dimanche 26 février 2023

CA SE COMPLIQUE!...

 Notre situation se complique de jour en jour! Compliqué? Difficile? Les deux?


La guerre est à nos portes. Le monde se fracture. Les équilibres internationaux sont chamboulés. Les uns, rêveurs, clament leurs idéaux perdus. Les autres, réalistes, poussent leurs avantages.

La France est définitivement impossible à gouverner. La politique est en situation d’échec. Nous ne cessons de faire des réformes mais rien ne s’améliore. Au contraire, tout va toujours plus mal. Nous ne sommes pas capables de nous mettre d’accord sur la nécessaire évolution d’un régime de retraite !

Nos femmes et nos hommes politiques rivalisent de provocations ou de désespérantes prétentions à gérer ce qu’ils ne maîtrisent plus. Certains se prennent pour des révolutionnaires mais de révolutionnaires de papier mâché ou d’opérette.

Notre jeunesse qui par notre faute a perdu toute ambition en est réduite à boire, fumer, se droguer et baiser. Elle jouit sans construire, désabusée. Un gamin de 16 ans vient de poignarder son professeur d’espagnol, pour rien, gratuitement. D’autres se suicident de plus en plus nombreux...

La liste pourrait être beaucoup plus longue. Je m’arrête là...

Rien ne semble devoir ni pouvoir endiguer une vague qui se prépare, telle la vague du surfeur qui est encore invisible à l’horizon. Cette vague sera-t-elle un tsunami ? Serons-nous capables de surfer sur elle et de la dominer ?

Le fil conducteur de ce grand chambardement est invisible mais il existe. Il est là, sous nos yeux et nos esprits.

Mais nous sommes plongés dans un narratif permanent sans contextualisation ni analyse critique véritable. Dès que quelqu’un se lève pour soumettre un point de vue critique il est immédiatement diabolisé, discrédité, discriminé, rejeté au nom des valeurs du système qui nous envahit tel un épais brouillard.

Nous sommes aveuglés par nos habitudes, nos certitudes, nos peurs, nos angoisses, mais aussi notre insouciance pour ne pas dire notre inconscience.

Les mots n’ont plus de sens. Croyant nos idées invincibles nous jouons avec l’ordre des choses que nous croyons malléable et susceptible d’être encore soumis à nos rêves d’idéologues, sans voir que nos idéologies sont discréditées par la vraie vie.

Nous n’avons plus le sens des réalités. Nous ne voulons plus les voir, ni les accepter. Nous voulons les transformer au nom de nos utopies.

Nous sommes prêts à accepter comme vraie la dernière baudruche imaginée par l’un de nos intellectuels qui ne sont en vérité que des idéologues aveuglés par les catégories qu’ils ont créées de toutes pièces.

Mais où est donc le fil ?

Il est sous nos yeux. Nous ne voulons pas le voir, ni l’accepter ; nous ne sommes de toute façon plus capables de l’analyser et de le comprendre....

Le monde n’est pas un théâtre ni un terrain de jeu pour soixante-huitard attardés. Le monde est vrai, réel. La société aussi.

Non, les sociétés ne puisent pas leur aptitude à donner à leurs membres les moyens de s’épanouir soit dans la recherche d’un consensus de toute façon impossible, soit dans la convergence non pas des luttes mais de majorités fabriquées de manière artificielle, pas plus que dans le dialogue participatif.

Il y a des lois du commun, de la vie ensemble, de cette mécanique sociale qui ne peut procurer le bien de manière individuelle que par la voie du commun qui s’ordonne à l’individuel.

La société est un fait, une réalité en même temps qu’un besoin. Il faut faire avec !

Non, les sociétés ne fonctionnent pas selon nos désirs, nos caprices ou nos volontés fussent-elles conjuguées à travers les mécanismes artificiels de la politique et de nos institutions que nous voulons changer en permanence comme si de là venaient nos problèmes....

Ce fil que nous devrions tous chercher ensemble, est dans la restauration de la politique qui consiste non pas à rebondir sur chaque événement pour lui apporter un semblant de réponse réglementaires ou législative, mais à identifier ce que les intérêts conjugués des uns et des autres peuvent exiger. Nous savons pourtant, dans la vie de tous les jours, que les solutions aux problèmes que nous rencontrons ne sont jamais le fruit de la facilité mais de l’effort et du sacrifice.

Nous ne retrouverons le fil que lorsqu’il sera redevenu possible pour le peuple d’obtenir un Etat qui identifie et poursuive effectivement, concrètement, pratiquement le bien commun.

Retrouver le fil de la vie commune, du bonheur d’être ensemble parce que ce n’est que du commun que peut naître le bien de chacun, exige que le peuple arrive à se reconnaître dans un pouvoir dont la légitimité résultera de sa capacité à répondre à ses besoins profonds plutôt qu’à ses envies, à ses attentes, à ses désirs. D’un pouvoir qui saura montrer la voie de l’intérêt et non pas du rêve ou de l’utopie et faire accepter les sacrifices et les efforts et non pas les derniers caprices.

La vie n’est pas une partie de plaisir. La politique non plus. Le pouvoir n’est pas là pour satisfaire les revendications multiples et variées qui peuvent sourdre d’un peuple déconnecté du réel et entretenu dans ses illusions. Il est là, il devrait être là, pour mettre en place les solutions communes vitales et nécessaires.

Cela fait des décennies que nous remettons à plus tard le moment où il faudra se résoudre à cette évidence. Le peuple le sait au fond de lui-même. Ce n’est pas pour rien qu’il attend d’une certaine manière soit l’homme providentiel, soit le miracle, soit ce moment où il se retrouvera enfin en devoir d’accepter ce qui ne lui fait pas toujours plaisir, ce qui exige des efforts mais dont il sait au fond de lui-même qu’il a besoin.

