Le « ni droite, ni gauche »
du nouveau Président de la République est-il la fin de l’irréductible opposition entre
deux camps contraires, comme laisse à le penser ce souffle idéaliste, utopiste et conformiste en faveur d’un pouvoir faisant la synthèse des courants politiques ? Tous ensemble, retroussons-nous les manches...
Comme Jean MADIRAN l’a
démontré de manière définitive la droite est une création de la gauche en ce sens
que la gauche décide qui est de droite. « La gauche se désigne elle-même et la
droite est désignée par la gauche ». Des illustrations de ce jeu idéologique existent à
foison. Cela est d’autant plus remarquable qu’au préalable, avant la révolution
de 1789, il n’y avait ni droite ni gauche. Mais c’était un temps où le pouvoir
n’était pas à prendre… Vivons-nous la fin de cette opposition, par disparition
effective de la droite et de la gauche? La gauche aurait-elle finalement perdu en ne parvenant
plus à entretenir l’idée d’une droite qui lui soit contraire et dont elle avait
besoin pour exister?
En réalité, le nouveau
président, Monsieur Emmanuel MACRON, n’a pas renoncé à la bipolarisation. Son
credo est le suivant : « le véritable clivage aujourd’hui est entre les
conservateurs passéistes qui proposent aux français de revenir à un ordre
ancien, et les progressistes réformateurs qui croient que le destin français est
d’embrasser la modernité ».
La gauche s’est toujours
présentée comme étant le camp du progrès. La droite a toujours été stigmatisée,
par la gauche, comme étant conservatrice ou réactionnaire…
La nouveauté accouchée par
le « macronisme » réside dans la dissociation entre les questions
dites sociétales et les questions économiques. Le libéralisme économique l’a
emporté. Le progressisme sociétal aussi. Toute l’ambition du « ni droite ni
gauche » progressiste consiste à renvoyer le conservatisme dans le camp
réactionnaire, passéiste, opposé aux libérations sociétales. Ainsi présenté, le nouveau clivage de la démocratie
française n’en est plus un ; d’où l’unanimisme conformiste qui semble vouloir l’animer
et l’emporter dans une France qui s’abstient comme si elle avait perdu ses
illusions et ses convictions.
Jusqu’où, jusqu’à quand allons-nous
être condamnés à ne choisir qu’entre de plus ou moins bons, ou de plus ou moins
mauvais..., gestionnaires de la province française de l’union européenne au sein de
l’empire mondialiste ? Le débat politique va-t-il se réduire au choix d’un taux
d’imposition ou d’une réglementation administrative des licenciements ? Vivons-nous
la fin du politique ? Ce qui reviendrait à valider la thèse selon laquelle le
pouvoir a été transféré hors de France comme le soutiennent les souverainistes…
La nouveauté du pouvoir qui
s’installe réside dans cette réduction du politique à la seule administration
des choses essentiellement économiques; il ne va plus s’agir que de gouverner autrement, éthiquement,
proprement, de manière transparente. Cela ne pourra durer qu’un temps, jusqu’au
moment où la réalité nous réveillera après l’anesthésie macronienne…
Pour devenir une alternative
crédible au modernisme, le conservatisme à la française va devoir identifier
les questions centrales autour desquelles le débat politique sera susceptible
de s’organiser pour répondre aux besoins du peuple. S’agira-t-il:
- de la défense de la nation contre l’Europe et face au mondialisme,
- de la sécurité du territoire,
- de l’opposition à une tentative hégémonique de l’islam,
- de la redéfinition de notre rapport au travail avec l’apparition de la robotisation et des nouvelles technologies,
- de la rénovation de notre rapport avec l’argent compte tenu de la financiarisation de notre économie et du développement des inégalités en termes de richesse,
- de la défense de la vie et de l’intégrité de l’homme dans le cadre d’une famille retrouvée,
- ou encore de la lancinante et préoccupante question écologique ?
Sur chacune de ces questions
le progressisme n’a pas de réponse spécifique si ce n’est
de poursuivre le mouvement en avant qui a été entrepris depuis des décennies
avec un succès contestable… En marche vers le progrès !...
Il va devoir se prononcer, se positionner, se définir à partir d’autre chose
que ce qui constitue son identité propre, à savoir son opposition au conservatisme. Et il revient à l'inverse au
conservatisme d’incarner les réponses à ces questions…
Alors oui, l’ère qui s’ouvre
est nouvelle, elle marque un tournant. Elle est une forme de révolution....Face à la république en marche la
question va être celle de savoir comment on peut et comment on doit, opposer les
exigences d’un peuple en devenir…
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