Simone Veil est retournée à
Dieu. C’est l’occasion d’un concert d’hommages et de louanges qu’il semble
inconvenant de troubler ; comme si la mort excluait le jugement et si
la critique était un manque de respect pour la mémoire de la personne disparue…..
Sa mort fait surgir un tabou, à l’image de ces textes qui dorénavant pénalisent
les entraves à ce qui est devenu le droit à l’IVG que notre disparue a fait
reconnaître en 1974…
La célébration de sa mémoire
et de sa personne sont pourtant l’occasion légitime de s’interroger sur les fruits
de son action politique qui se résume principalement à la loi qui porte son nom.
Pour cela il faut relire certaines de ses déclarations.
Simone Veil affirmait en
1974 que sa loi n'était pas « un
droit à l’avortement » ; « Si
elle n’interdit plus, elle ne crée aucun droit à l’avortement». Des propos
qui contredisent la vox populi qui à l’occasion de son décès célèbre la
reconnaissance de ce droit dont elle ne voulait pas la proclamation….
Alors qu’elle déclarait,
toujours à cette époque, que "L'avortement
doit rester l'exception, l'ultime recours pour des situations sans issue",
on constate que l’avortement n’est plus cet ultime recours, pour être devenu le
mode de rattrapage d’une contraception inefficace. Plus récemment, lors de la remise de la Légion
d'Honneur à Christine Boutin, Simone Veil aurait même dit à cette dernière sa désapprobation de
la banalisation de l'avortement…
Elle voulait faire disparaître
les avortements clandestins ; il s’agissait de l’un de ses principaux
motifs ; or leur nombre n’a pas diminué…
Sa loi a donc porté des
fruits qui se sont avérés contraires aux objectifs qu’elle avait proclamés. Simone
Veil aurait-elle menti sur ses objectifs…. Les qualités personnelles qui lui
sont reconnues ne permettant pas d’accréditer cette hypothèse, force est donc
de constater que, de son propre aveu, sa loi fut un échec puisqu’elle n’a pas
atteint ses objectifs …
Dépassée, elle le fut par
toutes celles et ceux qui ont progressivement fait consacrer le droit à l’avortement
sur le plan moral comme juridique, l’ont banalisé, en ont fait un mode de contraception,
pour finir par le faire entériner comme un principe quasi-constitutionnel.
Simone Veil était demeurée
consciente du drame de l’avortement qu’elle avait toujours rappelé. Elle semblait
avoir gardé cette conscience morale qu’il s’agissait d’une atteinte à la vie d’un
innocent ; ce que toutes les campagnes qui ont suivi, permises par sa loi,
ont nié et sont parvenues à gommer chez la quasi-totalité de nos concitoyens.
La loi est devenu un permis de tuer des innocents dans le sein sacré de leur
mère…
Il y a un paradoxe « Simone
Veil »…. Elle a cru que sa conscience morale triompherait alors que la
libéralisation qu’elle provoqua, entraina l’effondrement de la digue de l’interdit,
et rendit possible tout ce qu’elle avait proclamé ne pas vouloir….
De ce deuxième point de vue,
sans aborder la question morale en elle-même, sa loi est encore un échec politique,
tant il est vrai qu’une loi ne vaut que par sa capacité à atteindre les
objectifs qu’elle s’est fixés…..
Il faut s’interroger sur les
raisons de ce paradoxe, à l’aune de la sincérité que l’on semble devoir reconnaître
à cette femme hors du commun. En matière de morale, la loi doit rester conforme
aux principes que l’on veut préserver ; rien ne résiste à la puissance de
la libéralisation….jusqu’au moment où la vie en société devient une jungle au cœur
d’un champ de ruines, ce dont nous ne sommes pas loin…
Le salut de sa mémoire conduit
aussi à rappeler sa présence dans les défilés de la Manif pour tous, que ce
soir sur RTL Ivan Levai ne savait pas expliquer autrement que par sa faiblesse
et sa maladie….. ; mais aussi sa
lucidité et le courage de sa condamnation de la repentance, ce qui venant de la
part de cette rescapée des camps de la mort n’en avait que plus de poids et de
sens.
Tel me semble devoir être le
bilan de l’action politique de Simone Veil, sans tomber dans l’accusation ni la
glorification aussi aveugles et bornées l’une que l’autre, en ces heures de
peine pour sa famille et ses amis ; ces heures qui sont aussi l’occasion de
la prière pour le repos de l’âme de celui ou celle qui est retourné au Père. Car célèbre ou anonyme, puissant ou misérable,
le moment de notre mort est celui du jugement par le Très Haut. Heures
douloureuses que les vivants se doivent d’accompagner en esprit, par la prière
s’ils sont croyants, avec lucidité, conscience et clairvoyance ; à la lumière
des principes fondamentaux que notre sainte Mère l’Eglise s’est appuyée à
rappeler au cœur de ces années marquées par des soi-disant victoires et d’éphémères
conquêtes qui demeurent des violations de la loi naturelle reçue par Moïse sur
le mont Sinaï….
Nul doute que Simone Veil saura
rendre compte de son action avec sincérité et courage sans qu’il revienne à
quiconque ni de la condamner, ni de la sanctifier, mais sans non plus qu’il
nous soit interdit d’examiner son action avec lucidité et charité à la lumière
de la vérité.
Je signe pour que Simone Veil soit inhumée au Panthéon
RépondreSupprimerMerci Madame VEIL.
RépondreSupprimerComment cette loi que vous avez portée avec un immense courage face aux réactions haineuses des parlementaires de l'époque peut-elle encore prêter à discussion et contestation plus de quarante ans après ?
Vous allez reposer au Panthéon au coté de votre mari...je ne peux que m'en réjouir.