Cela fait des décennies que nous pensons qu’il est utopique d’imaginer qu’il puisse en être ainsi – ce serait d’un autre temps !-  et que nous continuons de jouer le jeu malsain et pervers de la seule recherche d’une impossible synthèse horizontale en forme d’addition d’intérêts individuels que nous savons contradictoires.

D’aucuns pensent qu’il faudrait une révolution. D’autres que nous avons besoin d’un régime autoritaire. D’autres encore que l’intelligence collective finira par triompher.

Toutes ces espoirs sont vains.

Il faut simplement que le peuple que nous sommes reconnaisse la nécessité de s’organiser autour et à partir de ses structures naturelles. L’autorité ne peut s’exercer et être acceptée que lorsqu’elle est proche. La politique est une forme d’empirisme. Elle procède d’un principe organisateur. Le commun vit à partir de ces structures naturelles. Nous avons besoin que des élites se manifestent autour de nous, proches de nous, dans nos familles, dans nos entreprises, dans nos métiers, dans nos quartiers, dans nos communes, dans nos régions. Si la démocratie doit rester un moyen du politique elle ne peut pas toujours être le seul. Suivre quelqu’un qui incarne le commun n’est pas déchoir. A tous les niveaux. Et force est de constater que dans notre histoire nationale rien ne s’est jamais produit de bénéfique sur le plan du commun, et ensuite de l’individuel, qui soit d’abord passé par un vote démocratique ; ceci ne signifiant pas qu’il puisse nécessairement s’agir d’un « coup d’état » !

Il faut que des femmes et des hommes se lèvent avec courage et lucidité. Dire : non. Dire : ça suffit ; arrêtez de nous détruire, de jouer les apprentis-sorciers et de nous envoyer dans le mur de l’absurde rêvé par des technocrates sans lien avec le réel. Oui, ça suffit. Tel doit être le mot d’ordre. Le seul mot d’ordre.

Sylvain Tesson dont je continue toujours d’apprécier plus le témoignage, la sensibilité et la hauteur de vue vient de partager sur Facebook cette lettre d’Hélie de Saint Marc, qui fut l’un des héros du XX° siècle, que je vous livre pour finir.

QUE DIRE A UN JEUNE DE VINGT ANS ?

Quand on a connu tout et le contraire de tout, quand on a beaucoup vécu et qu’on est au soir de sa vie.

Que dire à un jeune de vingt ans ?

On est tenté de ne rien lui dire, sachant qu’à chaque génération suffit sa peine, sachant aussi que la recherche, le doute, les remises en cause font partie de la noblesse de l’existence.

Pourtant, je ne veux pas me dérober, et à ce jeune interlocuteur, je répondrai ceci, en me souvenant de ce qu’écrivait un auteur contemporain :

« Il ne faut pas s’installer dans sa vérité et vouloir l’asséner comme une certitude, mais savoir l’offrir en tremblant comme un mystère ».

A mon jeune interlocuteur, je dirai donc que nous vivons une période difficile où les bases de ce qu’on appelait la Morale et qu’on appelle aujourd’hui l’Ethique, sont remises constamment en cause, en particulier dans les domaines du don de la vie, de la manipulation de la vie, de l’interruption de la vie.

Dans ces domaines, de terribles questions nous attendent dans les décennies à venir.

Oui, nous vivons une période difficile où l’individualisme systématique, le profit à n’importe quel prix, le matérialisme, l’emportent sur les forces de l’esprit.

Oui, nous vivons une période difficile où il est toujours question de droit et jamais de devoir et où la responsabilité qui est l’once de tout destin, tend à être occultée.

Mais je dirai à mon jeune interlocuteur que malgré tout cela, il faut croire à la grandeur de l’aventure humaine.

Il faut savoir, jusqu’au dernier jour, jusqu’à la dernière heure, rouler son propre rocher.

La vie est un combat le métier d’homme est un rude métier. Ceux qui vivent sont ceux qui se battent.

Il faut savoir que rien n’est sûr, que rien n’est facile, que rien n’est donné, que rien n’est gratuit.

Tout se conquiert, tout se mérite.

Si rien n’est sacrifié, rien n’est obtenu.

Je dirai à mon jeune interlocuteur que pour ma très modeste part, je crois que la vie est un don de Dieu et qu’il faut savoir découvrir au-delà de ce qui apparaît comme l’absurdité du monde, une signification à notre existence.

Je lui dirai qu’il faut savoir trouver à travers les difficultés et les épreuves, cette générosité, cette noblesse, cette miraculeuse et mystérieuse beauté éparse à travers le monde, qu’il faut savoir découvrir ces étoiles, qui nous guident où nous sommes plongés au plus profond de la nuit et le tremblement sacré des choses invisibles.

Je lui dirai que tout homme est une exception, qu’il a sa propre dignité et qu’il faut savoir respecter cette dignité.

Je lui dirai qu’envers et contre tous il faut croire à son pays et en son avenir.

Enfin, je lui dirai que de toutes les vertus, la plus importante, parce qu’elle est la motrice de toutes les autres et qu’elle est nécessaire à l’exercice des autres, de toutes les vertus, la plus importante me paraît être le courage, et surtout celui dont on ne parle pas et qui consiste à être fidèle à ses rêves de jeunesse.

Et pratiquer ce courage, ces courages, c’est peut-être cela « L’Honneur de Vivre ».

 

Hélie de Saint Marc

 

 

 

 

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