Le débat provoqué par les dernières déclarations d’Emmanuel Macron sur la vaccination hystérise un débat politique qui n’en avait pas besoin….. Clivantes elles ont « mis de l’huile sur le feu »…. Est-ce bien responsable de la part d’un Président de la République ?
Et si face à une opinion publique troublée, chancelante, en proie au doute le vaccin était une arme politique à manier avec précaution ?
Plusieurs niveaux d'analyse s'imposent au cœur de cette tourmente.
LES NON VACCINES SONT-ILS DES « NON-CITOYENS » ?
Tout grossier que soit le verbe "em......" n’en est pas moins dans le droit fil de ceux de nos Présidents
de la République lorsqu’ils ont voulu cliver, provoquer, imprimer l’esprit public.
Choquant ? Sans doute au premier degré… mais finalement il n’y a rien de bien
nouveau à l’horizon de la sémantique des hommes politiques français. Cette déclaration est la réplique fidèle mais
inversée de celle du Président Georges Pompidou. Emmanuel Macron n’est
finalement, mot pour mot, pas en si mauvaise compagnie que cela.…
Plus intéressante
me semble être la raison de sa volonté d’emmerder les Français qui ne veulent
pas se vacciner et la conclusion qu’il en tire.
Il qualifie ces derniers d’irresponsables
car ils abuseraient de leur liberté. Ce faisant ils ne seraient plus des
citoyens à part entière. Ils se mettraient en marge de la cité.
La conclusion est impropre
et incohérente.
Impropre car la
qualité de citoyen est liée à la nationalité. Elle ne peut être enlevée que
dans des cas limitativement énumérés par la loi. Le Président utilise des
images fortes mais déplacées et inquiétantes de la part de celui qui est le
garant de l’unité nationale et le dernier recours de chaque citoyen y compris
le plus coupable ; ce qu’incarne la procédure du droit de grâce présidentielle
qui voit les grands criminels implorer la mansuétude du Chef de l’Etat.
Incohérente car il
conviendrait qu’il en soit de même - en paroles et en actes - pour tous ceux
qui causent des troubles aussi graves si ce n’est plus graves à l’ordre public.
Or ce n’est pas le cas ; notre République se targue même de reconnaître les
droits civiques à ceux qui enfreignent ses lois jusqu’à Salah Abdeslam qu’elle
juge comme n’importe quel autre citoyen avec tous les droits attachés à cette
qualité. Alors: deux poids, deux mesures? Simple diatribe?
Des mots, toujours des mots... mais des mots qui trahissent et qui laissent des traces....
Au-delà de cette
conclusion excessive, la question est de savoir si les non-vaccinés sont
irresponsables et abusent de la liberté de ne pas se vacciner qu’on leur a
laissée jusque-là.
LE
REFUS HYPOCRITE ET CYNBIQUE DE LA VACCINATION OBLIGATOIRE.
Notre État n’impose
pas la vaccination obligatoire.
Ecartons tout d’abord
la tentative de justification du premier ministre au micro de JJ Bourdin consistant à dire qu’imposer le vaccin reviendrait à vouloir recouvrer des amendes ; elle relève de l’anecdote voire
du ridicule, mais avec ce premier ministre-là nous avons malheureusement l’habitude
des gaudrioles et autres explications scabreuses…
S’il n’y a pas d’obligation vaccinale c’est parce que le pouvoir ne le veut pas. Le Président de la République
en avait d’ailleurs fait une doctrine : pas d’obligation vaccinale. D’autres
sont d’un avis contraire. Chacun a ses arguments. Mon propos n’est pas d’entrer
dans ce débat.
Par contre il me
semble d’évidence que le Président de la République n’est pas logique avec
lui-même. S’il pense maintenant -on a le droit d’évoluer voire de changer d’avis
en période de crise - que les non-vaccinés font peser un risque sur la santé
publique et sur la santé de leurs concitoyens il lui appartient de prendre les
mesures qui s’imposent. La première d’entre elles serait la vaccination
obligatoire. Il faut être logique, cohérent et aller jusqu’au bout de ce que l’on
considère comme étant l’intérêt public. Sauf que l’on touche là les limites du « en
même temps »… et que le pouvoir ne semble pas prêt à assumer cette nécessité.
