dimanche 19 février 2023

L'AFFAIRE PALMADE.

L’accident provoqué par Pierre Palmade a déclenché une réaction médiatique qui fait naître beaucoup d'interrogations.


S’il y a eu des excès comme ce titre de BFMTV évoquant "les autres victimes" comme si l’auteur de l’accident en était lui-même une, les réactions médiatiques sont globalement prises entre deux feux : aller dans le sens de l’opinion qui est choquée par l’attitude de cet acteur bien qu’il soit sympathique et reconnu comme tel ; chercher à comprendre comment cet humoriste a pu en arriver là.

Mais la recherche d’explications butte sur certains tabous : l’homosexualité, la drogue, la recherche du plaisir. Comme s’il fallait s’arrêter en chemin. Comme s’il devait y avoir des limites, des bornes à ne pas dépasser. Le fond ?...cela ne nous regarde pas!...Chacun doit pouvoir vivre comme il l'entend… On voit où cela nous mène, cet accident médiatisé n'en étant malheureusement qu'un parmi trop d'autres.

Rien ne me semble devoir être tabou. L’horreur de ce qui s’est produit du fait des errements de cet acteur doit nous conduire à poser toutes les questions, y compris les plus gênantes. 

L’exemple de Pierre Palmade est très révélateur. L’homme est sympathique. Il fait rire. Il est apparemment plutôt bon acteur. Il a souffert. Il a fait son coming out qui semble ne s’être pas parfaitement bien déroulé. Il s’enfonce dans la dépression et dans une logique quasi suicidaire malheureusement partagée par nombre de nos jeunes contemporains comme beaucoup de statistiques le mettent actuellement en évidence. C'est l'un des nôtres…

Notre société est-elle devenue une fabrique de dépressifs et de malades ? Les chiffres sont là. Effrayants. Dramatiques. Voyons-nous la réalité en face ?  "Voir ce que l'on voit" est le plus difficile (Charles Péguy).

Les débats sur les chaînes d’information continue tournent en rond autour des questions du pourquoi et du comment: des soins à apporter, de l’opportunité de légaliser ou de ne pas légaliser la drogue - qui n’est quant à elle pas devenue un sujet tabou…- de la manière de traiter ceux que l’on nous présente comme des malades sans conscience morale, de ces pratiques sexuelles déviantes, véritables partouzes d’une violence extrême, comparables aux consommations d’alcool dérégulées qui se développent elles aussi etc. Nous restons bloqués sur le débat des effets du mal qui couve.

Nous sommes devenus un gigantesque hôpital de campagne. Mais rien ni personne ne pose la question de savoir en quoi et pourquoi notre modèle social est en échec. Pourquoi en arrive-t-on là ? Pourquoi fabriquons-nous des malades et des dépressifs dans des proportions de plus en plus grandes ? Pourquoi une partie de notre population se trouve-t-elle tentée par la consommation de drogues dures, des pratiques sexuelles anormales et la recherche du plaisir sous toutes ses formes qui ressemble à un trou noir et sans fond ? Quelles sont les causes de ce "mal être", de cette déshérence, de cette solitude affective, de notre incapacité collective à répondre aux attentes de notre jeunesse par ailleurs livrée à elle-même?

Les médicaments, les cures, les soutiens psychologiques, voire psychiatriques, soignent les effets. On ne soigne pas les causes de cette faillite sociétale et politique.

Or, nous avons, me semble-t-il, trois types de maux à combattre.

Tout d’abord l'industrie de la pornographie, de la drogue et de la violence que nous dénonçons du bout des lèvres sans nous attaquer à la profondeur du mal. Les actions ne suivent pas les mots… Car enfin, si nous le voulions vraiment, ne pourrions-nous pas nous attaquer enfin à ces maux qui nous détruisent et détruisent notre jeunesse ? Les combats que nous engageons sans aucune efficacité réelle vu le développement des réseaux ne concernent que la face émergée de l’iceberg sans aucunement s’attaquer à toute la partie immergée. Pour le coup, nous sommes en guerre ! Mais nous ne nous donnons pas les moyens de mener cette guerre. Au contraire c'est l'ennemi qui gagne chaque jour, inéluctablement il conquiert des territoires, des quartiers, des bandes, des réseaux, des individus.

Ensuite notre faiblesse morale. Notre société n’a plus une structure suffisamment forte pour permettre à ceux qui vacillent ou qui sont en difficulté de se raccrocher à elle, indépendamment du fait qu’elle crée malheureusement des situations qui contribuent à mettre en difficulté de plus en plus de jeunes, de femmes, d’êtres fragiles ou en construction. Les structures sociales ne sont pas des structures polarisées sur la distinction du bien et du mal. Elles ne proposent pas le bien à ceux qui en ont besoin et les soumettent au contraire à la tentation permanente du mal. Pour reprendre la formule de Sa Sainteté Jean-Paul II il s’agit de structures de péché. Il est vrai, et c’est le problème de fond, que nous ne voulons plus dénoncer le mal qui n’existe pas pour nos intellectuels, sans parler du péché. Pour prendre l’exemple de la pornographie cela fait des années que nos enfants ont accès à des sites qui les détruisent sans que leurs parents n’aient les moyens véritables de les contrôler. Pendant ce temps, nous palabrons et nous payons des experts.

Enfin, notre société est toujours plus violente. Elle est violente dans les actes. Elle est violente sur le plan économique et social. Elle est violente dans ces familles. Elle est violente dans les mots. À cet égard, je ne saurais trop vous recommander la lecture du dernier livre de Monique Atlan et Roger Pol Droit « quand la parole détruit ». Allant à la recherche de l’histoire de la parole en Occident ils écrivent « Platon invente la parole qui tue pour édifier le meilleur des mondes ». Ce procès de l’idéalisme mériterait d’être fait de manière très approfondie… Depuis, le meilleur des mondes a été imaginé à d’innombrables reprises par de grands auteurs. Dorénavant il est devenu notre quotidien sauf que par l’effet du relativisme généralisé, de l’amoralisme de principe et de la négation de tout sentiment religieux chez l’être humain, nous ne sommes plus capables que d’édifier un monde brisé, sans structure, sans ressources, sans offre civilisationnelle.

Tout le reste n’est que vaine littérature…

Pierre Palmade ira certainement en prison. Il semblerait qu’en raison de sa nature il doive être envahi par le remord autant que par ses démons. Il reste à lui souhaiter que le chemin du repentir lui soit effectivement ouvert et bénéfique… pour cela, en même temps que des médecins, je pense qu’il lui faudrait croiser des esprits moralement exigeants qui le confrontent en vérité au mal qu’il a commis et aux sources de ce mal. En trouvera-t-il sur son chemin?

Ses victimes resteront marquées jusqu’à la fin de leurs jours par l’horreur de ce qu’elles ont vécu par sa faute.

Une fois que le bruit médiatique se sera évanoui le problème sera que mis à part un peu de cosmétique législative - G Darmanin toujours opportuniste pour surfer sur les malheurs qu'il ne sait pas prévenir n'a pas attendu longtemps pour faire des annonces! - rien ne changera fondamentalement et que la grande machine à fabriquer du malheur continuera de fonctionner…

CQFD.

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