.. moi je l’exècre cette France qui n'est plus une nation homogène.
SupprimerCertes, et c'est pour ça que les procédures de naturalisation existent, naturalisations sur demande de l'impétrant (qui suppose le volontariat), et examen du pays qui reçoit (ce qui suppose la satisfaction de certains critères). A l'inverse la ""loi du sol"" qui ne repose QUE sur le hasard du voyage et de la chronologie de la gestation, est VRAIMENT une idiotie, et quand en plus ce ""hasard"" peut être dévoyé par des calculs intentionnels... Cf. la situation à Mayotte
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