Pourtant en temps de guerre un chef ça doit cheffer plutôt que d'emmerder...
Comme certains
analystes l’ont déjà souligné cette stratégie est hypocrite et cynique.
Hypocrite elle l'est doublement. Tout d'abord parce que le passe sanitaire est un moyen détourné d'imposer le vaccin. Ensuite parce qu’elle consiste à faire peser sur ceux que l’on montre du doigt la
responsabilité de la situation épidémique alors qu’en réalité la gestion de la
crise épidémique relève de la seule responsabilité de l’État, comptable pour
commencer du délabrement de l’hôpital public.
J’insiste : la seule responsabilité face à cette épidémie que nous subissons est celle du pouvoir qui a la lourde charge du bien commun même s’il ne s’agit pas ici de dire que ce soit chose facile…. Et il est irresponsable de sa part d'essayer de s’en décharger parce qu’il n’atteint pas les objectifs qu’il s’est fixés.
Cynique elle l'est aussi doublement. D'abord en ce qu'elle consiste à créer une catégorie sociale dont on fait des boucs
émissaires à des fins politiciennes et électorales. Ce calcul est condamnable
car il ne cherche qu’à servir une stratégie personnelle du Président de la République
et en aucun cas celle de la collectivité et de la Nation. Ensuite parce qu'elle tend à entretenir un climat de peur dans lequel la stratégie du bouc-émissaire trouve son explication, alors que l'Etat se doit de rassurer sa population.
Alice Desbiolles a
parfaitement illustré ce que je veux dire au micro de Sonia Mabrouk sur Europe
1[1]
: « C'est désolant de constater que pour les 20 ans de la loi Kouchner
de 2002, qui possède un célèbre article sur le consentement libre et éclairé
des individus à recevoir un traitement ou un examen, on en vient à stigmatiser
des personnes qui refusent une prophylaxie ».
LE
REFUS DE LA VACCINATON EST-IL LEGITIME ?
Il faut ensuite se demander
si le refus de la vaccination est légitime de la part de certains citoyens.
Je n’entends pas
entrer dans le refus pur et dur des "anti-vax" car le mouvement de refus du passe vaccinal versus sanitaire contre la COVID 19
n’est pas lié à ce refus de principe de tout vaccin.
Certains invoquent
explicitement ou à mots couverts l’objection de conscience. Rien ne semble le justifier
en l’état. Je pense par exemple aux catholiques qui ont refusé l’administration
de ces vaccins au motif qu’ils étaient le fruit de manipulations génétiques à
partir de cellules de fœtus avortés. De ce point de vue la question a été
réglée par une note doctrinale de la congrégation romaine pour la Doctrine de la
Foi. Il ne semble pas qu’il y ait lieu d’y revenir[2].
Et d’ailleurs comme le faisait remarquer un urgentiste les mêmes qui arrivent
aux urgences ne refusent pas les médicaments qu’on leur injecte afin de les
sauver alors qu’ils sont de même nature…
D’autres ne sont
tout simplement pas convaincus. Le discours qu’ils perçoivent est peut-être
brouillé. Notre débat démocratique est tellement anarchique et confus… Mais
surtout il m’apparaît que nous avons perdu beaucoup avec la gestion de cette
crise sanitaire au niveau national, public, via les ARS, en passant par-dessus
les médecins et plus généralement la médecine de proximité avec son humanité et sa
déontologie.
« La
médecine n'a pas vocation à diviser, mais à apaiser, soulager, faire société.
