Le Président Macron lance un
défi à la droite française ; celui du conservatisme. Entre progressisme et
conservatisme, elle doit choisir. Elle ne peut plus être une sorte de Janus à
deux têtes…. Fini le grand écart. Ce sera l’un ou l’autre. Sortir de l’ambiguïté.
Mais en sera-t-elle capable ? Peut-elle incarner une vraie alternative au
progressisme « macronien » ; le voudra-t-elle ?
Parviendra-t-elle à réduire le FN à un rôle de figurant, marginalisé par ses
excès, ses incohérences et ses limites ? Ou en cas d’échec à venir du
social-libéralisme versus « droite et gauche », nous livrera-t-elle
sans préparation et sans aucune garantie, à l’aventure populiste et
extrémiste qu’un conservatisme de droite assumé pourrait nous épargner?
Tel est l’enjeu des années à
venir. Et tout peut aller très vite en fonction du contexte social très tendu,
de la situation financière internationale ou encore des risques d’attentats…
Cela fait deux siècles que
la droite se cherche ; de reniements en revirements. Il faut y revenir.
Tout remonte à Louis XVI,
trahi par son camp. Car la France a coupé la tête de son roi et de sa reine
avec la complicité des siens ; un camp qui ne se remettra jamais de cette
décapitation...
Après le renouveau
catholique du XIX°, suivi de la séparation sanglante de l’Eglise et de l’Etat –
nous avons la mémoire courte…- ce fut le schisme consécutif à l’appel au
ralliement de Léon XIII, interprété et compris de manières contradictoires,
déchirantes et irréversibles ; d’où des plaies à vif dans le peuple de
droite qui ne s’en est à nouveau pas remis… Marc Sangnier, Charles Maurras ;
une génération de catholiques pratiquants excommuniés pour cause de politique !
La guerre de 39-45 a tendu
un piège dramatique qui a marginalisé un pan essentiel de l’identité politique
de la droite française. Celle-ci fut l’objet d’un amalgame avec le nazisme,
l’antisémitisme, le racisme, l’exclusion sous toutes ses formes qui lui étaient
pourtant totalement étrangers…. Dire que la politique chrétienne a pu être
assimilée aux délires démoniaques d’Hitler ! Et une troisième fois la
droite fut blessée, humiliée, trahie…. Quel gâchis !
Il y eut ensuite, la
tentative de de Gaulle–incomprise par cette droite braquée et condamnée- de
Gaulle, monarchiste refoulé, contraint de renier ce que Pétain avait incarné
tout en essayant de reprendre le flambeau conservateur et sa tradition souverainiste,
fièrement indépendante.
« Il y a bien un grand "Tory" de
l'histoire de France, c'est de Gaulle, monarchiste de regret et qui, sans que
ce soit un paradoxe, enracine enfin la République dans l'ensemble de la population.
Mais le parti qu'il avait créé abandonne pratiquement dès son départ le
conservatisme et se rallie au libéralisme. » (E. Husson - Atlantico).
La mayonnaise n’a pas pris,
l’Algérie et l’Indochine n’ont rien arrangé à l’affaire ; de Gaulle a
échoué dans son entreprise; quelle était sa volonté réelle ? Son degré de
sincérité ? Le fait est que le pan conservateur de sa politique a été
rejeté. Dire que tous nos politiques se revendiquent gaullistes! Le référendum de 1969 fut l’occasion d’une nouvelle trahison …Tentative
définitivement avortée avec le Giscardisme et son tournant libéral et
libertaire, auquel F. Mitterrand a opposé une rupture socialiste bien vite
convertie au libéralisme économique, avec
comme dénominateur commun le libéralisme sociétal au pouvoir depuis 1983
avec sa politique de dissolution de la famille, des mœurs ainsi que de l’identité
culturelle.
Pour autant, avec quelques soubresauts,
ni la droite ni la gauche n’ont assumé leur mue, jusqu’à ce que … Macron arrive,
et avec lui le grand chambardement, la clarification !
Voilà qui est donc fait ! La
France est revenue à l’option libérale qui n’est au fond que la reprise des
idéaux du siècle révolutionnaire, dont Emmanuel Macron est l’héritier. Ces
idéaux auxquels le conservatisme avait pour vocation de s’opposer tout en
renouvelant, car il ne se confond ni avec la réaction, ni avec l’immobilisme.
La question est posée à la
droite de définir l’alternative qu’elle entend opposer à la « social-démocratie»
assumée, de droite et de gauche, ou ni de droite ni de gauche, du Président
Macron.
Que peut recouvrir cette
option conservatrice à laquelle il lui revient de donner un autre visage
que celui par défaut d’une opposition stérile et négative au progressisme?
Véritable troisième voie
entre la révolution et la réaction. Seule troisième voie possible, alors que le
progressisme n’est qu’une version light de la révolution elle aussi en
marche, mais depuis bien longtemps!
Après 2 siècles
d’atermoiements, le moment est-il venu ? Le fruit est-il mûr ?
De quoi peut-il
s’agir ? Quel peut être ce conservatisme à la française ?
Ordre, liberté, paix et
honneur sont considérés comme les piliers du conservatisme. Il est tout sauf la
fuite en avant et le retour en arrière. Recherche du point d’équilibre dans un
monde en perte de repères sociaux, économiques et culturels ; recherche d’une
base nouvelle pour repartir, recommencer…
Pour cela il faut de l’audace
et de l’imagination ; il faut assumer ce que l’on est, et avoir une réflexion
politique ancrée dans les couples dont naitra la modernité : autorité et
pouvoir, liberté et égalité, individu et bien commun, histoire et tradition,
préjugé et raison, religion et morale, propriété et vie en société. Tout est à
imaginer afin que jaillisse la vie dans l’harmonie retrouvée !
La droite est à penser et à prendre !
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