Alors que je m’apprêtais à ouvrir un modeste été avec Charles Péguy, j'écoutais une fois de plus des commentateurs « amis » s'offusquer des derniers scandales provoqués par les responsables politiques de la France Insoumise et surtout de la complicité passive et active dont ils bénéficient de la part de l'élite médiatique.
Face à ce déchainement animé par les R. Assan, M. Panot
et autres JL Mélenchon, me revenait à l'esprit avec insistance cette réflexion de Joseph de Maistre selon
laquelle « Ce n’est
point une contre-révolution qu’il faut, mais le contraire d’une révolution ».
Maistre refusait l’idée d’une « contre-révolution » qui
s’opposerait à la Révolution
avec les mêmes
armes, la même
violence ou la même
logique de rupture. Il ne s’agissait
pas pour lui de faire une « révolution
à l’envers »,
mais de rétablir
un ordre traditionnel, stable, enraciné
dans la monarchie, la religion et l’autorité légitime.
Pour lui, la Révolution est une maladie sociale, une
rupture brutale avec l’ordre. La guérison ne peut donc pas être une autre
révolution, mais le retour à une société ordonnée par la Providence, la
légitimité dynastique et la foi.
La dialectique est enclenchée ; rien ne semble pouvoir
l’arrêter. Nous n'avons pas le droit de nous offusquer d'un processus dont nous sommes responsables et qui constitue une réalité
historique, objective. Il ne s'agit pas non plus de penser pouvoir y échapper.
En revanche il nous appartient de réparer le tissu social
dont les blessures ont rendu possible l'enclenchement de la dialectique
révolutionnaire et faisant en sorte qu'elle ne trouve plus à terme le terrain dont elle se nourrit.
Mathieu Bock-Côté, Charlotte d'Ornellas et bien d’autres soulignent
et décortiquent à longueur de chroniques des manipulations vraies et objectives
des ennemis de l’inérieur. Toute cette effervescence bienpensante ne fait malheureusement
qu’entretenir la dialectique mise en œuvre et soutenue par La France insoumise.
Celle-ci n'attend que cela. Il n'y a qu'à observer le fait qu'elle rebondisse à
chaque fois sur les accusations qui sont formulées à son encontre, dont aucune
ne semble devoir réfréner ou arrêter son élan. Les médias mainstream quant à
eux sont les idiots utiles de la Révolution sans laquelle ils n’existeraient
pas.
Les leaders de la France Insoumise manœuvrent comme des
poissons dans l'eau. Le problème réside dans l'eau qui les porte.
Le spectacle de cette apparente irréversibilité du
phénomène qui nous préoccupe à juste raison est le résultat de l’entretien de
la contradiction que nous avons aveuglement acceptée en l’avalisant.
Joseph de Maistre
insistait sur le fait que selon lui la Révolution a été permise par Dieu comme
un châtiment pour la France, coupable d’avoir propagé des idées philosophiques
contraires à la religion. La restauration ne doit donc pas être une vengeance
humaine, mais une réparation morale et spirituelle orchestrée par la Providence.
Je ne sais pas si ce dont
nous sommes aujourd'hui les victimes est un châtiment divin. Je suis par contre certain
d'une chose : c'est que la dialectique entretenue à notre encontre de
manière destructrice du lien social et du bien commun n'a été rendue possible
que par la propagation d'idées philosophiques dévoyées et contraires aux
vérités les plus élémentaires propices à la recherche du bien de chacun et de
tous.
Tant que nous n'aurons
pas fait notre aggiornamento nous serons réduits à nous lamenter de ce qui nous
arrive et à pleurer sur notre triste sort.
Cette analyse est
fondamentalement positive. Oui il y a une bonne nouvelle !... dans la
mesure où une fois épuisées les causes de la révolution il y aura la place pour
un retour de la politique au bon et plein sens du terme.
Au risque de me répéter
il nous revient de nous retrousser les manches afin d’une part de faire face à
des lendemains encore difficiles et d’autre part de préparer la suite.... Mais
nous n’aurons rien sans rien. Le mal est profond. Cela fait des décennies que
ceux qui ont connu la répression communiste et marxiste nous alertent au
premier rang desquels A. Soljenitsyne et avant eux les Papes de l’Eglise Catholique
dont les multiples encycliques n’ont cessé depuis le milieu du XIXe siècle de dénoncer
les erreurs modernes, relativistes dans lesquelles nous nous complaisons par
facilité et par lâcheté.
Il y a Dieu merci des
petites lumières qui s'allument autour de nous ; dans la vraie vie car
tout n’est pas perdu. A nous de les identifier et petit à petit d’allumer des
feux qui permettront à nouveau à la relation sociale de nous réchauffer et
d'être porteuse d'un avenir plus serein.
Rien n'est jamais perdu.
Sachons guetter les clins d'œil de la petite fille espérance.
C'est la raison pour
laquelle j'ai décidé de consacrer mon été à Charles Péguy qui entre autres trésors a écrit: "La
foi que j'aime le mieux, dit Dieu, c'est l'espérance." – [Le Porche du
mystère de la deuxième vertu (1912)].
Dans son dernier livre d'entretiens spirituels le Cardinal Sarah y fait référence de manière lumineuse; j'encourage les croyants comme les non-croyants à en faire leur livre de chevet...
A bientôt.
Merci pour cette excellente analyse... Espérons... en priant...
RépondreSupprimerPersonnellement, tout en comprenant ceux pour qui l’Esperance est la voie du salut par excellence, je suis partisan d’une dose de réaction… dont procèdent les médias que tu critiques à demi-mots Bernard, car comme disait un philosophe qui t’est cher, Chesterton :
RépondreSupprimer« L’affaire des progressistes, c’est de faire des erreurs ; celle des conservateurs est d’empêcher les erreurs d’être corrigées. »
CR