dimanche 26 octobre 2025

APROPOS DES LIVRES "POPULICIDE" ET "LA MESSE N'EST PAS DITE".

Deux livres dominent l’actualité politique de ce mois d’octobre : ceux de Philippe de Villiers et d’Éric Zemmour.


Avec « Populicide », Philippe de Villiers ne nous révèle rien que nous n’ayons déjà pressenti ou qu’il n’ait déjà dit, mais il nous fait comprendre, par la précision de son analyse et ses analyses historiques riches et approfondies, les causes de notre effondrement collectif. Son diagnostic est solide, sa plume toujours inspirée. Pourtant, malgré la promesse initiale, il n’ouvre guère de pistes concrètes : il ne propose d’autre issue qu’une espérance — celle d’une résurrection de la France que nous aimons. Un peu nostalgique…

 

Dans « La Messe n’est pas dite », Éric Zemmour affirme l'existence d'une France judéo-chrétienne menacée par le péril du grand remplacement. Venant d’un auteur juif qui ne se réclame pas de la foi catholique, ce propos a un poids singulier. Mais la thèse qu’il développe tend à opposer un catholicisme à un autre à travers des dialectiques contestables, au service d’une démonstration dont l’objectif semble politicien : fidéliser et développer un électorat catholique et nationaliste face à l’islam. Zemmour demeure prisonnier d’une vision tournée vers le passé : il fait de la politique l'œil fixé sur le rétroviseur. Un peu passéiste…

 

Si nous adhérons à une large part de leurs constats une question s’impose : quelle action politique ? Que faire demain ? Difficile…


Il faut tout d’abord admettre une double évidence.

La première : tant que le peuple français ne retrouvera pas une communion réelle autour des dogmes du catholicisme - ceux qui sont combattus depuis la révolution de 1789 - la France ne pourra nourrir son avenir des richesses spirituelles et morales de la civilisation chrétienne.

La seconde : le monde traverse une mutation radicale et irréversible, incarnée par la révolution technologique, caractérisée par un rétrécissement planétaire, un retour en force de la puissance, une recomposition géopolitique, une transformation démographique. Ceci nous oblige à inventer un modèle renouvelé ; car si la nature humaine demeure, comme les lois fondamentales de la politique, le monde de demain ne sera définitivement pas celui d’hier.

 

Alors que la révolution sommeille, que l’insécurité gagne du terrain et que notre système économique échoue à répondre aux besoins matériels des plus pauvres et à l’exigence de justice, notre pays — comme les nations européennes en général— a besoin d’États gouvernés avec bon sens, courage et pragmatisme. Des États forts , dotés de pouvoirs efficaces et animés par le sens du bien commun, dans un cadre de souverainetés "revisitées".

 

Mais ni De Villiers ni Zemmour n’incarnent aujourd’hui cette voie du renouveau : ils n’en ont pas les moyens politiques. Ils sont des sonneurs d'alerte dont on ne doit pas sous-estimer l'importance. Et nous, peuple désorienté, nous plaçons nos derniers espoirs dans un hypothétique homme ou femme providentiels — quand bien même nul ne pourrait, seul, mener à bien la restauration politique et morale dont la France a besoin. Peut-être n’avons-nous pas encore touché le fond…

 

Au risque de me répéter une issue existe : identifier, encourager et soutenir ceux qui, dans le pays, peuvent incarner le renouveau. Celui-ci ne naîtra pas spontanément d’une société hystérisée ni d’un système institutionnel verrouillé à tous les étages. La « contre-révolution spontanée » chère à Charles Maurras n’est plus d’actualité eu égard à la déchristianisation structurelle de nos sociétés occidentales. Il y a du boulot!

 

Certes, la France demeure la fille aînée de l’Église, née du baptême de son roi et de son peuple. À ce titre, soutenue par la bienveillance des saints et la protection de Notre-Dame, elle peut toujours espérer un miracle. Il y en eut un du temps de Jeanne d’Arc, alors que l’état du royaume n’avait rien à envier à celui d’aujourd’hui. Mais la prière ne saurait remplacer l’action : sainte Jeanne d’Arc nous l’a enseigné avec éclat.

 

Il nous revient donc d’agir, chacun selon ses compétences et ses moyens, dans un esprit de responsabilité civique et chrétienne; sans jamais perdre de vue que la Franc e est une nation forgée par une volonté politique soutenue par des vertus chrétiennes n'en déplaise à tous les "bouffeurs de curés" travestis en apôtres de la laïcité, de svaleurs républicaines et de l'état de droit.

