Il aura fallu huit années de mandat pour que le Président de la République admette, au moins implicitement, que la France est entrée dans une zone de turbulences historiques — et que la route qu’il a tracée depuis son élection conduit à une impasse.
Débordé par les conséquences de ses propres renoncements, pris dans le souffle violent d’un pays qui ne croit plus en lui, E Macron tente de reprendre la main. Mais la confiance se gagne dans le temps long et ne se satisfait pas de déclarations guidées par l’opportunisme.
On ne devient pas « père de la Nation » par discours, surtout lorsqu’on a tant méprisé cette Nation dans ce qu’elle a de plus intime : son identité, son histoire, son instinct vital. Ni la guerre, ni le retour du service militaire, ni les gesticulations éducatives — interdiction des téléphones, morale républicaine réchauffée — ne changeront quoi que ce soit à la déconfiture macronienne.
La tentation du contrôle : labelliser
l’information
Fragilisé par la vague qui menace de submerger le monde européiste
dont E. Macron fut l’héritier désigné, ce dernier a très sérieusement avancé l’idée
Orwellienne de la labellisation des acteurs de l’information. Le pouvoir
voudrait confier cette mission à RSF, dont la crédibilité a été bousculée par
l’ARCOM dans l’affaire CNEWS. Comme si, paniqué à l’idée de perdre
définitivement l’appui du récit médiatique, l’exécutif cherchait à sauver le
camp mainstream en censurant tous ceux qui ne pensent pas comme il faut et que
l’on entend trop.
La parole officielle resterait libre, bien sûr. Celle des autres devrait se soumettre au label — ou se taire.
Cette initiative témoigne de ce que la bataille de
l’information qui est engagée est capitale. Elle pourrait se traduire par la fin de l’hégémonie de
la gauche même si le journalisme reste
majoritairement socialiste.
Pendant ce temps - jusqu'à quand? -la vie publique continue de se dérouler sous la chape lourde de la bienpensance, toujours solidement installée dans les rédactions.
Sarah Knafo, le grain de sable sur BFM
BFM en offre une illustration parfaite : un passage obligé pour quiconque veut exister politiquement. Avec, trônant au centre du dispositif, les gardiens du temple médiatique comme Alain Duhamel, mémoire vivante de « L’Heure de vérité ».
Sarah Knafo s’y est risquée. Ce fut un moment singulier. Le vieux maître n’a pas tari d’éloges sur la jeune députée européenne — « brillante, intelligente, elle sait ce qu’elle dit » — tout en cherchant à déconstruire ses positions. Elle lui répondit avec un mélange d’audace et de fermeté : vous êtes « parfois honnête » ... ma génération a « beaucoup payé des erreurs de la vôtre ». Duhamel a encaissé et même opiné tout en grimaçant.
Sarah Knafo osa même en aparté lui rappeler qu’« il ne peut y avoir qu’une seule vérité ; il ne peut pas y en avoir deux ». A Duhamel n’a pas réagi, laissant glisser cette apparente la palissade comme l’eau sur la plume du canard. Or cette affirmation contredit toute la culture relativiste qui irrigue les éditocrates depuis quarante ans. Elle rompt le pacte implicite, libéral et faussement tolérant, du quant-à-soi médiatique.
Elle a osé, avec le sourire…
Du règne des mots à la nécessité de l’action
Mais la phrase la plus significative fut la suivante : « L’espoir
viendra de l’action. »
En une ligne, la jeune élue a renversé quarante ans
d’impuissance publique. Depuis Giscard, nous sommes gouvernés par la parole, le
slogan, la communication — jamais par l’action. Les mots ne coûtent rien.
L’action coûte. L’action engage. L’action révèle.
La France attend l’État ; or l’État agit.
Penser pour agir
Agir, oui. Mais pour cela encore faut-il discerner,
penser, distinguer le vrai du faux, le bien du mal. A défaut, l’action devient
agitation. Je repensais alors à Hannah Arendt :
« C’est dans le vide de la pensée que s’inscrit le mal. »
Or le vide de la pensée mainstream est abyssal, et ... le
mal prospère dans la France de 2025.
Je songeais aussi à Péguy, dans Notre jeunesse :
« Il faut toujours dire ce que l’on voit : surtout il
faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l’on voit. »
Voir le réel, enfin. Oser le regarder en face parce qu’on ne le trahit pas avec des mots.
À l’heure où notre classe politique se saborde dans l’hémicycle, où le courage se fait rare, où le pays tangue, cette voix déterminée aura de l’écho — peut-être davantage encore que celle d’Éric Zemmour, auprès duquel elle s’est formée dans l’ombre et dont elle est peut-être le mentor caché.
La question qui vient : qui gouvernera demain ?
Nul ne sait qui prendra les rênes du pays. Une génération émerge — femmes et hommes décomplexés, ambitieux, nourris d’une nouvelle culture politique — portera-t-elle un jour la France ? On s’interroge ainsi naturellement sur cet autre jeune homme, au sommet dans les sondages : aura-t-il la stature, le courage, la force intérieure pour incarner l’intérêt national, agir au service de la France et réduire ses ennemis au silence ?
L’élection qui s’annonce nous délivrera-t-elle enfin de la médiocratie qui règne depuis quarante ans ? Comme les hirondelles ne font pas le printemps il n’est pas interdit de craindre que ces jeunes talents ne fassent pas celui de la France.
Pourra-t-on échapper à la guerre civile qui gronde, affronter l’islamisme radical, briser l’emprise des narcotrafiquants, restaurer notre économie, relever l’école, apprivoiser l’IA, faire renaître une démographie atone, redonner sa voix à la Nation dans un monde redevenu un affrontement de puissances désinhibées ?
Il faudrait un alignement parfait des planètes.
A-t-on encore le droit de l’espérer lorsque, comme
Jean-Louis Borloo envahi par une lucidité qu’on lui eut préféré quand il était
au pouvoir, on constate chaque jour la désagrégation de l’État ?
La bataille de l’information : sismographe de
l’avenir
Entre la bataille de l’information et le surgissement d’une
jeunesse politique décomplexée les mois qui viennent seront aussi incertains et
risqués que décisifs et passionnants :
- Pour ceux qui espèrent encore un sursaut démocratique.
- Pour ceux qui croient que la France peut se relever.
- Pour ceux qui savent que l’histoire n’est jamais écrite d’avance.
... Même si la réalité et l’actualité risquent d’imposer un
calendrier et des événements dont il n’est pas certain qu’il soit possible de
les maitriser.

« Quand on va jusqu’au bout de la nuit, on rencontre une autre aurore ».
RépondreSupprimerBernanos