auchemar. Je venais de lire un article de Paul Jorion sur l’effet de
cliquet qui interdit à nos systèmes verrouillés de revenir en arrière[1].
Il cite cette récente déclaration du « Chef de l’Europe » Jean Claude
Junker pour qui « il ne peut pas y avoir de choix démocratique contre
les traités européens ». J’eus le vertige et fus une fois encore pris
d’effroi, confronté à la froide détermination de nos politiques modernes. Comme
dans une nuit cauchemardesque… Sans doute pour me défendre mon esprit s’est
évadé de cet univers fermé, et a fini par me conduire comme dans un rêve, sous
un clair de lune, grâce à une lecture en cours à laquelle je suis revenu comme
à une bouée de sauvetage…
aradoxes ? Unité, rassemblement sonnent pour moi comme le
rappel du clairon. J’aime l’ordre, parce que c’est une nécessité ; mais ma
nature me pousse à l’indiscipline. Je n’aime pas les interdits ; il n’y a pour
moi rien de plus insupportable que cet univers aseptisé, policé, uniformisé,
« orwellien » dans lequel tout est organisé, préparé d’avance, dicté
par une police de la pensée conformiste. Je déteste que l’on m’impose la
direction à prendre même si je me laisse volontiers convaincre du bon choix. Je
ne crois pas au consensus, mais à la richesse de la diversité. Je ne crois pas
qu’une société peut devenir un seul esprit, ce qui ne veut pas dire que la
communion ne doive pas être recherchée. Je ne supporte plus ce système qui
cherche à nous imposer sa façon de penser tout en nous faisant croire qu’il laisse
à chacun une liberté absolue; sous couvert par exemple de
la liberté d’expression et du droit au blasphème (salut Charlie !), sortes
de « hochets » de la bien-pensance. Car ce sont les mêmes
qui par leurs lois et leur politique, si tant que c’en soit encore
une… nous refusent les libertés concrètes, quotidiennes ; quand il
s’agit après les manifs et les grands discours de permettre à chacun
concrètement, d’exister comme une personne, avec une véritable autonomie, dans
un espace vital pour lui et les siens, selon ses convictions et conformément
aux principes élémentaires de toute humanité digne de ce nom… Ce qui signifie,
liberté économique et du travail dans la dignité, liberté pour les familles de
préserver leur espace vital, liberté d’entreprendre, liberté de l’enseignement
qui ne souffre pas les diktats faussement démocratiques et républicains d’une
caste d’apparatchiks totalitaires voulant mouler les enfants selon leurs
critères, ce qui veut dire encore la liberté de vivre et de mourir conformément
à l’ordre de la nature sans être à la merci de qui que ce soit sauf de Dieu.
Ordre et diversité. Principes de subsidiarité et de totalité. Réalisme
intégral. Voilà ce qu’on nous refuse au risque de nous étouffer, en nous
faisant croire que nous vivons encore après nous avoir transformés en
consommateurs, jouisseurs, profanateurs ; en grandes gueules droits de
l’hommistes…
aître. Je me sens de plus en plus réactionnaire, mais aussi anarchiste,
comme Gustave Thibon se plaisait à l’exprimer. Je suis en même temps séduit par
les richesses du distributisme chestertonien. Chesterton est un vrai maître
pour notre époque. Je suis en train de relire « l’auberge volante »
qui démontre que cet immense écrivain et pamphlétaire avait montré la voie à
Houellebecq pour son roman « soumission » un siècle plus tôt. Et
entre nous il lui est très supérieur….. P. Maxence qui se consacre depuis des
années à la diffusion de son œuvre évoque Houellebecq comme un Chesterton
triste[2].
Et c’est vrai qu’il est merveilleux de joie dans son écriture comme dans ses
idées. Chesterton est tout entier dans « small is beautiful » dont
vous trouverez des extraits sur ce blog. Avec cette intuition qui est réservée
aux visionnaires, et avec une intelligence aussi acérée que provocatrice, maniant
les aphorismes comme personne, il a senti et dénoncé les maux de notre si cher
modernisme et de son frère siamois le progressisme idéologique.
istributisme. Sa pensée nous met face à nos contradictions comme à nos
insuffisances. Sa dénonciation du socialisme étatique et du grand commerce
comme étant les deux pouvoirs qui nous menacent est allée au-delà des justes
intuitions du marxisme et a vu, alors qu’ils étaient à peine en germe, les
effets pervers de la financiarisation de notre économie. Il a ramené comme à
ses origines le mal idéologique planificateur et uniformisateur précédemment
dénoncé. Allant au bout d’un raisonnement implacable, il dénonce comme l’erreur
fondamentale, le refus de la division essentielle entre le ciel et la terre,
entre l’homme et la femme (oui !!!!!, et on ne parlait pas de théorie du
genre à l’époque….) nous rappelant le clivage créateur entre Adam et Eve et le
clivage destructeur entre Caïn et Abel (sic !). Voilà qui s’appelle penser
de manière intégrale, entière, totale, révolutionnaire…
évolution. Car il a enfin, été le chantre d’un appel à une révolution par
les gens et non pas pour les gens, dont toute l’inspiration est exprimée dans
ce texte que j’ai déjà évoqué et que je ne résiste pas à la tentation de vous
inviter à le lire à nouveau tant il mérite d’être lu et relu comme une leçon
pour toute action politique en vérité :
Avec les cheveux roux d’une gamine des
rues, je mettrai le feu à toute la civilisation moderne. Puisqu’une fille doit
avoir les cheveux longs, elle doit les avoir propres; puisqu’elle doit avoir
les cheveux propres, elle ne doit pas avoir une maison mal tenue; puisqu’elle
ne doit pas avoir une maison mal tenue, elle doit avoir une mère libre et
détendue; puisqu’elle doit avoir une mère libre et détendue, elle ne doit pas
avoir un propriétaire usurier ; puisqu’elle ne doit pas avoir un propriétaire
usurier, il doit y avoir une redistribution de la propriété ; puisqu’il doit y
avoir une redistribution de la propriété, il doit y avoir une révolution.
Cette gamine aux cheveux d’or roux (que
je viens de voir passer en trottinant devant chez moi), on ne l’élaguera pas,
on ne l’estropiera pas, en rien on ne la modifiera ; on ne la tondra pas comme
un forçat. Loin de là. Tous les royaumes de la terre seront découpés, mutilés à
sa mesure. Les vents de ce monde s’apaiseront devant cet agneau qui n’a pas été
tondu. Les couronnes qui ne vont pas à sa tête seront brisées. Les vêtements,
les demeures qui ne conviennent pas à sa gloire s’en iront en poussière. Sa mère
peut lui demander de nouer ses cheveux car c’est l’autorité naturelle, mais
l’Empereur de la Planète ne saurait lui demander de les couper. Elle est
l’image sacrée de l’humanité. Autour d’elle l’édifice social s’inclinera et se
brisera en s’écroulant ; les colonnes de la société seront ébranlées, la voûtes
des siècles s’effondrera, mais pas un cheveu de sa tête ne sera touché.
emper idem… La vraie révolution commence par un rêve. Ce rêve peut être
prémonitoire pour les hommes et les femmes sachant se défier des utopies
socialistes et marchandes…
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dimanche 15 février 2015
LA REVOLUTION COMME DANS UN REVE
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