Cette action, multiforme et conforme au principe de subsidiarité, doit s’exercer au sein du corps social qui est un être collectif vivant, et à ses règles; c’est là que se régénèrera la nation. Nous oublions trop souvent cette réalité essentielle, fondatrice ; il est vrai que le système politique s’emploie à dévitaliser le corps social. La politique ne peut procurer le bonheur. Elle ne doit pas avoir pour objet de construire une société à partir de présupposés idéologiques. Elle doit donner à la société les moyens de vivre au service de ses membres.

 

Être une nation chrétienne implique que le corps social vive selon les principes de la loi naturelle, tels que l’Église Catholique les a analysés, approfondis et transmis depuis les origines grâce à saint Augustin, saint Thomas d’Aquin, saint Vincent de Paul, les catholiques sociaux du XIX siècle, jusqu’aux papes contemporains. C’est là le véritable sens de l’identité chrétienne de la France — non pas le syncrétisme intellectuel ou les dialectiques incertaines et trop nostalgiques d’Éric Zemmour. 

Ce n’est pas demain que la France vivra selon les accents de la prosopopée villiériste ni sous la bannière d’un judéo-christianisme zemmourien. Qu’on ne s’y trompe pas : se référer à la doctrine catholique ne signifie pas contraindre quiconque à se rendre à la messe ou au confessionnal. Si nous voulons que l’avenir retrouve la lumière de ce glorieux passé, il faudra des cadres animés d’une foi capable de soulever des montagnes, d’une charité inépuisable et d’une espérance lucide. Il faudra nous en donner la peine avec modestie, ouverture et conviction.

 

Enfin, sans perdre de vue le long terme, il nous faut aborder le court terme avec réalisme : définir les priorités, agir selon ce qui est possible, en privilégiant la proximité et cesser à la fois de rêver et de cauchemarder. C’est ainsi, seulement, que nous redeviendrons maîtres de notre destin et que nous donnerons à nos petits-enfants la possibilité de dire comme Romain Gary « Je n’ai pas une goutte de sang français, mais la France coule dans mes veines. »


Semper idem!

6 commentaires:

  1. Déplacer le débat du champ de la plainte vers celui du projet ? C’est sans doute nécessaire...
    Mais ces “pistes” restent philosophiques et morales, non opérationnelles. Quid de propositions économiques, éducatives ou institutionnelles ?
    CR

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Il faut bâtir les fondations avant de reconstruire les murs si on veut qu’ils soient solides

      Supprimer
  2. Dommage de dévaloriser les deux seuls penseurs actuels qui travaillent pour le renouveau de la France ! On ne pourra rien faire sans eux !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Il faut être réaliste concret et pragmatique. Moi aussi je rêverais d’un monde chrétien idéal. Sauf un miracle c’est impossible en l’état actuel des choses

      Supprimer
  3. "on ne pourra rien faire sans eux".?? heureusement que si.!! parce que des beaux parleurs qui critiquent en surface nos dirigeants actuels, on n'en manque PAS.!! Bercoff, Praud, d'Ornellas, Cluzel, Onfray, Goldnadel, etc. Mais AUCUN n'ose aller jusqu'à une FERME CONDAMNATION de nos dirigeants pour crimes et trahisons.!! Or le français est une langue précise, et CE SONT les mots qui conviennent. AUCUN ne propose de cesser d'aller voter ou de quitter l'Europe.... TOUS sont aveugles ou "soumis" (par la trouille ou la lâcheté) à un système dont le SEUL objectif est de DÉTRUIRE la France..!! Il faut ouvrir les yeux... Merci à B.H. de le faire ici en première amorce d'une réflexion qu'il faut pousser jusqu'au bout..!! (voir mon site sur le projet de "référendum-sondé").

    RépondreSupprimer
  4. Rètablissons la Royauté Chrétienne avec son attachement charnel à la France ! C'est la seule solution ...tout le reste n'est que paroles inutiles

    RépondreSupprimer

Commentez cet article et choisissez "Nom/URL" ou Anonyme selon que vous souhaitez signer ou non votre commentaire.
Si vous choisissez de signer votre commentaire, choisissez Nom/URL. Seul le nom est un champ obligatoire.

Retrouvez mes anciens articles sur mon ancien blog