Un document de l'OMS, daté d'avril 2021, sans prendre de position tranchée,
mettait en garde vis-à-vis de la vaccination obligatoire. Ce document pointait
le risque d'altérer la confiance de la population vis-à-vis de la vaccination
en général et vis-à-vis d'autres dispositifs de santé publique. Il alertait sur
la mise en péril du contrat social et de confiance d'une partie de la
population envers la science les médecins et les politiques. … Je
pense que toutes ces histoires de passe sanitaire, de passe vaccinale, de
confinement, de restriction, tout ça, ce n'est pas un vocable du champ lexical
de la médecine et de la santé publique", déclare l'épidémiologiste en
réponse aux déclarations d'Olivier Véran, ministre de la Santé, qui avait alors
décrit le passe vaccinal comme un moyen de sauver des vies . Je suis médecin,
je suis bien sûr la première à vouloir sauver des vies, à ne pas vouloir
dégrader la santé des individus. Mais je pense qu'il faut encore une fois évaluer
aussi les politiques publiques et évaluer les dispositifs qui sont mis en place",
analyse Alice Desbiolles, estimant que les restrictions sanitaires font "plus
de dommages que de bien"[3].
LA
CAUSE : LA PERTE DE CONFIANCE.
Toutes causes confondues je pense que le ressort de l’opposition au vaccin, ou plutôt à la politique vaccinale, réside dans la perte de confiance.. Les Français qui refusent de se faire vacciner n’ont pas confiance. Ils n’ont pas confiance dans un pouvoir qui s’est contredit à plusieurs reprises. Ils n’ont pas confiance dans un système qui semble manipulé par des puissances sanitaires et financières. Une excellente illustration en est fournie par le fait qu’aucun des médecins que l’on entend sur les ondes et dans la presse ne se positionne clairement par rapport à ses éventuels conflits d’intérêts à quelques exceptions très rares dont Madame Alice Desbiolles. Il y a de quoi alimenter les cauchemars complotistes….Il est extrêmement regrettable que le pouvoir ne se soit pas attaché à mettre toute la lumière nécessaire sur cette question centrale des conflits d'intérêts eu égard à la puissance des lobbies qui sont à la manœuvre !
En réalité, ceux qui refusent aujourd’hui de plier l’échine et de rentrer dans
le jeu du pouvoir et de la vaccination manifestent de manière frontale leur
refus d’un pouvoir qui pour eux a perdu toute légitimité.
Nous sommes
gouvernés à vue. On le comprend… Mais dans cette mesure le pouvoir doit éviter les
stigmatisations. Il est contre-productif de marginaliser et de montrer du
doigt les non-vaccinés. Ils pourraient être contagieux autrement que par la
transmission du virus…
La désignation des
coupables peut être un exercice périlleux…
[1] https://www.europe1.fr/sante/il-faut-arreter-de-se-focaliser-sur-les-contaminations-insiste-une-epidemiologiste-4086101
[2] https://www.vatican.va/roman_curia/congregations/cfaith/documents/rc_con_cfaith_doc_20201221_nota-vaccini-anticovid_fr.html
[3] https://www.lefigaro.fr/sciences/vaccins-une-partie-du-corps-medical-a-quitte-la-deontologie-et-l-ethique-pour-sombrer-dans-la-morale-20220105
Je suis d’accord avec ton raisonnement la logique c’est de rendre la vaccination obligatoire. Ne pas le faire c’est une façon de botter en touche, tout l’art du politique c’est de persuader les autres que c’est à cause des antivax que le ballon est en touche.
RépondreSupprimerIls pourraient être contagieux autrement que par la transmission du virus…
RépondreSupprimerCette dernière phrase est particulièrement importante
La vraie différence selon moi entre l’obligation déguisée du passeport vaccinal et l’obligation légale, c’est que la seconde entraînerait la responsabilité du gouvernement face aux éventuelles conséquences délétères du vaccin ARN.
RépondreSupprimerJe rappelle à cet égard que le contrat passé entre Pfizer et le gouvernement dédouane le premier de toute responsabilité en cas de problème…
Des lors on comprend mieux le cynisme de cette non-décision !!!